La CPI ou la gouvernance mondiale en marche…

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La CPI, ou Cour Pénale pour Indigènes... De façon symbolique et prévisible, le premier verdict rendu par la Cour Pénale Internationale, l...


CPI.jpgLa CPI, ou Cour Pénale pour Indigènes...
De façon symbolique et prévisible, le premier verdict rendu par la Cour Pénale Internationale, le mercredi 14 mars 2012, a visé un ressortissant africain, Thomas Lubanga Dyilo. Ce dernier a vu sa culpabilité reconnue«pour crimes de guerre consistant à avoir procédé à la conscription et à l’enrôlement d’enfants de moins de 15 ans et à les avoir fait participer activement à des hostilités du 1er septembre 2002 au 13 août 2003».
D’aucun se féliciteront de cette avancée décisive vers un monde plus juste, plus sûr et certainement plus humain. Il serait plus exact d’y voir une avancée décisive et attendue de la mise en place d’une justice a-universaliste, expression de l’instrumentalisation de la protection des droits humains, par les têtes de pont d’un mondialisme se déclinant selon l’acception franc-maçonne.
Que l’on use des mots de gouvernance mondiale ou de Nouvel Ordre Mondial pour décrire le lent processus visant à imposer le mondialisme prosélyte de l’élite occidentale, on ne pourra pas échapper à ce constat : le cadre d’un ordre global se pose de manière plus qu’évidente avec la première condamnation prononcée par la cour de la Haye.  Un avertissement se formalise également. Après l’incarcération partisane de Laurent Gbagbo, cette décision est la matérialisation d’une menace planant sur les dirigeants africains. Ceux qui ne suivent pas les préconisations ou oukases des maitres occidentaux iront fissa grossir les rangs des bagnards hollandais.
Les satisfécits de l’inutile chef de la diplomatie européenne, La baronne Catherine Ashton of Upholland «Le verdict aujourd'hui de la Cour pénale internationale (...) représente une étape décisive pour la justice criminelle internationale», d’une administration américaine hypocrite et malfaisante, pataugeant dans le sang de civils irakiens et afghans, pour qui cette condamnation est «un moment historique», marquent la reconnaissance par les élites occidentales du timing excellent de leur projet globalisant.


Le mondialisme pour horizon…


Parler de l’imposition d’une gouvernance mondiale est s’exposer aux quolibets des tenants de la pensée unique, contradicteurs et détracteurs de ceux que l’on nomme complotistes. Il y a cependant une différence entre mettre à jour le sens caché des décisions et réalisations de ceux qui décident de la marche du monde, et énoncer péremptoirement qu’un complot formé au sein des élites vise à asservir l’humanité. D’ailleurs, parler ici d’un complot, projet secrètement concerté à plusieurs contre des personnes et des institutions, entre puissances occidentales serait user d’un raccourci inepte et non-éclairant. A l’opposé évoquer une convergence de vues, quant à la mise en place d’un mondialisme bénéficiant à certains groupes évidemment occidentaux et pro-occidentaux, est faire preuve de lucidité.
Fastidieux serait le recensement des faits matériels, évidents et vérifiés, établissant cette convergence de vue. Au-delà de manifestations visibles et de ses structures ayant pignon sur rue (Bilderberg, CFR aux Etats-Unis, le Siècle en France etc…), cette alliance objective se lit dans l'organisation des structures internationales et leurs politiques, telles que perceptibles par le commun. ONU, Banque Mondiale, FMI, UNESCO et aujourd’hui CPI ne tendent qu’à la mise en place d’un monde unifié. Pour des raisons géostratégiques intelligibles par tous, des forces s’opposent à cet agenda. La Chine, la Russie et leurs alliés des BRICS adoptant une autre lecture, rejettent l’unipolarité induite par ce dessein et plaident pour une multipolarité, source naturelle d’équilibre.
Cette analyse ne souffre que peu la contestation, mais toujours est-il qu’en la dénaturant, en ne rebondissant que sur certains termes et en les positionnant tel l’arbre cachant la forêt, on s’empressera d’escamoter l’essentiel. Il existe indéniablement une volonté des élites américaines et européo-atlantistes de mettre en place une gouvernance unique, quelle que soit sa forme par ailleurs, imposant aux hommes vivant sur cette planète la globalisation, expression de la conception maçonnique du gouvernement de l’humanité.


Une cour illégitime, négation de la souveraineté étatique…


La CPI, mise en place par le statut de Rome signé le 17 juillet 1998 et officiellement créée le 1erjuillet 2002, s’inscrit sans équivoque dans cette dynamique. Comptant aujourd’hui 120 Etats-membres, elle manque totalement de crédibilité. Les Etats-Unis, qui paradoxalement aiment à s’en servir comme épouvantail, afin de terroriser les dirigeants (notamment des pays africains) résistant à leur imperium, n’ont toujours pas ratifié ses statuts. On s’explique aisément pourquoi! Nombre de ses dirigeants, anciens ou actuels ne dépareraient pas dans le box des accusés de la Cour de la Haye.
Cette farce internationale n’a de fait aucune légitimité, à part celle que chacun voudra bien lui reconnaître. Son acceptation populaire repose sur le recours obscène à une sensiblerie de roman de gare, à des justifications pseudo-humanistes ne résistant pas à l’examen de l’histoire des politiques internationales (passées, présentes et sans aucun doute futures) de ses promoteurs occidentaux. Le fait qu’elle soit autorisée à rendre des verdicts contraignant en matière criminelle est un élément décisif participant à l’érosion, et par conséquent à la déconstruction du principe de souveraineté des Etats.


Une abdication intolérable…


La compétence de juger est un pouvoir régalien par essence. Admettre qu’une autorité extérieure puisse statuer sur le sort de ses propres ressortissants, en raison d’infractions commises sur le sol national, est l’acceptation volontaire d’un abandon de souveraineté. Plus encore, elle est l’acceptation de la conception d’une autorité (judiciaire en l’occurrence) mondiale, pas supplémentaire vers la gouvernance du même nom. On comprend que les commentateurs aux ordres et chantres de l’idéal du mondialisme maçonnique, célèbrent sans coup férir la moindre décision de cet organe nocif, pernicieux et attentatoire aux droits des Etats les plus faibles. Il n’y a pas plus de justice dans le monde grâce à l’action de la CPI  qu’il n’y en a dans les visées internationales impérialistes américaines et européennes. La CPI n’est une avancée que si l’on considère la gouvernance mondiale comme un objectif à atteindre.
Les chefs d’Etats africains, a-nationalistes, anti-panafricains par définition, ayant signé les statuts de cet organe de domination, sont au mieux des benêts, au pire des traîtres. Une Afrique déjà soumise n’avait nulle besoin de s’entraver volontairement les mains! Y a-t-il des conseillers en géostratégie dignes de ce nom dans les équipes gouvernementales del’Afrique du Sud, Bénin, Botswana, Burkina Faso, Burundi, Cap-Vert, République du Congo, République démocratique du Congo, Comores, Djibouti, Gabon, Gambie, Ghana, Guinée, Kenya, Lesotho, Libéria, Madagascar, Malawi, Mali, Maurice, Namibie, Niger, Nigeria, Ouganda, République centrafricaine, Sénégal, Seychelles, Sierra Leone, Tanzanie, Tchad, Tunisie, Zambie, autant de pays en liberté surveillée, ayant pourtant accepté de ratifier le statut de cette excroissance judiciaire nauséabonde, expression non pas d’un humanisme universel triomphant mais de la volonté hégémonique d’une minorité occidentale ?


Un droit à l’information…


Nous ne croyons pas, ne voulons pas, nous vomissons l’uniformisation planétaire sur une base occidentale et maçonnique. Nous ne croyons pas dans une justice internationale qui n’a de justice que la forme, mais qui n’est que la matérialisation de la mise au pas des plus faibles et des plus récalcitrants. Il est désolant de noter que pour bon nombre de décideurs africains, la cause est entendue :l’Afrique et les africains doivent s’aplatir et obtempérer sans réfléchir face aux admonestations du maître occidental.
Il est pourtant du devoir des responsables politiques continentaux d’éclairer leurs populations sur implications de cet abandon de souveraineté. Les populations africaines ont le droit d’être informées des conséquences que représente le fait d’accepter librement la férule judiciaire de la CPI, à plus forte raison dans un contexte de globalisation occidentale et maçonnique. Les peuples africains doivent accepter ou refuser, librement et en conscience, de s’y fondre.
Laissons de côté la rhétorique infantilisante des ONG et autres mouvements faussement humanistes (incarnation de la bonne conscience occidentale et plaie de l’Afrique), prônant la lutte contre l’impunité de dirigeants sanguinaires (et bien sûr nègres), agitant la protection des droits de l’homme, explications mises en avant pour perpétuer la domination occidentale. Concentrons-nous sur ‘essentiel…


Se réapproprier les rênes de nos destinées…


L’histoire des peuples s’inscrit sur un temps long. La volonté de solder les comptes historiques dans l’immédiateté est un contresens. Le dévoiement des idées de justice et de réconciliation nationale, ne doivent pas amener les africains à brader leur souveraineté, leur honneur, l’écriture de leur propre histoire au motif du rendu de la justice.
Les juges de la Haye n’ont aucune légitimité, aucune, pour dire le droit au sujet d’infractions ayant été commises dans des pays africains. Incidemment, ils n’ont aucune légitimité, aucune, pour prendre part à l’édification de la narration historique des peuples africains, en statuant sur les responsabilités de tel ou tel responsable politique ou chef de guerre. Accepter cela, équivaut à abandonner le peu de responsabilités étatiques que les Etats africains réussissent tant bien que mal à conserver.  Accepter cela revient à déléguer à d’autres la rédaction de son propre récit historique. 
Déléguer en cette matière exprime la résignation des élites africaines, là où il faudrait pourtant combattre ! Il n’est pas ici question de plaider pour une impunité généralisée, loin de là. Il est au contraire souhaitable de renforcer la coopération continentale, au moyen de traités organisant l’entraide judiciaire. Ainsi il serait permis aux victimes africaines d’exercer droit de suite et poursuites judiciaires à l’encontre de ceux ayant planifiés, couverts et participés à des crimes de masses, et ce, à l’échelle nationale et continentale, au lieu que de transférer cette obligation à des organes internationaux partisans, garant d’un mondialisme de mauvais aloi.


Comprenne qui pourra…


Le besoin justice, la volonté de concorde nationale ne doivent pas entraîner abandon de souveraineté et inféodation. Que les Etats-Unis n’éprouvent pas le besoin de juger des criminels comme Georges Bush, Richard Cheney et Donald Rumsfeld ne nous importe guère. Que les peuples irakiens et afghans ne puissent traîner ces assassins devant leurs juridiction nous désole. Cependant, ce ne sont pas là justifications suffisantes pour entériner un délitement des prérogatives des Etats,  l’abdication de la fierté et l’abandon de la rédaction des récits historiques, politiques et juridiques des peuples africains.
Dénoncer les statuts de la CPI est une décision non seulement nécessaire mais impérative pour les pays d’Afrique. On ne peut prôner l’autonomie continentale tout en tissant de son propre chef les filets dans lesquels celle-ci se retrouvera inévitablement enserrée. La condamnation de Thomas Lubanga Dyilo, le procès à venir de Laurent Gbagbo sont autant de faits empiriques de nature à faire germer une réflexion poussée quant à la nécessité de renforcer la coopération judiciaire entre Etats africains et une refonte des conventions d’extradition, voire de compétence juridictionnelle en matière de criminalité de masse. La sortie du cadre juridique de la CPI n’est plus à penser,  elle s’impose intellectuellement et politiquement. Seuls les dirigeants africains n’ont pas saisi cela. Comprenne qui pourra…
Ahouansou Séyivé
Source : mediapart

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