Le violoniste Pascal La Rosa travaille avec trois bambins attentifs. MIGUE MARIOTTI. Dans le cadre du Festival d'Aix, le London Symphony...
Dans le cadre du Festival d'Aix, le London Symphony Orchestra crée une pièce autour de berceuses comoriennes avec des mères et leurs enfants. Reportage en cours de création.
Sanglée dans sa poussette, l'enfant dort à poings fermés. A quelques mètres d'elle, sa mère tapote d'une mailloche alerte un immense xylophone. Mercredi après-midi, le grand studio de Klap-Maison pour la danse, où loge la compagnie Kelemenis, accueille un projet en création porté par le Festival d'art lyrique d'Aix-en-Provence. Derrières les marimbas, cinq autres « mamans », six enfants un peu plus grands et, à côté d'eux, des musiciens du London Symphony Orchestra (LSO) et de l'Orchestre des jeunes de la Méditerranée (OJM). Leur faisant face, Mark Withers, le directeur musical.
Les xylophones tintent comme une pluie. Sous l'ondée, une voix s'élève, fragile. Saoudat Mohamed Mze entonne Ruwa ililo, une des Boras les plus célèbres de l'archipel des Comores. « Dans ce chant, une mère rassure son enfant sur son avenir alors que son père est emprisonné, explique-t-elle. Cette Boras fait référence à un événement important de l'histoire du pays. A la fin des années 1970, Ali Soihili venait de faire un coup d'Etat et ses milices embarquaient tous les fonctionnaires. »
Les xylophones tintent comme une pluie. Sous l'ondée, une voix s'élève, fragile. Saoudat Mohamed Mze entonne Ruwa ililo, une des Boras les plus célèbres de l'archipel des Comores. « Dans ce chant, une mère rassure son enfant sur son avenir alors que son père est emprisonné, explique-t-elle. Cette Boras fait référence à un événement important de l'histoire du pays. A la fin des années 1970, Ali Soihili venait de faire un coup d'Etat et ses milices embarquaient tous les fonctionnaires. »
Le blues des mères
Boras est le terme générique qui désigne un corpus de chants traditionnels portés par les mères comoriennes. A la fois berceuses et blues, objets de transmission de l'histoire locale ou de la condition féminine, elles rythment le quotidien des villages. « Depuis plusieurs années, au sein de la Sound Musical School, nous travaillons à un projet de réinterprétation de ces berceuses, explique Moina Fatima Ahmed, présidente de l'association savinoise. Au départ, Soly Mbae [le fondateur de l'association, ndlr] est allé dans les villages collecter ces chants auprès des mères et grands-mères. L'idée est de réaliser un disque dans lequel des mamans d'origine comorienne nées en France réinterpréteraient ces chants pour rétablir une transmission interrompue. »
En aparté à ce projet discographique, la responsable du service éducatif du festival, Emmanuelle Taurines, a proposé à ce groupe de femmes de travailler avec les gens du LSO. « L'idée est de réunir des musiciens du service éducatif du LSO, des jeunes instrumentistes de l'OJM qui jouent les intermédiaires et s'essaient à la pédagogie, les mamans, leurs enfants et de grands adolescents pour qui c'est le deuxième projet », explique-t-elle. Entre moments de danse chorégraphiés par Thierry Thieû Niang, berceuses en duo mère-enfant ou « orchestrées », chacun a trouvé sa place.
« Very nice ! »
D'abord un peu réticentes, les mères ont vite été conquises. « Au départ, je n'ai rien forcé, raconte Fatima. Elles sont venues une journée à Aix, pour voir. Et Mark Withers a fait le reste. »
Effectivement, sur le plateau, une forme de magie opère. Réunis en petits groupes avec deux musiciens, les enfants et leurs mères improvisent un rythme simple. Saoudat travaille son chant avec Marilou au piano. Des gradins on ne perçoit qu'une rumeur confuse. Mark Withers passe d'un groupe à l'autre. Après deux, trois ajustements, le directeur musical fait s'enchaîner chaque thème et les notes dispersées s'harmonisent. « It's very nice. Bravo ! », applaudit le directeur musical.
Rompu à ce type d'expérience, le musicien n'a pas peur de créer en un temps si court. « Le temps est une limite parmi d'autres comme le manque d'expérience ou la jeunesse. Ce type de projet est passionnant pour nous. Il permet de rencontrer des personnes très différentes qui vivent avec nous un changement absolu de leur vie quotidienne. » Cet instant précieux et décalé qui fait art.
Benoît Gilles
« Boras » à Klap, vendredi 11 mai à 19h30 - 5, av. Rostand (3e), 04.96.11.11.20, kelemenis.fr
Dimanche 13 mai à 11h30 au Grand Théâtre de Provence, 380, av. Max-Juvénal, Aix,04.42.91.69.69, legrandtheatre.ne
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