Dans cette interview, Célestin SIKULI, le chargé du programme national de désarmement, démobilisation et réintégration (PNDDR) fait l’état...
Dans cette interview, Célestin SIKULI, le chargé du programme national de désarmement, démobilisation et réintégration (PNDDR) fait l’état des lieux du programme de réintégration des ex-militaires, et civiles ayant rendu leurs armes à Anjouan mais aussi les victimes de l’intervention militaire de mars 2008. Un bilan provisoire qui laisse penser que l’opération de désarment est loin d’être un succès.
Monsieur Célestin, vous êtes à quelques mois de la fin du programme, quel bilan faites-vous aujourd’hui?
Disons que le travail n’est pas mauvais depuis son commencement. Nous tenons à remplir nos obligations. Il est trop tôt pour dresser un soi-disant bilan, il reste beaucoup à faire. Dans le processus de réintégration, nous avons dépassé la moyenne de nos attentes. Tous ceux qui ont déposé les armes et les victimes bénéficient actuellement du programme dans le volet réintégration.
«Nous constatons que sur quatre cent armes disparues lors de ce terrible évènement, moins de cinquante ont pu être récupérées »
Cela veut dire qu’il y a encore des armes dans la nature?
Malheureusement oui. C’est avec beaucoup de regrets que nous constatons que sur quatre cent armes disparues lors de ce terrible évènement, moins de cinquante ont pu être récupérées. C’est désastreux aussi bien pour les citoyens que pour la nation comorienne.
Vous dites moins de cinquante, pouvez-vous être plus précis?
Il faudra souligner que cette question de désarmement incombe beaucoup plus au gouvernement qu’au programme. Il n’est pas de notre responsabilité de traquer des armes quand bien même nous saurions où les trouver. Nous n’avons pas comme mission de poursuivre les armes car cela ne relève pas de notre mandat. Si je dis moins de cinquante, c’est parce que c’est une donnée officielle du gouvernement. Alors, je ne peux pas être plus précis que cela.
Que faut-il faire face à cette urgence?
Je pense qu’il appartient aux autorités de répondre à cette question. Il faudra noter que certains parmi ceux qui détiennent les armes ont travaillé pour le pays. Ils seraient donc identifiables. Il appartient donc au gouvernement souverain d’estimer s’il est nécessaire d’organiser ou non une opération coup de point pour assurer la sécurité civile. L’objectif de notre programme est bien clair. Nous sommes là pour accompagner le gouvernement dans ses actions de consolidation de la paix, de la cohésion sociale et du développement durable. De notre côté, nous essayons de faire le maximum.
Toutes nos actions ne sont pas toujours couronnées de succès
Voulez-vous dire qu’il y a une défaillance du côté du gouvernement ?
Plutôt un retard! La fin de ce programme nécessite un double bilan. Le PNDDR doit présenter ses actions et l’Etat aura faire autant. A cinq mois de la fin, ce désarmement devrait atteindre plus de la moitié de ses objectifs. Je suis persuadé que les responsables de ce pays sont conscients du danger et je compte sur eux pour y trouver une solution.
Seriez-vous disposé à boucler le programme dans ces conditions?
Toutes nos actions ne sont pas toujours couronnées de succès quel que soit l’investissement humain, matériel et financier consenti. Jusqu’à la fin du programme, nous aurons assisté à la réintégration socioéconomique de nos bénéficiaires : ex FGA, victimes… Si pendant ce temps, si les autres prennent conscience du danger de la détention des armes et de la nécessité de bénéficier de la réintégration, nous pouvons toujours les récupérer.
Des coups de feu ont été tirés dans la région de Barakani-ouani il y a moins de deux mois. Quelle serait, selon vous, la contribution de la population dans le désarmement?
Elle devrait travailler avec les services de sécurité du pays dont la gendarmerie, l’armée et la police assistés par les autorités des entités de base dans le cadre d’échange d’informations.
BEN DHOIHIR CHABANE
COMMENTAIRES