Habitant à Oslo ou y étant pour des vacances, des internautes du Monde.fr témoignent de la violence de l'attentat à la bombe qui a fra...
Habitant à Oslo ou y étant pour des vacances, des internautes du Monde.fr témoignent de la violence de l'attentat à la bombe qui a frappé, vendredi 22 juillet, la capitale norvégienne. "Bruit assourdissant", "air irrespirable", "dégâts considérables", ils racontent ce qu'ils ont vu ou ressenti au moment de l'explosion.
- "Je n'ai pensé qu'à fuir", par Christine R.
J'étais dans un supermarché sur Lille Grensen, à 300 mètres du lieu de l'attentat, quand la première bombe a explosé. Le bruit a été assourdissant, tout le monde est sorti dans la rue, il y avait de la fumée, des gens éberlués, mais sur le coup pas de panique.
On a discuté avec les employés du magasin qui étaient sortis aussi, et je suis retournée à l'intérieur pour régler mes courses, que j'avais laissées en plan à la caisse. Une fois ressortie, au plus tard cinq minutes après, l'affolement a pris le dessus. Les gens courraient dans tous les sens, certains étaient blessés, beaucoup pleuraient.
L'air est devenu irrespirable, avec une forte odeur de poudre, et comme tout le monde à ce moment-là, je n'ai pensé qu'à fuir. Les vitrines ont éclaté à plusieurs centaines de mètres à la ronde, des secouristes nous conseillaient de marcher en plein milieu de la route de peur que d'autres explosions retentissent.
Il y avait une grande pagaille : les transports en commun continuaient à circuler, les ambulances et les voitures de police avaient du mal à accéder au lieu de l'explosion. Mais une demie-heure après, le calme était revenu. La police a patrouillé partout, cherché des colis suspects dans les poubelles, etc, mais les gens s'étaient remis de leurs émotions. Consigne a alors été donnée de rester dans nos hôtels pour la soirée. Aujourd'hui [samedi], je rentre à Paris, et tout semble normal, notamment à l'aéroport, où la sécurité n'a pas été renforcée.
- "Un bruit de tonnerre", par Laurent H.
Nous avons quitté notre domicile situé a 2 km du centre d'Oslo vers 15 h 20 lorsque nous avons entendu une énorme détonation faisant penser à un bruit de tonnerre. Ce n'est qu'en descendant vers le centre-ville où nous allions travailler que des collègues nous ont annoncé qu'il s'agissait d'une forte explosion dans le quartier ministériel d'Oslo qui se situe en plein centre-ville, a deux pas de Karl Johansgate, les Champs-Elysees locaux.
Nous avons constaté tout en approchant du centre-ville que les gens semblaient affolés et decontenancés par la nouvelle sans toutefois savoir de quoi il s'agissait réellement. Les premières images nous ont été communiquées sur nos Iphone environ huit minutes après l'explosion et le résultat est réellement accablant tant les dégâts sont considérables. Nous sentions une sorte de tension et de peur autour de nous, des jeunes gens en larmes, sous le choc de l'annonce et surtout une parfaite incompréhension. Tout est d'habitude si tranquille ici...
Je me suis alors dirigé vers mon lieu de travail se situant a 200 m de l'explosion mais la rue a dû être evacuée par mesure de sécurité et j'ai retrouvé mes collègues sur le port, un peu à l'écart du chaos. Tous étaient sous le choc et dans l'angoisse de l'annonce d'un attentat. Les thèses sur l'accident sont devenues de moins en moins viables au fur et a mesure des photos et annonces de dégâts que nous lisons sur nos téléphones. Au bout de 30 minutes, nous avons la confirmation qu'il s'agit d'un attentat.
- "Tout le monde est incrédule" par Yoann G.
Je me trouvais dans une boutique dans le quartier du Grønland (à 1,5 km de l'explosion) lorsque les portes ont claqué très violemment deux fois. Nous sommes restés totalement incrédules dans le magasin, croyant à un gros courant d'air. Deux minutes plus tard, aux alentours de 15 h 35, un paquet de voitures de police a déferlé dans la rue en direction du centre-ville. Nous n'avons entendu aucun bruit d'explosion.
A partir de là, tout le monde est incrédule. Les sirènes continuent de retentir partout (il est 19 heures). Les gens partagent leurs informations dans la rue et les réseaux sociaux s'agitent. Je vis à Oslo depuis deux ans, et je crois que cet événement va avoir un impact immense sur la société norvégienne. Ce pays vit dans un calme quasi permanent, et le sentiment de sécurité est ici immense. Il y a un an, je travaillais dans la rue pour une ONG juste à coté des bâtiments, à l'endroit même ou j'ai vu deux corps sur des photos relayées par Twitter. C'est insoutenable.
- Les premières minutes après l'explosion, par Clément R
Je travaille à 10 minutes à pied du lieu de l'explosion. On a d'abord cru à une explosion minime dans un bâtiment très proche, en voyant des vitres cassées. Dans un premier temps, on ne s'est pas douté de la gravité des choses. On a réalisé l'ampleur de l'événement en regardant sur Internet. Les journaux norvégiens ont d'abord montré des photos du bâtiment de VG : on a donc mis du temps à comprendre que c'était les bâtiments du premier ministre et pas ce journal qui étaient visés. Le centre ville a été bouclé mais les métros fonctionnaient et j'ai donc pu rentrer chez moi. Beaucoup de vitres cassées, même à plusieurs centaines de mètres du lieu. Ambiance calme pourtant, pas de cris, pas de panique réelle.
- "Jamais je n'aurais pu imaginer un truc pareil", par Xavier D.
Cela fait 11 ans que je vis en Norvège et jamais je n'aurais pu imaginer un truc pareil. Certes, la Finlande a connu deux épisodes semblables mais imaginer qu'un type fasse exploser une bombe d'une telle intensité pour attirer toute la police de la région sur Oslo et lui laisser le temps d'accomplir sa tâche sordide à Utøya... Non.
Nous étions en train de préparer nos valises chez nous quand l'explosion a eu lieu (à 800 m du quartier du gouvernement). Comme tout le monde, on a pensé à l'orage. Le quartier était calme malgré la secousse (on s'est bien fait secouer quand même). Les gens marchaient tranquillement dans la rue.
C'est lorsqu'on a entendu les sirènes et que les portables ont commencé à sonner que l'on a pris conscience de ce qu'il se passait. Nos amis qui travaillent en centre-ville se sont retrouvés démunis, sans consigne. Seule solution : appeler les amis pour obtenir des infos sur Internet ou trouver un lieu de refuge. Les rumeurs allaient bon train (le palais est attaqué, une bombe va exploser au Parlement...). Un léger sentiment de panique mais surtout le choc.
Et pendant que toutes les polices d'Akerhus et d'Oslo se dirigeaient vers le centre-ville, que tous les journalistes ne s'occupaient que d'une seule chose, un furieux prenait tranquillement le chemin inverse pour accomplir son véritable objectif.
- "J'ai tout de suite su que c'était une bombe", par Marion C.
J'étais à 100 m à vol d'oiseaux du lieu de l'explosion. Le choc a fait vibrer tout le bâtiment. Les magasins tout autour de la place ont eu leurs vitrines qui sont tombées. J'ai tout de suite su que c'était une bombe mais je ne savais pas d'où cela venait. Les gens sont sortis dans la rue et il y a eu très vite beaucoup de monde, la police a bloquée les rues qui allaient dans la direction de l'incident.
J'étais au premier étage d'un immeuble qui a bien resisté aux vibrations mais il y a eu un fin nuage de poussière quand je me suis approchée des fenêtres. J'étais en train de faire un enregistrement sonore au moment des faits et j'ai la déflagration sur cet enregistrement : c'est un son sourd mais le plus impressionnant est vraiment les vibrations que j'ai pu ressentir. Maintenant la ville est calme et tout le monde reste chez soi, en sécurité. Oslo qui est une ville si sûre en général est devenu en quelques heures une place chaotique.
LeMonde.fr
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