Le Comité Maoré a célébré la Journée nationale Maoré samedi dernier. Comment avez-vous apprécié la fête? Membre fondateur du comité Maoré,...
Le Comité Maoré a célébré la Journée nationale Maoré samedi dernier. Comment avez-vous apprécié la fête?
Membre fondateur du comité Maoré, l’ambassadeur Ahmed Thabit nous livre dans cette interview ses impressions sur la Journée nationale Maoré.
La fête s’est très bien passée; les gens sont venus, les interventions étaient pertinentes surtout celle du représentant du Comité Maoré à Mayotte qui a fait le déplacement pour se joindre à nous pour célébrer cet évènement dans la capitale comorienne.
Les autorités comoriennes n’ont pas pris part à cette manifestation ici et à Anjouan. Comment avez-vous vécu cela?
En effet, les autorités comoriennes ont brillé par leur absence à cette fête et il faut l’admettre, le public s’est étonné à juste titre, comme nous tous, de ne voir aucun représentant de l’Union comme des îles, surtout le ministre des Relations extérieures qui devait être là ; je trouve cela regrettable mais je crois que cela est dû à un problème de calendrier.
Il a été proposé de nommer un Mahorais au sein du gouvernement, quel est votre avis par rapport à cette suggestion?
Cette proposition a été faite par notre assemblée nationale qui a adopté une résolution à cet effet et ce ne serait pas la première fois qu’il y aurait un représentant Mahorais au sein du gouvernement comorien. Le regretté Said Kafé fut ministre des Affaires étrangères pendant très longtemps.
Est-ce que dans le contexte actuel, cette démarche aurait un impact aujourd’hui ?
Bien sûr que cela aurait un impact, car les Maorais, voyant un des leurs avec ses collègues des autres îles, cela les encouragerait et les ferait réfléchir sur la situation à Mayotte.
Une Mahoraise avait franchi le pas en s’autoproclamant gouverneur par intérim de Mayotte comment aviez-vous jugé cette imitative ?
Sa démarche m’avait personnellement conforté, cela veut dire qu’elle se considère sur les mêmes pieds d’égalité que nous tous, car si le Grand comorien, l’Anjouanais et le Mohélien peuvent prétendre à ce droit pourquoi pas elle, elle a entièrement raison, c’est son pays.
Les membres de la délégation du Comité Maoré ont souhaité que les autorités comoriennes réagissent face aux événements qui secouent l’île depuis maintenant un mois, quelle est votre commentaire ?
Les événements qui viennent de se produire à Mayotte montrent encore une fois que la départementalisation n’est pas la solution du problème de Mayotte et je dirais même que ce que nous venons de voir n’est que la partie émergée de l’iceberg, mais les raisons profondes sont là : c’est qu’on veut déraciner les Mahorais, leur enlever leur identité, et les Mahorais s’en sont rendus compte. Il y a la vie chère certes, mais la réalité c’est que les Mahorais sentent qu’ils ne sont pas considérés comme des Français à part entière.
Le Mirex a sorti un communiqué dans lequel il « s’interroge » sur la pertinence des institutions en place à Mayotte. Vous êtes un haut fonctionnaire du Mirex, puisque vous êtes notre ambassadeur en Afrique du Sud. Ce document n’est-il pas un peu paradoxal ?
Des autorités françaises voulant faire avaler le fait que l’ile que Mayotte n’est pas comorienne utilisent l’expression Mayotte et les autres îles et si aujourd’hui des autorités comoriennes utilisent le même langage, c’est très grave.
Le comité Maoré fait faire de la lutte contre le visa Balladur une priorité ?
Avant le visa Balladur il n’y avait pas de morts. Le comité Mahorais demande la suppression immédiate de ce visa et nous comptons aller plus loin en portant plainte à La Haye.
Mais cela fait longtemps qu’on en parle?
Il y a plusieurs façons de le faire mais pour nous, en tant qu’organisation non gouvernementale, ce n’est pas facile, mais nous nous préparons. On aurait souhaité que ce soit le gouvernement qui le fasse, cela aurait été plus facile.
Des jeunes mahorais ont intégré l’équipe nationale de foot pour la première fois ; qu’elle est votre impression par rapport à cela ?
Quel bonheur! C’est un grand bonheur pour nous. Cela montre qu’il y a des Mahorais qui se sentent Comoriens et que notre combat est juste.
A votre avis le GTHN, faut-il le ressusciter ?
C’est une façon de perpétuer la présence française à Mayotte. La France a refusé la main tendue de Sambi, elle a organisé le referendum et se prépare maintenant à faire de Mayotte une région ultrapériphérique de l’Europe, cela est très grave. Nous demandons au Mirex de stopper cela, car nous avons bien les moyens de le faire. Nous n’avons qu’à nous servir de la résolution admettant les Comores composés de quatre îles, à l’ONU. Tous les pays européens avaient voté pour, j’espère que l’Europe ne va pas se déjuger.
Saminya Bounou
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