L'homme d'affaires franco-libanais, Bashar Kiwan, serait-il effectivement en mauvaise posture aux Comores? Annoncé "grand inve...
L'homme d'affaires franco-libanais, Bashar Kiwan, serait-il effectivement en mauvaise posture aux Comores? Annoncé "grand investisseur", le patron de Comoro gulf holding (Cgh) semble laisser son navire prendre l'eau et ses innombrables produits périr. Le groupe avait tenté de s'imposer dans la téléphonie, les travaux publics, le tourisme, la communication, bref sur tous les marchés.
Les bons rapports entretenus avec l'ancien président Sambi avaient permis à Bashar Kiwan de se placer en première ligne dans l'affaire de la citoyenneté économique et se serait même servi, vraisemblablement, de ces fonds pour ses placements. Aujourd'hui, l'empire de Bashar Kiwan semble en passe de s'effondrer et ce sont ses outils de communication qui en sont les premières victimes. Albalad et les autres supports de Cgh connaissent des difficultés
sans précédent alors que l'opérateur téléphonique n'est pas entré en service.
A Moroni, le journal et la radio Albalad ont perdu, le 1er mars dernier, leur tête et leurs plumes suite à un ensemble de licenciements pour des "raisons économiques". Vingt-huit salariés ont été remerciés parmi lesquels le directeur de publication du journal, le directeur de la radio et le chef du service arabe qui avaient tous contribué à l'ouverture du canard en 2008 (lire à ce propos notre livraison du 22 février dernier).
Trois semaines après, ils n'ont encore pas été remplacés alors que les diffusions continuent toujours dans des organes – journal et la radio – sans indiquer leurs responsables légaux. "Nous avons des journalistes qui font le travail. Les licenciements avaient un motif économique et si nous avions procédé à des remplacements, ce motif ne se justifierait plus… du moins, juridiquement", tente d'expliquer le directeur des ressources humaines à Albalad Moroni, Mohamed Hamidou.
Le problème c'est que cela constitue une violation du code comorien de l'information qui, dans ses articles 13 et 34, exige un responsable pour toute publication et tout organe de communication audiovisuelle. "Ca ne peut pas durer! Cette semaine, nous avions même discuté de cette question au niveau du ministère et nous allons devoir les rappeler à l'ordre", prévient Mohamed Boudouri, directeur général de l'information.
"Il y a certes une loi, mais elle ne peut pas tout prévoir. Nous traversons une transition exceptionnelle. C'est à la haute direction de décider la nomination d'un responsable", rétorque le directeur des ressources humaines du canard de Bashar Kiwan. Mohamed Hamidou soutient, par ailleurs, qu'il y a "de nombreuses dispositions du code qui ne sont ni respectées ni appliqués", avant d'affirmer : "c'est à la justice de nous saisir et non aux confrères de nous interpeller". Dans l'île hippocampe, la situation est encore plus difficile.
Les salariés d'Albalad à Mayotte étaient entrés en grève depuis le 13 mars. C'est le non versement des salaires de janvier et février qui a mis le feu aux poudres. Mais là ne semble pas être la seule raison du conflit. Bashar Kiwan n'a plus désigné de capitaine pour son navire, qui navigue dans le lagon de l'île occupée, après un défilé de directeurs, exactement comme à Moroni.
Seul quotidien à Mayotte, Albalad est né dans l'île en juillet 2010, deux ans et demi après le début de la version distribuée gratuitement à Moroni, d'abord en version hebdomadaire, puis quotidienne. Suite à la fronde de la semaine dernière, une vingtaine de licenciements ont été alors décidés. Il ne resterait alors que quelques personnes et plusieurs sources parlent d'une "fermeture prochaine d'Albalad Mayotte".
Sur son site internet, les derniers papiers remontent au… 8 mars. Dans le même temps, malgré les difficultés rencontrées autant à Ngazidja qu'à Maore, le groupe Cgh est décidé à lancer la version anjouanaise d'Albalad. Des rendez-vous ont même déjà été pris avec des journalistes sur place pour participer à la nouvelle aventure...
Alors qu'à Moroni beaucoup ont eu à croire que Bashar Kiwan voulait s'installer à Mayotte, les derniers rebondissements laissent penser que c'est le début de la fin de sa balade et ses Albalad aux Comores! Reste l'hôtel qui est encore opérationnel malgré une série de licenciements (quatre vingt en tout), il y a quelques mois.
Irchad O. Djoubeire : alwatwan