Cartographie des conflits pétroliers en Afrique Madagascar, le Mozambique ou l’Ouganda évoqués cette semaine dans une conférence interna...
Cartographie des conflits pétroliers en Afrique |
Madagascar, le Mozambique ou l’Ouganda évoqués cette semaine dans une conférence internationale sur le pétrole. Impensable il y a peu. Et pourtant, ces pays figurent sur la nouvelle carte pétrolière du monde.
Découverte dans le canal du Mozambique
«Il y a dix ans, au sujet de l’Afrique, on me disait qu’à l’ouest du Nigeria il n’y avait pas de pétrole, et à l’Est de l’Angola, rien non plus», raconte un éminent expert pétrolier. Autrement dit si l’on se penche sur une carte du continent, pas d’or noir dans sa moitié orientale. A l’exception de l’Égypte (736000 barils par jour en 2011 selon l’annuaire statistique de BP), rattachée à l’Afrique du nord.
Les prix élevés du baril d’or noir ces dernières années et l’amélioration des techniques d’exploration permettent la découverte et l’exploitation de réserves dans des régions qui ne figuraient pas sur la carte pétrolière mondiale. La plus grosse découverte d’hydrocarbures de l’année 2011? Au Brésil? Dans l’Arctique russe? En Australie? Non, souligne un consultant pétrolier: dans le canal du Mozambique, ce bras de l’océan Indien qui sépare Madagascar du continent africain.
L’Afrique de l’Est devient une nouvelle frontière de l’or noir. La région a été évoquée ce jeudi lors de l’International Oil Summit (1). Dans cette vaste région, le Soudan a fait figure de pionnier, avec les premiers barils produits à la fin des années 1990 (486000 barils/jour en 2011). Plus au sud, les découvertes se sont succédées ces toutes dernières années. A commencer par l’Ouganda qui recèle un milliard de barils de réserve. Total et le Chinois Sinopec ont rejoint Tullow pour développer les champs ougandais en partageant l’investissement, les risques et un jour, les bénéfices. En pointe dans l’exploration de la région: la société indépendante Tullow fondée il y a vingt-cinq ans par un Irlandais. Tullow a annoncé une importante découverte cette année au Kenya, à l’intérieur des terres, rappelait jeudi son enthousiaste vice-président Tim O’Hanlon, irlandais lui aussi. Les gisements prometteurs s’étendent jusqu’en Éthiopie. Plus au sud encore, le Mozambique détient d’importantes réserves de gaz.
Forage dans le sous-sol malgache
La conférence Oil Summit jeudi comptait un invité inattendu: le ministre de l’Énergie de Madagascar, Bernard Marcel. La crise politique qui paralyse la Grande île depuis 2009, l’un des dix pays les plus pauvres de la planète, a fait fuir des compagnies comme Exxon, a admis le ministre. Mais Total, Shell et deux compagnies indépendantes explorent le sous-sol malgache. Il existe 18 projets onshore (sur terre) et 8 offshore (en mer), a précisé Bernard Marcel, annonçant un premier puits exploratoire en septembre.
La demande mondiale de pétrole, tirée par les pays émergents, devrait continuer à croître. La fourchette la plus basse des scénarios économiques de l’AIE et de l’Opep prévoient une consommation de 90 millions de barils par jour en 2035, autant qu’en 2012 ; la fourchette haute 120 millions de barils. Mais afin de compenser le seul déclin des champs en exploitation, de 5 % par an, a rappelé le PDG de Total Christophe de Margerie, il faudra produire en 2020, 40 millions de barils quotidiens supplémentaires - quatre Arabie saoudite! Pour l’industrie pétrolière, l’exploration des nouvelles frontières, dès lors que les conditions économiques et politiques permettent une exploitation rentable, est une question vitale.
(1) Organisé à Paris par IFP Énergies nouvelles et Pétrostratégies.
Source : bourse.lefigaro.fr
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