Une première. Un livre en arabe consacré à la question de Mayotte. “Parmi nos territoires occupées, l‘île comorienne de Mayotte“ de Dr. Ham...
Une première. Un livre en arabe consacré à la question de Mayotte. “Parmi nos territoires occupées, l‘île comorienne de Mayotte“ de Dr. Hamidou Karihila, ancien ambassadeur. Cent quatre-vingt-dix pages qui traitent de la question en revenant sur les aspects historiques, les motivations politiques et géostratégiques, mais aussi les conséquences de l’occupation sur l’instabilité permanente du nouvel Etat comorien et sur les relations avec ses voisins.
Publié par la maison d’édition Matabi Al Nahda de Mascat (Oman), le livre donne un éclairage complet et nouveau sur le sujet. L’ile comorienne de Mayotte, terre arabo-islamique, fut d’abord gouvernée par des dirigeants arabes et musulmans issus des tribus omanaises Al Nabhan et Al Moundhir avant que l’usurpateur malgache Andrian Tsouli ne se proclame sultan de l’ile en l’an 1836. Le ton est donné et la suite coule de source. Ce prince malgache qui avait obtenu asile politique à Mayotte après avoir été chassé de son île, usurpe le pouvoir et cède l’île comorienne aux Français par un traité signé, le 25 avril 1841, entre lui et le délégué de la France, Passot, moyennant une somme annuelle de cinq mille piastres et une prise en charge de deux de ses enfants pour poursuivre leurs études à Bourbon.
Dans ce livre, Dr Karihila révèle, en outre, que le Sultan Saïd Ben Sultan Alboussaidi (1806-1856), sultan d’Oman et Zanzibar, protecteur des princes et sultans musulmans dans la région a protesté vigoureusement contre cette concession auprès des autorités anglaises ayant la charge de faire respecter et préserver l’unité et l’intégrité territoriale de ses Etats conformément au traité passé en 1839 avec Mascate. Il a reçu, à sa demande, le consul anglais à Zanzibar Mr.Atkins Hamerton pour exprimer son mécontentement, dénonçant la politique française de démantèlement progressif de son empire sous l’œil indifférent de ses alliés anglais. Le ministre anglais des Affaires étrangères s’adressa à son homologue français F.Guizot pour exprimer la contestation de Sayed Saïd et lui rappeler l’engagement de son pays par rapport au respect de l’intégrité de l’empire d’Oman, donnant des instructions fermes au commandant de la station du Cap de mener une enquête sur la politique française aux Comores et sur l’authenticité de la cession de Mayotte à la France.
Depuis, la France décide d’étendre son influence et son hégémonie sur les trois autres îles en vertu des traités imposés aux sultans en 1886. Les quatre îles de la lune, devenues une colonie française rattachée à Madagascar en 1912, deviennent une colonie au sein d’une autre. En 1946, après la Seconde Guerre mondiale, l’archipel de Comores a été doté d’un statut de territoire l’outre mer et on lui a octroyé l’autonomie interne au début des années soixante du siècle dernier, jusqu’à la déclaration unilatérale d’indépendance, le 6 Juillet 1975, après une consultation organisée, en décembre de l’année précédente, dont le résultat a été de 95% en faveur de l’indépendance contre 5%.
Karihila revient sur l’histoire des Comores, en donnant d’autres faits d’histoires jusqu’ici inconnus et qui démontrent encore plus la dimension historique de la question de Mayotte. Dans son livre, la question de la balkanisation est traitée avec beaucoup de détails, expliquant la position géostratégique, lieu de passage des deux tiers du pétrole du Golfe vers l’Europe. Il aborde également les conditions de l’octroi de l’indépendance, les violations répétées du droit international et de la constitution française et le reniement français des accords convenus de Paris. Malgré les péripéties et l’usage de la force par la France, l’archipel des Comores est admis aux Nations Unies, à l’Organisation de l’unité africaine (aujourd’hui Union africaine), l’Organisation de la conférence islamique (Oci), au Mouvement des non-alignés, et à la Ligue des États arabes, avec ses quatre iles et sa souveraineté sur Mayotte.
Ce livre dénonce les lourdes conséquences de la marche forcée de la départementalisation, et les drames humanitaires qui s’en suivent avec les centaines de morts en mer, les expulsions des milliers de Comoriens dans leur propre pays et les détentions arbitraires dans le centre de rétention administrative (Cra). Ce livre sort à point nommé. Juste au moment où la question de Mayotte occupe une place de choix dans les conférences des Etats arabes et à la veille de l’Assemblée générale de l’Onu, en septembre prochain. Il permettra aux pays et peuples arabes de mieux comprendre et de s’approprier davantage la question dans toute sa dimension, historique politique et humaine.
AAA : alwatwan
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