Ancien ministre de l’Economie, devenu le chef de l’Union régionale des Sanduk de Ngazidja, Chakira Moegni, parle dans l’interview qui suit, ...
Ancien ministre de l’Economie, devenu le chef de l’Union régionale des Sanduk de Ngazidja, Chakira Moegni, parle dans l’interview qui suit, de l’inertie de ceux qui devraient aider à la mise en place d’un processus de développement viable.
Où en est-on avec l’affaire du détournement des fonds dans votre institution?
Les détournements ont été signalés entre 2004 et 2007. J’ai hérité de cette situation des anciens responsables. L’ancien comptable est en prison. Le responsable chargé du crédit qui était impliqué est décédé. L’affaire est entre les mains de la justice.
Quel a été l’impact de ce détournement ?
Les Sanduk étaient en cessation de paiement, il a fallu beaucoup d’efforts. Nous n’avons eu aucun soutien mais on peut estimer aujourd’hui qu’on est en train de stabiliser l’institution.
On est en train de rectifier le tir.
Quelle place pourrait occuper les Sanduk aujourd’hui face à la montée en force du réseau des Meck ? Ne vous semblez pas noyer par ces institutions qui ont un niveau d’efficacité élevé ?
Il y a eu une méconnaissance des Sanduk en Grande-Comore. A Anjouan, ce sont les Sanduk qui ont émergé avec une épargne de plus de 6 milliards de francs comoriens. On est en train de rectifier le tir. Les Sanduk ont connu un sérieux problème à Ngazidja qui a entrainé une incidence directe sur leur développement
Voulez-vous préciser la nature de ce problème ?
La conception même du projet qui a été biaisée. On a crée des institutions en s’appuyant sur des notables. On a mis le frère, le cousin, le neveu. Cela a favorisé le détournement et la faillite.
Tout le monde évoque aujourd’hui la vie qui affecte le pays de façon générale. A-t-on tenté quelque chose à votre avis pour réduire ses effets ?
Je suis de ceux qui croient que le développement, ça se décrète. C’est d’abord une question de volonté politique. Le pays ne fait pas l’essentiel pour qu’il y ait développement. L’Etat n’a pas vocation à produire de richesses, la richesse, c’est l’affaire des entreprises. L’Etat a le devoir d’instituer des mécanismes permettant au secteur privé de jouer son rôle de producteur de richesse.
L’Etat pourrait payer la différence des taux d’intérêts aux banques
De quels mécanismes s’agit-il ?
L’Etat doit d’abord procéder à la bonification des taux d’intérêts liés à l’investissement productif ; on ne peut pas par exemple, investir à des taux de 10% et de 12%. Les taux d’intérêts doivent revenir à 3% et à 4% pour inciter les gens à investir. L’Etat pourrait payer la différence des taux d’intérêts aux banques pour favoriser l’investissement. Il faut ensuite mettre en place un fonds de garantie qui serait alimenté continuellement ne serait-ce que par la taxation des transactions bancaires. Enfin, il faut un minimum de planification sectorielle. L’Etat doit prioriser ses chantiers de développement. Pourquoi ne pas s’atteler au développement de notre agriculture dans un premier temps et s’attaquer à la pêche et le tourisme dans un deuxième temps. Mais tout cela demande une vision, des objectifs à atteindre et des décisions à prendre.
Est-ce que nous avons véritablement les bases nécessaires pour un réel développement ?
Nous avons les bases pour une économie domestique florissante. Quand nous parlons de développement de la pêche, de l’agriculture et de la micro industrie, c’est pour satisfaire d’abord le marché national. Je parle d’un marché national car on a une monnaie surévaluée.
Certains avancent l’idée de faire recours à nos réserves à la Banque centrale pour soutenir les secteurs productifs. Que pensez-vous ?
Une monnaie qui exige une contrepartie
Il ne faut pas fantasmer sur les réserves de la Banque centrale. On a une monnaie qui exige une contrepartie. Par contre, on peut discuter du niveau de ses réserves mais cela dépend de la politique de l’Etat. Je suis de ceux qui croient que la BCC joue son rôle mais elle ne peut pas se substituer au gouvernement (…).
Des rumeurs font état d’une possible dévaluation du franc CFA ?
La crise de la dette en Europe aura certainement des effets sur les monnaies attachées notamment au sein de la Zone franc. Je n’y crois pas trop parce que la dévaluation profite surtout aux pays de la BEAO et de la BCEAO (Banque des Etats d’Afrique de l’Est, Banque des Etats d’Afrique de l’Ouest, ndlr). Ce sont des pays qui ont des produits d’exportation. Mais les Comores n’ont rien à vendre, la seule richesse créée dan ce pays, c’est l’argent de la diaspora, or c’est de la richesse créée ailleurs. Albalad
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