Alors que les sondages lui prédisent une débâcle, Nicolas Sarkozy évoque l’éventualité d’un échec en mai et prévient qu’il arrêterait alor...
Alors que les sondages lui prédisent une débâcle, Nicolas Sarkozy évoque l’éventualité d’un échec en mai et prévient qu’il arrêterait alors la politique. Mais, en attendant le verdict des urnes, il assure qu’il ne lâchera rien!
Marseille (Bouches-du-Rhône), hier. Nicolas Sarkozy envisage ouvertement la possibilité d’une défaite à la présidentielle. Mais, « il se battra comme un lion », prévient son entourage. | |
Le démon de la politique aurait-il abandonné Nicolas Sarkozy? Alors que les mauvaises nouvelles économiques s’accumulent, que le chômage flambe, que les sondages lui prédisent une déroute contre François Hollande, quelques confidences lâchées récemment en petit comité instillent aujourd’hui le doute dans son camp.
Sans tourner autour du pot, le chef de l’Etat français envisage désormais clairement la possibilité d’une défaite. Et, dans ce cas de figure, il affirme qu’il jettera l’éponge. Une fois pour toutes : « Oui, c’est une certitude. J’ai 56 ans. La politique, j’en fais depuis trente-cinq ans, j’aurai été président de la République », argumente-t-il. Si les électeurs en décident ainsi, « je mènerai une autre vie, poursuit-il. J’ai un métier, je suis avocat, je suis passionné par tout un tas de choses. Vous voulez que je fasse quoi? Que j’anime la section de l’UMP? »
Depuis longtemps, Nicolas Sarkozy a observé de près comment ses prédécesseurs ont « surmonté » leurs échecs, leurs défaites, s’étonnant par exemple que, trente ans après, Valéry Giscard d’Estaing refuse toujours de remettre les pieds à l’Elysée. Et il en a tiré une leçon : « Franchement non, je ne continuerai plus la politique, je changerai de vie complètement. Vous n’entendrez plus parler de moi! » Et d’insister : « Je me sens comme si j’avais 22 ans. On peut voyager, je peux prendre des responsabilités dans d’autres domaines, commencer mes semaines le mardi matin et les finir le jeudi soir, je vois ça très bien. L’aiguille (NDLR : sous-entendu la perfusion de la politique qui agit comme une drogue), il faut la retirer progressivement. »
Comment gérera-t-il la déception s’il n’est pas réélu? En voudra-t-il aux Français? « Non, dit-il, c’est la règle! C’est exactement comme si vous pensiez que je dois en vouloir au Bon Dieu si je tombe malade ou si je meurs un jour. C’est la vie, réveillons-nous! Je serai, quoi qu’il arrive, le privilégié qui aura pu, pendant un temps, avoir la confiance des gens, que ce soit pour cinq ou dix ans. » Nicolas Sarkozy jure qu’il relativise : « C’est moi qui dois aux gens d’être là, ce n’est pas eux qui me doivent quelque chose. Ce n’est pas une formule, je le crois profondément. Je suis reconnaissant aux Français de m’avoir laissé gouverner de manière apaisée. Je n’ai retiré aucun texte. Nous n’avons connu aucune situation de blocage, eu aucune violence. A part la taxe carbone, je ne vois pas une réforme à laquelle j’ai dû renoncer », égrène-t-il à l’heure du bilan.
Ce n’est pas la première fois que Nicolas Sarkozy envisage l’après-2012. Et qu’il parle de lui au passé. Mais, contrairement à ce que pourraient laisser croire ces confidences savamment distillées, le chef de l’Etat n’a renoncé à rien. Ni à être candidat à sa succession — sans doute le plus tard possible — ni à la possibilité d’un second mandat qu’il voit « très différent du premier ». Persuadé qu’il reste le meilleur, il juge François Hollande sévèrement. « Un homme habile, mais sans consistance, sans idées, sans convictions », dit-il fréquemment. L’histoire politique de la Ve est faite de « surprises », fait-il souvent remarquer. Giscard, Rocard, Balladur, Jospin, autant de « favoris » qui ont finalement mordu la poussière : « Ça ne se passe jamais comme on croit. »
A tous ceux qui l’enterrent trop vite, il lance cet avertissement : « Je reçois un accueil fantastique partout, je suis même étonné. Vous n’imaginez pas la passion qu’il y a dans ce pays, la lucidité des Français. C’est le peuple le plus politique du monde, ils savent qui ment, qui joue, qui compose, cela se jouera sur l’authenticité. » Il reste désormais moins de quatre-vingt-dix jours au président pour retourner une situation compromise. « Il se battra comme un lion », prévient son entourage.
L’UMP veut chasser ses doutes
« On n’est pas obligés de se laisser impressionner. […] Soyez pugnaces! » tonne Jean-François Copé devant 250 parlementaires hier à l’UMP. Même conseil de François Fillon face aux députés de la majorité un peu plus tôt à l’Assemblée : « Soyons sûrs que le combat que nous menons est un combat juste. Il faut que ça se voit sur nos visages et dans les discours que nous tenons. »
Alors que les nuages s’amoncellent pour Nicolas Sarkozy, pas question, donc, de laisser le moral des troupes tanguer. Et ce sont les poids lourds qui montent au créneau pour exorciser les doutes. Jeudi soir, Alain Juppé affrontera le candidat socialiste lors d’un débat sur France 2. « Ce sera une excellente occasion de faire la différence », se languit déjà Copé, tandis que Fillon se retrouvera une semaine plus tard face à Martine Aubry.
Toutefois, la méthode Coué exercée au sommet de l’UMP ne convainc pas toute la base. « Là, on n’est pas dans le doute, mais dans l’incertitude », insiste la députée Jacqueline Irlès, celle-là même qui avait osé interpeller le chef de l’Etat en janvier 2009 sur le désamour entre lui et les Français. Damien Meslot (député de Belfort) évoque, lui, un « faux plat dans la campagne », enjoignant Sarkozy à y entrer plus tôt. « Vers la mi-février, pour donner une impulsion », juge-t-il, tout en demandant à son camp « d’arrêter d’attaquer Hollande sur sa personne. C’est contreproductif ». En cause ? Les snipers de la cellule riposte. « Les petites phrases balancées en permanence, ça suffit! » s’agace un député du Nord, qui réclame « plus de fond dans les attaques ». C’est justement sur ce terrain que Copé veut aller : « Le discours de François Hollande (NDLR : au Bourget) contient tellement de perles qu’il serait dommage que les Français n’entendent pas une autre voix, la nôtre », note-t-il.
Olivier Beaumont (avec N.S.)
« On n’est pas obligés de se laisser impressionner. […] Soyez pugnaces! » tonne Jean-François Copé devant 250 parlementaires hier à l’UMP. Même conseil de François Fillon face aux députés de la majorité un peu plus tôt à l’Assemblée : « Soyons sûrs que le combat que nous menons est un combat juste. Il faut que ça se voit sur nos visages et dans les discours que nous tenons. »
Alors que les nuages s’amoncellent pour Nicolas Sarkozy, pas question, donc, de laisser le moral des troupes tanguer. Et ce sont les poids lourds qui montent au créneau pour exorciser les doutes. Jeudi soir, Alain Juppé affrontera le candidat socialiste lors d’un débat sur France 2. « Ce sera une excellente occasion de faire la différence », se languit déjà Copé, tandis que Fillon se retrouvera une semaine plus tard face à Martine Aubry.
Toutefois, la méthode Coué exercée au sommet de l’UMP ne convainc pas toute la base. « Là, on n’est pas dans le doute, mais dans l’incertitude », insiste la députée Jacqueline Irlès, celle-là même qui avait osé interpeller le chef de l’Etat en janvier 2009 sur le désamour entre lui et les Français. Damien Meslot (député de Belfort) évoque, lui, un « faux plat dans la campagne », enjoignant Sarkozy à y entrer plus tôt. « Vers la mi-février, pour donner une impulsion », juge-t-il, tout en demandant à son camp « d’arrêter d’attaquer Hollande sur sa personne. C’est contreproductif ». En cause ? Les snipers de la cellule riposte. « Les petites phrases balancées en permanence, ça suffit! » s’agace un député du Nord, qui réclame « plus de fond dans les attaques ». C’est justement sur ce terrain que Copé veut aller : « Le discours de François Hollande (NDLR : au Bourget) contient tellement de perles qu’il serait dommage que les Français n’entendent pas une autre voix, la nôtre », note-t-il.
Olivier Beaumont (avec N.S.)
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