Comme une nouvelle île de l’océan Indien, le cinéma comorien émerge. Pour l’instant, il n’y a sur l’archipel ni industrie cinématographiqu...
Comme une nouvelle île de l’océan Indien, le cinéma comorien émerge. Pour l’instant, il n’y a sur l’archipel ni industrie cinématographique, ni volonté politique d’en voir naître une, ni même, c’est plus ennuyeux, de salle de cinéma, les dernières ayant fermé dans les années 80. Le soir venu, les télévisions diffusent ou rediffusent des films hollywoodiens, bollywoodiens ou français, voire des telenovelas brésiliennes. Au mieux, les Comoriens visionnent un épisode d’une série populaire locale à tout petit budget, comme Shawararu, acheté sur le marché du DVD pirate. De toutes façons, ils se sont habitués à ne plus chercher leur image, les écrans la reflétant bien rarement.
L'Ivresse d'Une Oasis un film de Hachimiya... par livresseduneoasis
Pourtant, de jeunes utopistes n’ont pas renoncé à filmer les Comores. En 1997, un premier film, Baco de Mamadali et Fidaali, a circulé sur les écrans des festivals. Depuis, Ahmed Mze Boina, Mounir Allaoui, Mohamed Said Ouma ont suivi leurs traces. Mais, ces films sont encore si rares et si mal distribués que tout nouveau projet en provenance de l’archipel est salué comme un événement. C’est le cas de L’ivresse d’une oasis de Hachimiya Ahamada. La jeune femme, qui a grandi en France y revendique l’influence de Kurosawa, Satyajit Ray, et Pasolini, a mis cinq ans à produire ce documentaire qu’elle décrit comme une « quête identitaire ». Elle y retourne dans le village natal de son père et, face à une maison où elle n'a jamais vécu, s'interroge sur l' « héritage culturel » et « l’identité » des Comoriens et de leurs enfants.
Hachimiya Ahamada croit à la pédagogie. Pour elle, avant que le septième art ne trouve toute sa place dans l'archipel, « il faut commencer par sensibiliser le public » au langage cinématographique. Elle se réjouit donc d'un initiative nouvelle à la Grande Comore : le Festival International of Comoros, qui va « de village en village pour porter les films en priorité comorien vers le public comorien ». Son « envie de continuer », elle la puise en effet dans les rencontres qui suivent les projections. Premier débat et premières émotions ce week-end à la Mix Box ...
François Mauger
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