Selon une survivante, une centaine de personnes sont mortes durant la traversée. L'Italie a demandé vendredi 5 août à l'OTAN de se m...
L'Italie a demandé vendredi 5 août à l'OTAN de se mobiliser après une nouvelle tragédie de migrants partis de Libye et morts par dizaines. Rome a réclamé une"enquête" sur un navire de l'Alliance qui n'aurait pas secouru le bateau ainsi qu'un élargissement de la mission de cette dernière au sauvetage des réfugiés.
Le ministère des affaires étrangères a annoncé dans un communiqué qu'il allait solliciter de l'OTAN "une enquête formelle"à propos d'une "polémique sur la non-assistance présumée à des bateaux de migrants fuyant la Libye".
Les autorités italiennes auraient, selon une source du ministère citée par l'agence ANSA, demandé l'intervention d'un bâtiment de l'OTAN qui se trouvait à 27 milles, soit 50 kilomètres, d'une embarcation en difficulté transportant des migrants, mais cette demande serait restée lettre morte.
TROIS CENTS MIGRANTS À BORD
Le bateau est arrivé jeudi à Lampedusa, après une traversée de près d'une semaine, avec plus de trois cents migrants à son bord. Plusieurs d'entre eux ont affirmé que des dizaines de passagers sont morts de faim et de soif pendant la traversée et que leurs corps ont été jetés à la mer.
Un porte-parole de l'OTAN à Naples, David Taylor, a nié tout refus d'intervention, soulignant que "l'OTAN répond et intervient toujours dans les situations d'urgence en conformité avec les dispositions du droit international". "Les commandants des navires de l'Alliance ont bien connaissance de ces lois et agissent dans le respect des normes qui régulent les actions à suivre pour les secours en mer", a-t-il ajouté.
Le chef de la diplomatie italienne, Franco Frattini, a demandé également de manière officielle l'ouverture d'une "discussion interne à l'OTAN" pour élargir sa mission au secours aux bateaux de migrants. Il a souhaité "une possible adaptation du mandat de la mission de sauvegarde des populations civiles en Libye (...) afin d'assurer la protection et le secours de ceux qui, à cause des combats, sont contraints de fuir sur des bateaux au péril de leur vie".
HOSPITALISER LES SURVIVANTS AU PLUS VITE
Jeudi, une rescapée marocaine dont l'identité n'a pas été révélée déclarait à l'agence ANSA : "Nous étions trois cents, mais une centaine, surtout des femmes, n'ont pas survécu, et les hommes ont été obligés de jeter leurs corps à la mer". Le témoignage de cette femme contredit les informations officielles fournies plus tôt par les gardes-côtes italiens, qui affirment avoir compté plus de trois cents survivants à bord du bateau.
Selon le commandant de la capitainerie de Lampedusa, "les vedettes des secours avaient vu flotter en mer dans la zone des opérations des vêtements, peut-être même des cadavres". Les gardes-côtes n'ont pas pu vérifier ces observations, car "il a fallu repartir pour transporter au plus vite les trois cents migrants, qui se trouv[ai]ent dans des conditions de santé précaires", a-t-il ajouté jeudi soir, soulignant qu'il n'était pas possible de lancer des recherches durant la nuit.
Le témoin fait partie du groupe de quatre femmes et un homme qui ont été héliportés sur l'île depuis le bateau, encore au large, pour être hospitalisés en urgence en raison de la gravité de leur état dû à la déshydratation et au choc des épreuves traversées. Un cadavre a également été découvert à bord du navire d'une vingtaine de mètres, qui dérivait à 90 milles de Lampedusa lorsqu'il a été secouru.
"AU MOINS MILLE CINQ CENTS MORTS" DEPUIS LA MI-MARS
Un remorqueur chypriote avait alerté les gardes-côtes. Il s'était éloigné après que plusieurs passagers se furent jetés à l'eau pour tenter de monter à son bord, puis avait lancé des canots de sauvetage à la mer pour leur venir en aide. Jeudi matin, un hélicoptère des gardes-côtes avait survolé le bateau libyen et largué de l'eau et des biens de première nécessité.
Le navire a finalement été secouru par quatre vedettes des gardes-côtes arrivées sur place à 14 h 40 et sur lesquelles les migrants ont été transférés pour être acheminés jusqu'à Lampedusa, où ils devraient arriver au cours de la nuit.
Selon le bureau du Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR) en Italie, au moins mille cinq cents migrants partis de Libye sur des embarcations de fortune ont disparu pendant la traversée de la Méditerranée, depuis le début des combats, à la mi-mars. En avril, deux cent cinquante migrants avaient trouvé la mort lors d'un naufrage au large de l'île. Lundi, vingt-cinq migrants, apparemment morts par asphyxie, ont été trouvés dans la salle des machines d'un bateau lui aussi en provenance de Libye.
AMÉLIORER LA COLLABORATION DES NAVIRES
Ces derniers mois, environ vingt-quatre mille réfugiés sont arrivés de Libye en Italie, selon Laura Boldrini, porte-parole du HCR, qui s'exprimait dans le quotiden Il Corriere della Sera. Auparavant,"ils partaient sur de petits bateaux pneumatiques qui ne pouvaient transporter que quelques dizaines de personnes". Mais l'afflux des réfugiés s'est intensifié, selon Mme Boldrini."Maintenant, sur nos côtes, arrivent d'énormes embarcations délabrées conduites par des marins sans expérience où s'entassent parfois jusqu'à huit cents personnes", dit-elle.
Le HCR demande "une amélioration de la collaboration entre les navires en Méditerranée", pour éviter de nouvelles tragédies. Mme Boldrini a, par ailleurs, souligné qu'"une partie seulement des migrants sont des réfugiés, alors que les autres sont des travailleurs originaires d'Afrique sub-saharienne arrivés en Libye avant la guerre en quête d'un travail". Il faut donc, selon elle, prévoir un système d'accueil légal, car "ils obtiendront difficilement l'asile politique et risquent de devenir des clandestins".le monde
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