SAINT-DENIS DE LA REUNION. Le quartier du Chaudron s'était embrasé mardi et mercredi. Ce fut à nouveau le cas jeu...
SAINT-DENIS DE LA REUNION. Le quartier du Chaudron s'était embrasé mardi et mercredi. Ce fut à nouveau le cas jeudi. | CAPTURE D'ECRAN/I>TELE |
Après deux nuits d'émeutes sur fond de crise sociale liée au coût de la vie, des heurts ont à nouveau éclaté jeudi soir dans une dizaine de villes de La Réunion. Quelques voitures et poubelles ont été incendiés, selon un point fait par le directeur de cabinet du préfet Benoît Huber, à 0h30 locales (21h30 à Paris).
La baisse d'intensité des violences, malgré l'extension des troubles dans l'île, pourrait s'expliquer par les condamnations prononcées jeudi par le tribunal de Saint-Denis à l'encontre des casseurs arrêtés les jours précédents, selon la préfecture. Quatre jeunes ont écopé des peines allant de 6 mois à 2 ans ferme.
A Saint-Denis, dans le quartier du Chaudron, des barrages, constitués de pierres et de poubelles auxquels les manifestants ont mis le feu, avaient été installés par des bandes de jeunes dans plusieurs rues plongées dans le noir, alors que l'éclairage public est en réparation. Des cocktails molotov ont été lancés sur les forces de l'ordre, selon le site d'information réunionnais zinfos974.com. Néanmoins, au Chadron, les violences ont été «moins virulentes» que les deux précédentes nuits, selon la préfecture. Mais des violences ont eu lieu dans d'autres quartiers. Un escadron de gendarmes mobiles venu en renfort de métropole est arrivé dans la matinée dans l'île. A Sainte-Marie, commune voisine de Saint-Denis, une voiture a été incendiée.
A Saint-Louis, dans le sud de l'île, des incidents se sont produits dans le centre-ville, en face de la mairie où les forces de l'ordre ont dû intervenir à plusieurs reprises pour dégager la route et disperser une cinquantaine de manifestants dont la plupart étaient des mineurs à peine âgés de 15-16 ans. La police a procédé à 26 interpellations. Le même scénario s'est produit dans les communes voisines de l'Etang-Salé et de Saint-Pierre, où quelques voitures ont été incendiées et des poubelles enflammées mises en travers de la chaussée, par des jeunes, nécessitant l'intervention des pompiers.
Vidéo zinfos974.com. Les policiers dispersent les émeutiers à Saint-Louis
A Saint-André, à l'est, les affrontements ont opposé des petits groupes de jeunes aux policiers à proximité d'une grande surface, dans le centre-ville. Une voiture a été incendiée. Des centaines de curieux étaient massés sur les trottoirs pour assister aux incidents. Des pierres étaient lancées contre les policiers qui ripostaient à coups de grenades lacrymogènes et de gomme-cogne.
A Saint-Benoît, un gendarme a été atteint au visage par un coktail molotov et blessé assez sérieusement.
Au Chaudron, le centre d'action sociale qui abrite les activités sportives et un centre informatique a été la proie des flammes. «Ce n'est pas possible que des jeunes du quartier aient incendié cet outil», se désolait, jeudi, un artisan qui participait aux travaux de rénovation de la structure.
«On espérait que des enseignements seraient tirés des expériences antérieures», analysait Jean Hoarau, pharmacien et président de l'Association des professionnels du Chaudron, créée au lendemain des émeutes de février 1991. «Lors des réunions que nous avons eues dernièrement avec les acteurs associatifs du quartier, on percevait bien une escalade de la colère. La dégradation sociale est encore plus difficile pour ceux qui sont en bas de l'échelle», poursuivait-il.
Le préfet de la Réunion, Michel Lalande, et les élus de l'île ont lancé en fin d'après-midi un appel au calme. «Je demande à la population, à tous les adultes, à tous les parents, de rester à l'écart des lieux de ces exactions», a lancé le préfet.
Près de 100 interpellations en deux jours
Les violences urbaines à La Réunion se sont étendues la nuit dernière, lors d'une deuxième nuit d'affrontements entre des centaines de jeunes et les forces de l'ordre, qui ont fait quatre blessés. Mardi et mercredi, 49 personnes ont été interpellées.
A l'origine de la contestation figure notamment le coût, jugé élevé, du carburant. Quelque 52% des habitants de l'île vivent en dessous du seuil de pauvreté et le chômage (30%) n'a cessé d'augmenter.Il y a trois ans, lors de la grande crise sociale, des saccages s'étaient déjà produits dans le Chaudron. Les manifestants réclamaient, comme aujourd'hui, une baisse du prix de l'essence et du gaz, ainsi qu' une augmentation des bas salaires.
Deux vidéos postées sur YouTube le 22 février
Source : Le parisien
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