Port Louis, Ile Maurice L’américain Heritage Foundation, un institut évoluant dans un courant de pensée proche des néoconservateurs, a pr...
Port Louis, Ile Maurice |
L’américain Heritage Foundation, un institut évoluant dans un courant de pensée proche des néoconservateurs, a présenté à Casablanca, ce jeudi 7 mai, son classement mondial sur la liberté économique. Hong Kong et Singapour caracolent en tête, devant les grandes puissances de l’OCDE comme les Etats-Unis (6e) ou l’Allemagne (25e). La position lointaine de la France (65e), derrière l’Ouganda, confirme, si besoin était, le référentiel anglo-saxon du think tank américain fondé par le milliardaire Joseph Coors.
Evidemment, les Etats à tradition plutôt sociale, présentant un fort niveau de protection du travailleur, ne sont pas toujours bien classés.
Les dix critères utilisés dans ce classement sont la liberté des affaires, la liberté commerciale, la liberté fiscale, la taille du gouvernement (dépenses de l’Etat), la liberté monétaire, la liberté d’investissement, la liberté financière, les droits de propriété, la lutte contre la corruption et la liberté de travail. Pas de référence directe à la protection sociale, même si l’officine basée à Washington voit une corrélation directe entre liberté économique, croissance du PIB et prospérité.
Système anglo-saxon
Evidemment, les Etats à tradition plutôt sociale, présentant un fort niveau de protection du travailleur, ne sont pas toujours bien classés. Les premiers pays africains, selon ce classement, sont l’Ile Maurice (18e) et le Botswana (34e), connus pour la clémence de leurs systèmes d’imposition (presque offshore) et la flexibilité de leur marché du travail. Suivent dans l’ordre, l’Afrique du Sud (61e), la Namibie (71e), Madagascar (73e) et le Burkina Faso (85e). L’inspiration française, et latine en général, des pays de l’Afrique du Nord les dessert dans ce classement. La Tunisie arrive au 98e rang, loin derrière les pays du Golfe comme le Koweït, modèle le plus achevé du système anglo-saxon dans le monde arabe.
A noter que la crise financière internationale ne sera prise en compte qu’à partir du classement 2010. Un détail qui a permis au présentateur du rapport, James Robert, reconverti dans la recherche au sein de la fondation après 25 ans de bons et loyaux services au département d’Etat et plusieurs fonctions dans des ambassades américaines, de ne répondre que sur le classement lui-même et non sur la pertinence des critères retenus.
Une perception antidatée
N’empêche, pour l’économiste Lahcen Achi, chercheur à l’INSEA de Rabat et auteur du livre Le Maroc en question, ce classement présente plusieurs aspects discutables. Et de prendre en exemple le cas du Maroc, 101e rang avec une note de 57,7 points sur 100. Sur sept critères (liberté économique, liberté fiscale, liberté commerciale, taille du gouvernement), le royaume obtient des notes plutôt bonnes. Sur le dernier critère (taille du gouvernement, en fait poids des dépenses publiques dans le Budget), il fait même mieux que seize des vingt premiers au classement. Les mauvaises notes ont été obtenues sur le droit de propriété (35/100), la lutte contre la corruption (35/100) et la liberté du travail (30/100). Pour le professeur Achi, la conclusion est claire : « Le Maroc récolte de bonnes notes sur tous les indices mesurables mathématiquement et réalise de mauvais résultats sur tout ce qui relève de la perception, comme la “lutte contre la corruption”. » On pourrait, par extrapolation, en dire autant des nombreux pays africains qui ont beaucoup évolué ces dernières années, mais qui restent prisonniers d’une perception antidatée. A la suite du Maroc (101e), viennent dans l’ordre africain, l’Algérie (107e), la Zambie (108e), le Sénégal (110e), la Gambie (112e), le Mozambique (113e). Cuba, le Zimbabwe, la Corée du Nord, l’Afghanistan, l’Irak, le Liechtenstein et le Soudan occupent les derniers rangs de ce classement qui balaie 183 pays.
MBF
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