Pas d'accord en vue lors des négociations contre la cherté de la vie, alors que certains commencent à y voir un pourrissement intention...
Pas d'accord en vue lors des négociations contre la cherté de la vie, alors que certains commencent à y voir un pourrissement intentionnel du conflit. | |
Les fréquents face à face Crédit photo : A.L./Malango |
Les négociations post visite ministérielleavaient repris samedi après midi à 15h30. Les parties étaient très confiantes à leur arrivée : « nous n'avons pas d'autre choix que de signer ! » déclarait Rifay Hamidouni, Association de consommateurs, « nous allons aboutir » déclaraient en c½ur les grands patrons mahorais. Et patatras, une nouvelle fois, une fois de trop pour que cela ressemble à un accident, tout à capoté : « l'accord ne sera pas signé en raison d'un désaccord sur 3 produits. Nous allons tout répercuter à notre base lundi » déclarait Hamidou Madi M'colo, UD FO.
Qu'est ce qui a coincé ? Le prix du sable est toujours âprement discuté, proposé à la baisse à 24 euros par IBS, et de 28 à 37 euros en fonction des sites par ETPC, les manifestants veulent le ramener à 20 euros. Du côté du gaz vendu par Total dont le prix de la bouteille est ramené à 25 euros, soit 20 euros avec l'aide aux plus bas revenus de la ministre, difficile de faire mieux avec un embouteillage à Maurice, qui ne permettrait pas de gagner davantage sur les marges. Troisième produit discuté, la viande, sur lequel il n'y jamais eu d'accord.
La solution proposée par le préfet Thomas Degos est de valider les prix des 8 produits sur lesquels il y a eu une entente, « pour traiter des 3 autres au sein d'un Observatoire des prix rénovés dans lequel seront intégrées des associations de consommateurs » assurait-il au téléphone. Ce sera également l'occasion, et comme l'a proposé la ministre, d'étudier les marges de toutes les structures de prix depuis le premier achat jusqu'à la vente et de dénoncer éventuellement les ententes illicites.
Mais l'intersyndicale oppose une nouvelle donnée : rallonger la durée d'application des baisses de prix obtenues, initialement demandée à un mois, puis prolongée à 3 mois, « pour la portée à la durée des discussions sur tous les prix, après la signature de l'accord, mais hors mouvement » expliquaitSalim Nahouda, CGT Ma. Auparavant, les syndicalistes ne veulent pas arrêter le mouvement tant qu'un accord n'est pas signé sur les 3 produits. « Hors de question de reprendre des négociations sur la baisse de ces 3 prix avec une manifestation en toile de fond, il faut l'entreprendre dans le cadre de l'observatoire des prix » rétorque Thomas Degos.
« Une barge qui n'est jamais arrivée »
Il est vrai que les discussions du jeudi soir s'étaient tenues dans un climat extérieur plutôt houleux, puisque la foule massée à 19h devant la Dieccte (direction du travail) exigeait une signature dans l'heure, malgré l'intervention du leader de la Cisma CFDT, Boinali Said. Et la barge sur laquelle se trouvaient les chefs d'entreprises samedi soir avait été empêchée d'atterrir en Grande Terre par de nombreux manifestants. Certains patrons avaient d'ailleurs été menacés par la suite en regagnant leurs voitures.
Cependant, les avancées sont certaines, « les manifestants nous ont applaudis samedi soir lors de l'annonce des nouveaux prix » constatait Salim Nahouda, mais c'est lundi matin que leur explication avec la « base » sera déterminante. La « base », cet élément flou et disparate, n'avait pas été préparée lors des précédentes annonces, « c'est parce que nous n'étions pas satisfaits nous-mêmes » se défend Salim Nahouda. Alors que, mandatés par cette base, ils ne devraient pas avoir besoin de ces allers retours qui mettent constamment en péril le moindre bout d'accord. Les deux points d'achoppement, sur les 3 produits et sur la durée de la baisse peuvent faire craindre à une poursuite du mouvement…
Pour Saïd Omar Oili, "les Mahorais sont trop longtemps restés silencieux"
« L'avenir de Said Omar Oili »
Pourquoi les syndicats, si proche de la signature, n'ont pas entériné samedi soir ? Une longue et étonnante interruption de séance peut laisser supposer que des contacts extérieurs les ont fait changer d'avis. Et un nom revient sur beaucoup de lèvres, celui du conseiller de Dzaoudzi-Labattoir, Said Omar Oili.
Connu pour son peu d'enclin à la départementalisation de Mayotte, le conseiller général de Dzaoudzi-Labattoir est justement accusé de vouloir bousculer les départementalistes pour reprendre le pouvoir avec ses proches. La première étape serait une récupération de l'électorat populaire. Contacté par Malango, Said Omar Oili s'en défend, arguant que « si la grève se poursuit, c'est que les Mahorais ne sont pas des petits toutous à qui on peut dicter n'importe quoi ! ».
Il est d'ailleurs très critique vis à vis des discours de la ministre Marie-Luce Penchard à l'assemblée nationale, comme à Mayotte, où il ne voit qu'un « discours belliqueux et plein de menaces » et s'il rappelle qu' « il faut savoir arrêter une grève », il nuance « les gens ne doivent pas ressortir frustrés ». Selon lui, si la cherté de la vie peut être imputable à la grande distribution, « il faut comprendre que des dépenses supplémentaires sont venues grever le budget des Mahorais, comme le téléphone portable ou les antennes paraboliques. Il faut éduquer la population : en métropole, tout le monde n'a pas un téléphone portable ! ».
Et s'il affirme qu'on ne le verra pas descendre dans la rue, « le travail d'un élu est dans l'hémicycle », il sourit sur les intentions qu'on peut lui prêter : « si c'était moi qui faisait descendre cette foule dans la rue, je n'aurais pas d'inquiétude sur ma réussite lors des prochaines législatives ! »…
Le mouvement ressemble maintenant à une lame de fond, entrainant très certainement sur son passage de nombreuses liquidations d'entreprises. La pression pour l'ouverture des magasins devient énorme car les réfrigérateurs et congélateurs sont vides. Il est donc possible que des magasins rouvrent mardi. Alors que « prés de 200 entreprises ont déjà lancé une demande de chômage partiel » signale Thomas Degos.
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