A la veille du « clasico » entre le FC Barcelone et le Real Madrid, nous publions une chronique du journaliste et écrivain Hunter Davies su...
A la veille du « clasico » entre le FC Barcelone et le Real Madrid, nous publions une chronique du journaliste et écrivainHunter Davies sur les stars des deux équipes. Ecrite pour le magazine anglais The New Statesman, elle est traduite ici avec l'accord de l'auteur et de la publication.
Lionel Messi et Cristiano Ronaldo lors du match Barça-Real Madrid, en novembre 2010. (Reuters/Albert Gea)
Ce n'est pas le moment de se flageller parce que nos deux meilleurs clubs se sont fait balader en Europe par des clubs moyens et parce qu'une équipe dont nous n'avions jamais entendu parler, l'Apoel Nicosie, dont la masse salariale ne suffirait pas à financer lesimplants capillaires de Wayne Rooney, est allée plus loin en Ligue des champions que les deux géants de Manchester.
Non. C'est le moment de profiter. Car nous avons, parmi nous, deux des meilleurs joueurs de foot que le monde ait jamais vu. Enfin, pas ici, mais là-bas. Pourquoi viendraient-ils ici, en Angleterre ? Soyons sérieux. L'un, après son quintuplé contre le Bayer Leverkusen, est considéré comme le meilleur joueur de l'histoire. L'autre joue brillamment avec son club, le Real Madrid.
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Ce qui est bizarre, c'est que seul l'un des deux est vraiment aimé et admiré. Les fans de foot du monde entier sont tous amoureux transis de Lionel Messi tandis que les mêmes fans de foot, tous experts et dotés du sens de la formule, disent « Quel branleur » lorsqu'il est question de Cristiano Ronaldo. Pourquoi ?
Ronaldo, un connard bling-bling
Ce que le monde reproche à Ronaldo, c'est son côté connard bling-bling. Ce qu'il est. Sur le terrain et en dehors. Il y a un an, je me suis rendu dans la boutique de mode qu'il possède dans sa ville natale, à Funchal, sur l'île de Madère : j'ai dû mettre mes lunettes de soleil tellement ça brillait de partout. Laboutique s'appelle CR7 – ses initiales et son numéro – et le sol est jonché de tapis épais.
La première fois qu'il a joué à Old Trafford, on a tout de suite vu qu'il se prenait pour une icône de la mode, avec sa petite queue de rat stupide. Son style de jeu était tout aussi flashy, avec ses passements de jambe débiles.
Lorsqu'il était dominé ou lorsqu'une décision arbitrale lui était défavorable, il se tenait debout en agitant les bras, accusant la terre entière. Heureusement, il a mûri.
Un athlète puissant et rapide
Le mignon petit Lionel ne fait rien de tout cela. Il ne semble pas avoir changé de coupe de cheveux depuis son adolescence et on ne lui connaît pas de virée en boîte ou de coup d'un soir.
Sur le terrain, c'est un exemple de modestie et d'humilité. Messi, c'est le retour aux valeurs originelles du sport (les Corinthian values, disent les Anglais) dont le football était porteur auparavant, du moins veut-on le croire, et qu'incarnaient Stanley Matthews, Bobby Moore ou Pelé. On ne le voit jamais insulter l'arbitre ou se tordre de douleur sur la pelouse. Il n'est pas égocentrique.
Mais si Ronaldo joue comme ça, c'est parce qu'il est grand, que c'est un athlète merveilleusement bâti, puissant et rapide, un étalon doté d'une incroyable accélération.
Dès qu'il jaillit, il y a des chances qu'il se fasse balancer. C'est le seul moyen de l'arrêter. D'où toutes ces fautes qu'il subit et ces semblants de plongeon.
Dix minutes à la gloire de Cristiano Ronaldo
Messi tombe de moins haut que Ronaldo
Messi, chacun le sait, est un gringalet qu'on a dû gaver pour qu'il ne tombe pas par terre au premier coup de vent. On l'aime parce qu'il est petit, riquiqui, et qu'il défie les grosses brutes, donnant ainsi un peu d'espoir à tous les gringalets du monde.
Il joue comme une anguille, se glisse et se faufile, il est insaisissable, il est ailleurs, c'est un feu follet qui n'est, ainsi, que rarement coincé. Et quand on le découpe, il tombe de bien moins haut que Ronaldo.
Messi joue pour l'équipe, Ronaldo pour lui, c'est le cliché habituel. Et pourtant, en jouant pour lui, Ronaldo fait si souvent gagner son équipe ; à la manière de Maradona, tout en force et en agressivité, il emballe le match et va le chercher.
Le Barça joue pour Messi, Ronaldo est bon partout
L'une des faiblesses de Messi, c'est qu'il a rarement été bon avec l'Argentine, ce qui est déroutant puisqu'il est si génial. Peut-être parce que le Barça est une équipe construite autour de lui. Il joue là-bas depuis son enfance, ils savent comment jouer pour lui.
Ronaldo a été bon avec trois équipes différentes : le Sporting Portugal, Manchester United et aujourd'hui le Real Madrid. Dans trois pays différents, il a montré à quel point il était bon. Pour faire ça, il faut une certaine arrogance.
Messi est l'homme d'un club, discret, choyé et protégé. Pourrait-il être génial ailleurs ? Allez Lionel. Viens à Tottenham. Viens nous montrer si t'es vraiment bon...
Traduction : Clément Guillou
(Eco89)
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