Si pendant de nombreuses années, les accidents de kwasa ont eu lieu dans le plus grand silence médiatique à l’Hexagone, ce n’est plus le ...
Si pendant de nombreuses années, les accidents de kwasa ont eu lieu dans le plus grand silence médiatique à l’Hexagone, ce n’est plus le cas aujourd’hui. La dépêche de l’Afp annonçant le naufrage du samedi 19 mai a été reprise par une grande partie de la presse française, provoquant ainsi plusieurs réactions. La Ligue des droits de l’homme (Ldh) affirme que “le droit à Mayotte est dérogatoire et qu’on y applique une réglementation qui n’a rien à voir avec la loi commune“ pour expliquer que “les personnes embarquées sur ce kwasa sont celles auxquelles un simple accès au droit a été refusé”. Elle s’en prend au “mur de radars [qui] ne laisse de passages que dans les zones les plus dangereuses où viennent se disloquer les barques sans que rien ne change dans la politique et le droit, loin, si loin de la France“. La Ldh s’est donc adressée au nouveau ministre français des Outremers, Victorin Lurel, “pour qu’il entame une approche, par les droits, de la situation mahoraise“. A Mayotte, le collectifs des Indignés (voir communiqué) a tenu une manifestation vendredi dernier pour exiger la suppression pur et simple du visa Balladur qui oblige les ressortissants comoriens à obtenir un visa pour entrer à Mayotte. Il dénonce l’Etat français qui “commandite depuis 17 ans, avec la complicité de l’Etat comorien, des homicides avec préméditation“. Il faut noter qu’avant l’instauration d’un visa, les Comoriens circulaient librement d’une île à l’autre. Tout ceci se faisait naturellement. Le Nouveau parti anticapitaliste (Npa) exige, pour sa part, au nouveau gouvernement français “l’annulation du décret Balladur, l’arrêt de toutes les expulsions et de tout statut d’exception à Mayotte, la reconnaissance de l’intégrité territoriale des Comores permettant la libre circulation entre toutes les îles”. L’année dernière, quelque 1.200 demandes d’asile ont été enregistrées à Mayotte, soit 41 % de plus qu’en 2010. Un chiffre qui est à mettre en perspective avec les 26.000 reconduites à “la frontière” qui ont été opérées sur la même période. Il ne s’agit pas seulement de Comoriens, chassés des Comores, puisque près de 10% des requérants sont des ressortissants de la République démocratique du Congo, de Madagascar, du Rwanda et du Burundi… Le Haut commissariat aux réfugiés souligne que l’ensemble des contrôles aux frontières, “y compris les départements et territoires français d’Outre-Mer“, et autres mesures doit permettre d’identifier les personnes en quête d’une protection contre la persécution et le conflit et que ces personnes aient accès à la procédure pour évaluer leurs besoins. Des oeuvres culturelles et des films documentaires ont d’ailleurs été produits à ce sujet pour mieux éclairer le public sur ces morts du mur Balladur. “Mayotte, où va la République ?“, de Frédéric Lambolez et Jean-Marie Pernelle, “Un aller simple pour Mayotte“, de Agnès Fouilleux ou encore “La départementalisation de Mayotte“ de Mamaye Idriss et de François Lathuilliere rentrent dans cet ordre. Ce dernier film devait être projeté, samedi dernier, au Cndrs de Moroni pour le public comorien dans le cadre de la promotion du Ciff, le premier festival international du film des Comores, prévu en décembre 2012.
Irchad O. Djoubeire:alwatwan.net
COMMENTAIRES