Liberté de la presse aux Comores
La liberté de la presse aux Comores : Un fossé entre les discours et la pratique
A l'heure des nouvelles technologies de l'information, « pour des raisons d'état », le Secrétaire Général du Ministère de l'information, journaliste d'origine, ordonne le retrait immédiat des kiosques du dernier numéro d'Al Watwan Magazine (le numéro 14 du mois d'avril 2012). Dans cette lancée, le Ministre de l'Information, lui-même ancien journaliste, suspend le Directeur Général d'Al Watwan. Consternation générale de tous les défenseurs des droits de l'homme. Reporters sans frontières, cette organisation internationale de défense de la liberté de la presse déclare que « Cette mesure traduit, chez le ministre de l'Intérieur, une perception archaïque et manichéenne du secteur de l'information, avec d'un côté une presse publique aux ordres, et de l'autre une presse privée où peuvent s'exprimer les opinions. Hamada Abdallah devrait pourtant savoir que la presse publique n'est pas au service de l'Etat, mais du public. Or, les informations contenues dans le dossier incriminé sont d'intérêt général".
Dès l'annonce du retrait du journal, la version électronique du magazine a fait le tour du monde par e-mail et Facebook interposés. Les articles du mensuel sont relayés par les sites et blogs qui parlent des Comores. Comment peut-on procéder à des procédés archaïques pour bâillonner la liberté d'expression ? Le Ministre de l'intérieur, un fils de l'ancien régime mercenarial d'Ahmed Abdallah, a peut être la nostalgie des mauvaises habitudes de cette dictature marquée par l'existence d'un parti unique, d'une seule radio publique et d'un mensuel Gouvernemental qui relayaient tous la voix du maitre de l'epoque.
La mesure de retrait d'Al Watwan Magazine est ridicule et ternit l'image du pays. Les Comores n'ont pas besoin de cette mauvaise publicité en cette période de crise et de vie chère. Al Watwan Magazine n'a fait que relater le désordre, gabegie et l'indécence qui règnent dans les finances publiques comoriennes : un circuit financier vicié, des lois de règlements inexistants, des dotations de carburants abusifs et détournés de leur but.
Le Président de l'Union des Comores, animé de la farouche volonté de lutter contre la corruption et les malversations financières qui gangrènent le pays, doit désavouer son Ministre de l'intérieur qui sape sa mission de moralisation de la vie publique et confirmer par conséquent dans ses fonctions le Directeur Général d'Al Watwan. Sinon personne, ne tiendra rigueur de sa volonté de lutter efficacement contre la corruption.
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