BAM Vue d'artiste du projet de grande mosquée à Marseille. Le projet de construction de la grande mosquée de Marseille a subi jeudi 27 ...
Vue d'artiste du projet de grande mosquée à Marseille.
Le projet de construction de la grande mosquée de Marseille a subi jeudi 27 octobre un nouveau revers, le dernier d'une longue série, avec l'annulation de son permis de construire par la justice. Le tribunal administratif de Marseille a en effet suivi les préconisations du rapporteur public qui avait estimé, le 20 octobre, que des incertitudes persistaient sur les modalités de stationnement prévues pour l'édifice.
La réalisation d'un parking de 450 places, que la communauté urbaine projette dans une ZAC voisine, n'a « pas encore fait l'objet d'un engagement formel ou d'une programmation » de la part du maître d'ouvrage, a estimé le tribunal.
Le président PS de Marseille Provence Métropole, Eugène Caselli, s'est dit « très étonné » d'une telle décision, rappelant que toutes les dispositions avaient été prises « pour qu'un parking soit en service une fois la mosquée construite ». Des discussions vont être relancées afin « d'asseoir le nouveau permis sur des bases solides », a ajouté la ville.
150 FIDÈLES PAR JOUR EN MOYENNE, 10 000 À 14 000 PENDANT LES FÊTES
Le tribunal a également argué de « l'insuffisance du document graphique permettant d'apprécier l'insertion du projet de construction par rapport aux constructions avoisinantes, son impact visuel ainsi que le traitement des accès et du terrain ».
Le rapporteur public avait déjà demandé en septembre 2010 l'annulation du permis de construire, initialement accordé en septembre 2009. L'affaire avait cependant été renvoyée et un permis modificatif avait été délivré le 27 mai, de nouveau attaqué par des habitants et commerçants de Saint-Louis, l'ancien quartier des abattoirs où la mosquée doit voir le jour, dans le nord de la ville, pour une fréquentation estimée à 150 fidèles par jour en moyenne, 1 000 à 1 500 le vendredi et 10 000 à 14 000 pendant les fêtes.
« C'est l'aboutissement d'un long combat pour les gens qui travaillent et vivent ici et voulaient simplement que ce projet s'imbrique de manière harmonieuse dans le tissu économique et social du quartier », a réagi le chef de file des opposants, Pierre Métras, patron d'une triperie familiale.
LE CHANTIER DE LA MOSQUÉE SEMBLE PLUS QUE JAMAIS DANS LE FLOU
En face, les défenseurs de la mosquée n'ont pas caché leur déception. « Je trouve assez hallucinant qu'on nous annule le permis de construire pour une histoire de parking alors qu'on cherche à sortir l'islam du garage et qu'on veut arrêter les prières de rue », a déclaré l'architecte Maxime Repaux.
Ainsi, le conseil régional du culte musulman (CRCM) a récemment demandé qu'on trouve pour ses fidèles un site « digne de ce nom », après l'annonce par la préfecture de la mise à disposition d'un lieu de culte provisoire. Une proposition finalement restée lettre morte en raison de l'insalubrité des locaux et de leur vocation à être transformés en centre social.
Dix-sept mois après la pose de la première pierre en grande pompe au printemps 2010, le chantier de la mosquée semble plus que jamais dans le flou.
Après des années de tension sur fond de recours juridiques de l'extrême droite, le projet a souffert l'an passé de rivalités au sein de la communauté musulmane, qui ont provoqué un changement à la tête de l'association aux commandes, et des incertitudes quant à son financement. Seulement 300 000 € de dons ont pour l'heure été collectés sur un budget de 22 millions d'euros.
UN PROJET ÉVOQUÉ DEPUIS… 1937
Le projet d'une grande mosquée à Marseille, pour la première fois évoqué en 1937, approuvé en 2001 par Jean-Claude Gaudin, maire UMP de Marseille, et dont le permis de construire a été accordé en octobre 2009, n'a cessé de subir des contretemps. Des recours ont d'abord été déposés par l'extrême droite contre le bail emphytéotique accordé par la ville à l'association en charge du projet de construction. Le premier d'entre eux, en 2006, avait obligé la ville à modifier le bail initial de 99 ans pour un loyer annuel de 300 €.
Le tribunal administratif avait en effet jugé que le faible loyer constituait une subvention illégale, contraire à la loi de séparation de l'Église et de l'État de 1905. À la suite de cette décision, le conseil municipal avait approuvé un nouveau bail emphytéotique de 50 ans, d'un loyer annuel de 24 000 € pour une parcelle de 8 616 m² qui abritaient auparavant les abattoirs avant de servir au stockage des décors de l'Opéra. D'autres recours s'en étaient suivis.
Les divisions au sein de l'association ont aussi à plusieurs reprises mis en sommeil le projet et compromis les recherches de financement (le budget est de 22 millions d'euros) auprès des pays donateurs, chacun ne pouvant financer plus 20 % du coût total. Le dernier épisode en date était, en septembre 2010, l'annonce par l'Algérie du gel de sa participation financière, suivie de la présentation, par les Franco-Algériens et les Algériens de Marseille d'un contre projet financé par l'Algérie.AFP
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