La conférence de Durban restera dans l'histoire des négociations climatiques, pourtant habituées à jouer les prolongations. Les négocia...
Les négociations marathon de Durban sur le climat ont débouché, dimanche à l'aube, sur une feuille de route vers un accord en 2015, englobant pour la première fois tous les pays, pour lutter contre le réchauffement. Le soulagement dominait chez les représentants des quelque 190 pays rassemblés à cette conférence qui a frôlé la catastrophe à l'issue de 14 journées et deux nuits blanches de négociations, a rapporté hier l'agence de presse AFP..
Mais l'Union européenne, qui avait mis tout son poids dans la balance pour aboutir à un accord juridiquement contraignant, a dû se contenter, à l'issue de cette réunion largement éclipsée par la crise de l'Euro, d'un texte laissant en suspens cette question cruciale concernant notamment le futur pacte climatique.
Cet accord, qui permet aussi d'écrire une suite au protocole de Kyoto, après 2012, et d'éviter un échec, deux ans après l'immense déconvenue de Copenhague, ne s'accompagne par ailleurs d'aucune révision des promesses des pays pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre.
Ces dernières sont, à ce jour, largement insuffisantes pour contenir le réchauffement sous le seuil de 2°C, objectif affiché de la communauté internationale.
Demi-victoire
Face à la vive opposition de l'Inde, les Européens ont finalement accepté une formulation décrivant ce futur accord comme « un protocole, un autre instrument légal ou une solution concertée ayant une force légale ». L'objectif est que cet instrument entre en vigueur à partir de 2020.L'UE a salué dimanche la « percée historique » réalisée à Durban. « La stratégie de l'UE a fonctionné », a jugé la commissaire européenne en charge du climat, Connie Hedegaard, très présente lors de la réunion sud-africaine. « L'affaire s'est finalement bien terminée », a estimé le représentant américain pour le climat, Todd Stern. « C'est la première fois que l'on va voir des pays en développement accepter d'être tenus par un accord légal », sur le climat, a-t-il souligné.
Selon l'AFP, Les décisions prises à l'aube dans cette ville située sur l'océan Indien sont bien en-deçà de ce qu'exige l'urgence climatique, a de son côté regretté l'ONG Oxfam, qualifiant cet accord de « strict minimum possible » qui laisse « le monde se diriger, comme un somnambule, vers un réchauffement de 4°C ». « Les pollueurs ont gagné, les peuples ont perdu », a jugé, plus catégorique, Greenpeace Africa.
Avec cette « feuille de route » en poche, les Européens ont donné leur accord à la poursuite du protocole de Kyoto, après 2012. Conclu en décembre 1997 et entré en vigueur en février 2005, le protocole impose aux pays industrialisés, à l'exception notable des Etats-Unis qui ne l'ont pas ratifié, de réduire leurs émissions de six substances responsables du réchauffement, au premier rang desquels le CO2.
La conférence de Durban, qui s'est achevée avec 36 heures de retard, restera dans l'histoire des négociations climatiques, pourtant habituées à jouer les prolongations, comme le record du genre.Le prochain grand rendez-vous de la diplomatie climat aura lieu au Qatar… plus grand émetteur de CO2 par habitant au monde. ◆Mounir El Figuigui
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