Qu'a fait le ministère des Relations extérieures des Comores, après voir appris que le président de la République française, Nicolas Sa...
Qu'a fait le ministère des Relations extérieures des Comores, après voir appris que le président de la République française, Nicolas Sarkozy, a adressé au président du Conseil Européen, Herman Van Rompuy, une demande officielle de transformation du statut européen de Mayotte de Pays et territoire d'Outremer associé (Ptom) en Région ultrapériphérique (Rup). Rien. Absolument rien!
Et pourtant, le processus est bel et bien engagé. La ministre française de l'Outremer, Marie-Luce Penchard, déclare, dans un communiqué, se réjouir "de cette demande qui témoigne de la volonté continue du gouvernement de construire le développement de Mayotte, selon le souhait exprimé par ses habitants". La France mobilise tous ses services compétents pour que cette évolution puisse être effective au 1er janvier 2014, après l'accord du Conseil européen. Le processus est effectivement engagé dès lors que le Parlement européen vote une ligne budgétaire de 2 M€ pour accompagner Mayotte à la "rupéïsation", qui sera opérationnelle dès le 1er janvier 2012.
Cette démarche est engagée alors que Mayotte est secouée par des manifestations quasi-quotidiennes contre la vie chère. Ses habitants, tenaillés par la hausse des prix, commencent à ressentir les effets de la départementalisation et assistent impuissants à la déstructuration de la société et au dérèglement de traditions millénaires, basées sur la religion musulmane et une histoire commune avec les trois autres îles de l'archipel des Comores. Après la départementalisation, passée sans autre engagement politique des Comores que des discours parfois décousus et sans suite logique dans les actions, la France enclenche la dernière phase de l'évolution du processus du statut de Mayotte, sa transformation en région ultrapériphérique. Et pourtant, la France avait toujours favorisé l'unité des Comores dans tous les textes de lois adoptées. Ce n'est qu'après le scrutin du 22 décembre 1974 qu'elle a opté pour la "balkanisation" de l'archipel, en adoptant la loi du 3 juillet 1975 au mépris des "règles du droit public international".
La riposte des Comores, devenues souveraines le 6 juillet 1975, est suivie par les Nations unies. Les quatre îles sont considérées comme une entité unique et seront admises le 12 novembre 1975 comme un État souverain. L'admission est votée à l'unanimité par l'assemblée générale. La France n'a pas voté contre, elle a juste pris le soin de ne pas prendre part au vote. Elle essuiera le vote d'une résolution de l'assemblée générale de l'Onu adoptée le 21 octobre 1976 par 102 voix contre 1 (France) qui "condamne les référendums du 8 février et du 11 avril 1976 organisés dans l'île comorienne de Mayotte par le gouvernement français et les considère comme nuls et non avenus" ainsi que "toutes autres consultations qui pourraient être organisées ultérieurement en territoire comorien de Mayotte par la France". Une condamnation par anticipation de la consultation du 29 mars 2009, qui a approuvé le statut de Dom.
Les Nations Unies n'ont jamais cessé de condamner la violation par la France du principe de l'intégrité territoriale des entités coloniales. Ainsi, par 87 voix contre 2 – France et Monaco – la dernière résolution adoptée par l'Assemblée générale le 28 novembre 1994 "réaffirme la souveraineté de la République fédérale islamique des Comores sur Mayotte". Les Comoriens savent que, si le cas mahorais est maintenu à l'ordre du jour des assemblées générales des Nations unies, cela relève du fait que la décolonisation n'est pas encore achevée. Le plus grave et le plus humiliant est que la question n'est plus abordée ni débattue depuis 1995, à la demande des Comores. Le président Ikililou Dhoinine a lancé l'idée d'une discussion qui intègre la partie mahoraise. Reste maintenant à savoir pour quels objectifs, si la France continue dans l'indifférence totale d'ancrer définitivement Mayotte au sein de la République française et maintenant de placer l'île comorienne dans le sillage de l'Union européenne. Alwatwan
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