Ils étaient là, une vingtaine de jeunes fièrement debout sur la Place de l’indépendance avec leurs pancartes pour manifester leur ras-le-bo...
Ils étaient là, une vingtaine de jeunes fièrement debout sur la Place de l’indépendance avec leurs pancartes pour manifester leur ras-le-bol devant la crise née de la pénurie de carburant. Sur leurs écriteaux, on pouvait lire “Le dépannage n’est pas la solution“, “Les Comoriens en ont marre“, ou plus précis encore, “Pas de transport, pas d’eau, pas de carburant“.
La crise de carburant en a entrainé une autre, plus grave et plus profonde : l’incapacité de la société de l’électricité, la Ma-mwe, à assurer la fourniture régulière du courant. La capitale et les régions sont, en effet, soumis à un régime de délestages quasi-permanents. Depuis un mois, la pénurie a transformé Moroni en ville fantôme, où les gens se croisent dans les rues sans savoir exactement où ils vont. Le transport en commun ne fonctionne qu’épisodiquement et les taxis se comptent sur les doigts d’une main à Moroni. Les files de véhicules s’étendent à perte de vue devant les stations-services. Abdoulkarim Mahirat, d’un air assuré et calme, débite sa rancœur : “Nous sommes là jusqu’à ce que ça bouge ; On continuera à crier notre colère. On aimerait que les autorités soient prévenantes, mais on a plutôt l’impression qu’on ment honteusement à la population’’.
La pénurie va provoquer dans les mois à venir des conséquences désastreuses au niveau de l’économie du fait du ralentissement de l’activité économique, de la cessation d’activités des sociétés de services, des banques, de la difficulté d’acheminement des produits agricoles dans les marchés, mais aussi des pertes occasionnées dans les ruptures de la chaîne du froid pour la conservation des produits carnés et les produits dérivés congelés. Mahamoud Yasser, plus posé, parle d’avenir. “On aimerait se faire entendre, dire ce qui ne va pas et influer pour que ça change“. Les jeunes qui scandaient leurs mots d’ordre sur mégaphone se présentent comme un groupement appelé Wanantsi wa Komori. Parti des échanges sur facebook, la mayonnaise a vite pris. Mais, sur facebook les “beaux parleurs sont nombreux“, se sont-ils rendus comptes.
On trouve les habitués comme Faîza, Damed, les premiers à arriver Place de l’indépendance, mais les milliers de mécontents préfèrent décharger leur colère en ligne. C’est moins risqué que sur le pavé? Rendez-vous est pris demain encore. Sur la même place. D’autres jeunes et mêmes des syndicalistes ont promis de s’y associer. Dans le fond, la jeunesse refuse de se laisser marginaliser. Avec cette première manifestation, ils ont lancé un message. Ils veulent prendre part à l’avenir de leur pays, mais saura-t-on les comprendre et les impliquer? Ou faudra-t-il encore attendre comme dans d’autres contrées que le mécontentement explose et exige une table rase pour que les autorités prennent conscience que la jeunesse ne peut rester marginalisée. Alwatwan