Le choix du foulard islamique Les filles et les voiles C'était en mars 2004 qu'a été décidé d'interdire le port du voile au se...
Le choix du foulard islamique
Les filles et les voiles
C'était en mars 2004 qu'a été décidé d'interdire le port du voile au sein des établissements scolaires. Voilà ce que dit le code de l'éducation : "Dans les écoles, les collèges et les lycées publics, le port de signes ou tenues par lesquels les élèves manifestent ostensiblement une appartenance religieuse est interdit. Le règlement intérieur rappelle que la mise en œuvre d'une procédure disciplinaire est précédée d'un dialogue avec l'élève."
Récemment c'est au collège de Sada que le scandale est arrivé après l'expulsion de deux élèves portant le voile –sans pour autant avoir dissimulé le visage. Et c'est du côté du lycée de Sada que la rumeur enfle actuellement. Les jeunes filles craintives, peut-être aussi sous le Conseil des adultes font circuler une pétition déjà signée par près de trois cent personnes pour s'opposer à l'interdiction de porter le voile au sein de l'établissement.
Le proviseur Daniel Peyon, balaie d'un revers de main cette rumeur. "Ça fait quatre ans que je suis là, et est-ce que j'interdis aux jeunes filles de s'habiller comme elles veulent ?", argue le proviseur. Une rumeur donc, mais une réelle inquiétude pour ces jeunes filles. Mais au-delà de cette crainte de se voir interdire l'accès au sein de l'établissement si elles ne dévoilent leur crinière, c'est autre chose qui frappe l'esprit quand on observe les lycéennes.
"C'est devenu comme une mode, du jour au lendemain, des jeunes filles qui la veille étaient en pantalon slim et débardeur se sont mises à se voiler et porter des vêtements très amples", raconte une lycéenne qui n'a pas encore succombé à la nouvelle mode.
Et effectivement, en observant, on ne peut que voir le contraste entre ces jeunes filles apprêtées à l'occidental, parfois même un peu trop dénudées, certaines sont en salouva et puis les autres portant boubous et voiles. Elles sont de plus en plus nombreuses.
Et effectivement, en observant, on ne peut que voir le contraste entre ces jeunes filles apprêtées à l'occidental, parfois même un peu trop dénudées, certaines sont en salouva et puis les autres portant boubous et voiles. Elles sont de plus en plus nombreuses.
Une petite rétrospective de dix ans en arrière et on peut dire que ça n'était pas aussi flagrant. Les châles et les foulards étaient sur la tête, fermement attachés mais pas de voile cachant ne serait-ce que les oreilles. Y-a-t-il eu une islamisation de l'île ces dix dernières années? Cela s'est-il accentué avec les djaoulas? Ces hommes et femmes qui ont choisi une autre manière de pratiquer la religion, une manière plus radicale, plus rigoureuse.
Personne ne m’oblige à les porter
En tout cas de plus en plus de jeunes filles choisissent ce chemin à l'exemple de Hadidja*. "Il n'y a pas si longtemps, j'étais habillée comme les autres avec pantalon et petit haut mais j'ai changé. On nous respecte plus habillées comme ça. Vous savez, au lycée de Sada, pour se dire bonjour, les garçons peuvent te dire « ça va ma pute? ». Depuis que je suis habillée comme ça, aucun garçon ne m'aborde", convainc la jeune Tsingonienne.
D'autres jeunes filles, convaincues aussi, ont assisté à ce qu'elles appellent "des conférences" à Tsingoni, et après cela, certaines ont cessé d'écouter de la musique à part du kassuida (chant soufi). Ces conférences religieuses sont axées sur la pratique de l'islam, des conférenciers venus de l'extérieur sont présents et mènent le débat.
Le phénomène des filles portant le voile est plus visible au lycée de Sada qu'au lycée Younoussa Bamana, à Mamoudzou. Mayotte est une île qui se cherche dit-on, chez certains cela provoque des dépressions, chez d'autres, c'est un rejet du mode de vie dit à l'occidental. Et les adolescentes subissent de plein fouet ces changements, tout comme leurs parents.
"Personne ne m'oblige à les porter. C'est un choix", revendique une amie de Hadidja. Si le salouva est bien une tenue traditionnelle, les vêtements que portent ces jeunes sont bel et bien religieux. Le proviseur, Daniel Peyon, à la tête de l'établissement depuis quatre ans, ne souhaite pas interdire aux jeunes filles de se vêtir comme elles le souhaitent. Le proviseur table sur une évolution des mentalités pour un changement.
Peut-être est-ce juste un saut d'humeur ou un phénomène de mode mais il y a une possibilité que ce changement relève d’une conviction profonde. Dans ce cas, on ne peut qu'observer une radicalisation, lente mais sûre, de la pratique religieuse à Mayotte.
D'autres jeunes filles, convaincues aussi, ont assisté à ce qu'elles appellent "des conférences" à Tsingoni, et après cela, certaines ont cessé d'écouter de la musique à part du kassuida (chant soufi). Ces conférences religieuses sont axées sur la pratique de l'islam, des conférenciers venus de l'extérieur sont présents et mènent le débat.
Le phénomène des filles portant le voile est plus visible au lycée de Sada qu'au lycée Younoussa Bamana, à Mamoudzou. Mayotte est une île qui se cherche dit-on, chez certains cela provoque des dépressions, chez d'autres, c'est un rejet du mode de vie dit à l'occidental. Et les adolescentes subissent de plein fouet ces changements, tout comme leurs parents.
"Personne ne m'oblige à les porter. C'est un choix", revendique une amie de Hadidja. Si le salouva est bien une tenue traditionnelle, les vêtements que portent ces jeunes sont bel et bien religieux. Le proviseur, Daniel Peyon, à la tête de l'établissement depuis quatre ans, ne souhaite pas interdire aux jeunes filles de se vêtir comme elles le souhaitent. Le proviseur table sur une évolution des mentalités pour un changement.
Peut-être est-ce juste un saut d'humeur ou un phénomène de mode mais il y a une possibilité que ce changement relève d’une conviction profonde. Dans ce cas, on ne peut qu'observer une radicalisation, lente mais sûre, de la pratique religieuse à Mayotte.
*Prénom d’emprunt
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