Cette année, les Comores et la Chine fêtent le 36e anniversaire de l'établissement de leurs relations diplomatiques. Quel bilan tirez-v...
Cette année, les Comores et la Chine fêtent le 36e anniversaire de l'établissement de leurs relations diplomatiques. Quel bilan tirez-vous de ces 36 ans des relations sino-comoriennes?
La Chine figure parmi les premiers pays qui ont reconnu l'indépandance des Comores et établi des relations diplomatiques avec elles. Au cours des trente six ans ans écoulés, malgré les aléas internationaux et les changements intervenus au monde et dans les deux pays respectifs, les relations d'amitié et de coopération se sont développées de façon saine et régulière. Ces dernières années, grâce à leurs efforts conjugués, les relations sino-comoriennes sont entrées dans une nouvelle phase de développement accéléré et leur coopération a été fructueuse dans tous les domaines.
Pouvez-vous nous décrire les traits saillants du développement de ces relations ?
Le développement de ces relations se caractérise plutôt par l'accroissement de la confiance mutuelle sur le plan politique, l'élargissement de la coopération économique et commerciale, le renforcement de l'appui financier et technique en matière de la santé, de l'éducation et de la radio-télévision, la fréquence des échanges humains et culturels ainsi que la coordination et la concertation étroite dans les affaires internationales. La Chine entend promouvoir de concert avec la partie comorienne leurs relations de coopération amicale dont l'avenir est prometteur et brillant. J'en éprouve une pleine confiance et ne ménagerai aucun effort pour contribuer à son épanouissement durant mon mandat.
Le Forum sur la coopération sino-africaine (Fsca) a fêté ses 10 ans l'année dernière. Mais en quoi cette nouvelle stratégie de coopération se différencie-t-elle du passé en matière de l'assistance que la Chine apporte t aux Comores?
Créé en 2000, le Forum sur la Coopération sino-africaine (Fcsa) est une plate-forme pour les consultations et dialogues collectifs et un mécanisme de coopération sincère entre la Chine et les pays amis africains. La Chine et les Comores ont noué, dans le cadre de ce forum, des liens beaucoup plus étroits qu'avant en vue de consolider davantage la coopération d'amitié traditionnelle entre nos deux pays. Au cours des onze années écoulées, les parties chinoise et comorienne ont accordé une haute importance à la mise en oeuvre des actions de suivi des décisions émanant du Forum. Le rythme de la réalisation des projets de coopération en témoigne, notamment dans les domaines des infrastructures, de l'agriculture, de la santé, de l'éducation et de la mise en valeur des ressources humaines. Pour en illustrer, je citerais la nouvelle aérogare de l'aéroport international de Moroni, le bâtiment de l'Ortc, la résidence présidentielle en Grande-Comore, l'école d'amitié Chine-Comores à Anjouan, etc. Du côté de la coopération régulière, on a vu jusqu'à présent huit missions médicales chinoises se succéder depuis 1994. Nous avons d'ailleurs renouvelé le contrat avec l'Aimpsi et l'Ortc pour continuer d'apporter notre soutien technique à l'aéroport et à la radio et télévision. Les échanges humains et culturels ont connu un développement vigoureux, notamment en matière de bourses d'études. Jusqu'à présent, plus de 120 cadres administratifs et techiniques sont partis en Chine cette année pour séminaires et stages de toute catégorie de formation.
Et pour le futur quels sont les projets en perspective de cette coopération que les Comores peuvent-elles attendre de la Chine?
Dans un mois, les travaux du bâtiment de l'Office national du Tourisme vont toucher à leur fin. En attendant, on va poser la première pierre pour la construction des deux bureaux présidentiels respectivement à Mohéli et à Anjouan, et inaugurer le chantier d'un hôpital polyvalent à Anjouan. Le projet des trois écoles primaires, dont une par île, sera démarré très bientôt aussi. L'an prochain, le Fsca accueillera sa 5e Conférence ministérielle et avancera un nouveau programme de coopération entre la Chine et les pays africains dont les Comores. Il y a lieu de croire que, grâce aux efforts conjoints et aux volontés raffermies des deux parties, la coopération sino-comorienne portera encore des fruits abondants.
Malgré cette amitié de plus de trois décennies déjà, la Chine ne dispose pas encore d'un espace culturel aux Comores. Peut-on espérer voir l'ouverture bientôt d'un Institut Confucius à Moroni?
Depuis ma prise de fonction, j'ai rencontré un nombre de Comoriens de divers milieux, qui m'ont exprimé leur désir d'apprendre la langue chinoise pour mieux connaître notre culture. Cette envie d'apprendre se traduit d'ailleurs par le retentissement chaleureux des Ni Hao (salut en chinois) quand je me trouve parmi mes amis comoriens. L'Ambassade a beaucoup plaidé et obtenu un soutien sans réserve de notre département de tutelle. Et je compte sur le concours de la partie comorienne afin de lancer ensemble, dans un proche avenir, ce programme qui contribuerait au rapprochement des peuples chinois et comorien, et des jeunes en particulier. Vous avez parlé de l'Institut Confucius et j'aimerais en profiter pour présenter cet organisme dont le but est de dispenser des cours de la langue et de participer à la diffusion de la culture chinoise. Il est dénommé "Confucius", le plus célèbre penseur chinois du VIe siècle avant notre ère, dont son approche sur l'Humanité est considérée comme le fondement de la pensée et de la philosophie chinoise et a exercé une profonde influence en Asie orientale.
Les infrastructures routières, l'eau et l'électricité demeurent un frein à l'épanouissement économique des Comores. Le partenariat de la Chine n'envisage-t-il pas intervenir dans ces secteurs et quelle sera la forme de son intervention si c'est possible?
Le développement des infrastructures demeure une priorité de la coopération sino-comorienne, notamment dans les domaines touchant la vie quotidienne de la population, telle que la route, l'eau et l'électricité. L'intervention de la Chine, à cet égard, ne date pas de nos jours. Dans les années 80, elle a réalisé un projet d'adduction d'eau dans la région de Nioumakélé à Anjouan, qui profite encore à ses habitants aujourd'hui. L'an dernier, elle a offert également un lot de matériel d'adduction d'eau à la Ma-mwe afin d'améliorer les conditions d'accès à l'eau potable dans les villes et ses environs. Et ce n'est qu'un premier pas franchi dans ce sens, car d'après le plan d'action du Fsca, la Chine aidera aussi les Comores à réaliser de petits projets de forage de puits et d'adduction d'eau.
Mais cela fait un temps que le gouvernement chinois a livré des groupes électrogènes aux Comores mais la crise énergétique persiste…
En ce qui concerne les huit groupes électrogènes offerts l'an dernier, une mission technique a effectué une étude sur le terrain et reviendra très prochainement pour les installer, dans l'espérance de les rendre opérationnel au plus vite et répondre ainsi aux préoccupations du public vis-à-vis de l'énergie. En matière d'infrastructures routières, il est à rappeler également que l'artère qui relie la Présidence et la place d'indépendance à Moroni a été construite par une société chinoise avec l'appui matériel de la Libye. Je trouve en cela un très bon exemple de coopération multilatérale en matière des infrastructures et mérite d'être encouragé et poursuivi dans l'avenir.
Pour parfaire sa connexion au réseau de télécommunications en fibre optique, le gouvernement comorien a recouru à un financement chinois. Quelles en sont actuellement les modalités de ce prêt ?
C'est un prêt concessionnel d'un montant de 31 millions de dollars américains établi entre nos deux gouvernements au profit du projet de fibre optique inter-île. Je tiens à vous signaler que les conditions de ce prêt ont été réajustées selon la demande de la partie comorienne dans le cadre de l'Ippte, et le taux d'intérêt est fixé à 1% au lieu de 2%, et la durée de remboursement prolongée à 25 ans au lieu de 20 ans. Les Comores disposent encore de potentialités véritablement inexplorées comme le tourisme, la pêche et l'agriculture. Il n'y aurait pas de sociétés chinoises intéressées à investir dans ces domaines et soutenir ainsi la politique de création d'emplois et d'un éventuel transfert de technologies ? Les Comores sont un beau pays riche en ressources naturelles et touristiques. Ce sont les fonds et les techniques qui manquent pour mettre en valeur ces ressources. Ces dernières années, l'environnement économique et commercial aux Comores s'avère de plus en plus favorable aux investissements étrangers. Autant que je sache, il existe déjà plusieurs sociétés priviées chinoises qui développent leurs activités aux Comores. Je suis sûr qu'avec l'accroissement des échanges du personnel entre nos deux pays, de plus en plus de compagnies chinoises découvriront les potentialités des Comores et s'installeront dans l'archipel. L'Ambassade fera également tout son mieux pour faciliter la coopération des milieux d'affaires de nos deux pays.
par M. Soilihi Ahmed
Alwatwan
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