Le chiffre fait tourner la tête. Selon nos informations, les gendarmes et le policier mis en examen mercredi pour homicide involontaire et t...
Le chiffre fait tourner la tête. Selon nos informations, les gendarmes et le policier mis en examen mercredi pour homicide involontaire et trafic de stupéfiants auraient fait venir près de 300 kg d'héroïne d'Anjouan pour l'écouler ensuite à Mayotte. C'est cette même drogue qui a tué en janvier Roukia, une lycéenne âgée de 18 ans.
uand le corps de Roukia, 18 ans, a été retrouvé le 15 janvier à Trévani, au nord de Mamoudzou, les enquêteurs ne pensaient déjà pas avoir affaire à une overdose. Puis, quand les causes de la mort ont été connues, ils ne pensaient pas que les dealers présumés seraient des gendarmes. C'est pourtant deux militaires et un policier qui sont fortement soupçonnés d'avoir contribué à l'introduction d'héroïne dans les rues de Mamoudzou et dans les veines de Roukia. Mercredi, deux gendarmes et un policier ont été mis en examen pour homicide involontaire et pour "transport, cession, usage et détention de stupéfiants". Un troisième gendarme, commandant du Groupe d'intervention régionale (GIR) a été placé sous le statut de témoin assisté. Tout ce petit monde est ressorti libre du bureau du juge d'instruction, placé sous contrôle judiciaire, "faute de juge des libertés et de la détention qui était en congé", raconte estomaqué Me Saïd Larifou, avocat d'un autre mis en examen, indic du GIR, par qui le scandale est arrivé. Car c'est cet homme qui avait vendu la drogue à Mathias Belmaire, consommateur d'héroïne qui a partagé la dope avec la lycéenne. Mathias Belmaire a ensuite livré le nom de son fournisseur, le client de Me Larifou. Le fournisseur a fini par parler. Et là, il a livré une bombe. Si bien que les gendarmes mis en cause auraient tout fait pour que ce Comorien en situation irrégulière soit expulsé. "On était loin de penser que mon client s'approvisionnait à la gendarmerie", poursuit Me Larifou.
"Gens honnêtes, à respecter"
L'enquête permettrait d'établir une technique machiavélique si elle est avérée. Les gendarmes, depuis plusieurs années, feraient acheminer de la drogue à Mayotte depuis Anjouan. La petite île des Comores n'est pas une plaque tournante. L'héroïne arrive de Madagascar ou de Tanzanie. Les gendarmes sachant par où la drogue entre à Mayotte l'interceptent. Cela fait des bons chiffres à mettre dans les tableaux. Si bons qu'ils ont reçu, selon une dépêche de l'Agence France Presse (AFP), "une prime au mérite". Les gendarmes sont aussi poursuivis pour le chantage aux papiers. Car dans le cadre de leur relation avec leur indic, ils lui promettaient un titre de séjour. "C'est une affaire extrêmement grave, tonne Me Saïd Larifou. Il y a une jeune femme qui est décédée". Aujourd'hui, la défense essaierait de faire dépayser cette affaire. Me Larifou continue : "Nous nous opposons au dépaysement de ce dossier. C'est normal que ce dossier soit géré à Mayotte. Il faut que les Mahorais vivent cette réalité judiciaire." De son côté, Me Fatima Ousseni, l'avocate des gendarmes et du policier, a déclaré à l'AFP que la presse était "instrumentalisée" expliquant que ses clients étaient des "gens honnêtes, à respecter."
Nicolas Goinard
Graves dérapages d'agents de l'Etat
"Des gens n'ont pas compris qu'on était en France et que les mêmes règles s'appliquent dans la Creuse ou Mayotte". L'AFP rapporte ainsi les propos d'une source proche de l'enquête dans cette affaire de trafic de drogue. Cela s'adapte fort bien aux dernières affaires impliquant des fonctionnaires. Car depuis février, c'est l'hécatombe. On connaissait déjà les violations de domicile en dehors des heures légales dans le but de faire du chiffre dans la "chasse" à l'immigration clandestine.
La semaine dernière, ce sont six personnes qui ont été placées en garde à vue dans le cadre d'une enquête sur un trafic de vrais faux documents administratifs, des titres de séjour notamment. Quatre d'entre eux sont agents de la préfecture. Un autre est un fonctionnaire de la police aux frontières. Fin mars dernier, une première employée de la préfecture de Mayotte avait été mise en examen pour corruption dans ce dossier. Elle avait reconnu avoir reçu environ 8 000 euros en produisant les faux documents pour des ressortissants comoriens en situation irrégulière. Elle est depuis sous contrôle judiciaire. Ses complices sont tombés à leur tour après plusieurs mois d'enquête.
En février, une autre affaire a touché les services de police. Deux policiers du commissariat de Mamoudzou ont été placés en détention provisoire avant que l'un d'eux, resté une semaine en prison, soit libéré sur décision de la chambre de l'instruction. L'autre est soupçonné de violences sur des personnes en garde à vue, dont un adolescent de 15 ans. Il est également reproché aux deux policiers d'avoir commis de faux procès-verbaux dans des procédures, sans doute pour maquiller les faits de violences.
Alors pourquoi tant de libertés ? Un journaliste contacté par téléphone analyse : "On est loin de la Métropole. Et Mayotte a un petit côté Afrique. Ils se croient peut-être tout permis…"source:clicanoo
La semaine dernière, ce sont six personnes qui ont été placées en garde à vue dans le cadre d'une enquête sur un trafic de vrais faux documents administratifs, des titres de séjour notamment. Quatre d'entre eux sont agents de la préfecture. Un autre est un fonctionnaire de la police aux frontières. Fin mars dernier, une première employée de la préfecture de Mayotte avait été mise en examen pour corruption dans ce dossier. Elle avait reconnu avoir reçu environ 8 000 euros en produisant les faux documents pour des ressortissants comoriens en situation irrégulière. Elle est depuis sous contrôle judiciaire. Ses complices sont tombés à leur tour après plusieurs mois d'enquête.
En février, une autre affaire a touché les services de police. Deux policiers du commissariat de Mamoudzou ont été placés en détention provisoire avant que l'un d'eux, resté une semaine en prison, soit libéré sur décision de la chambre de l'instruction. L'autre est soupçonné de violences sur des personnes en garde à vue, dont un adolescent de 15 ans. Il est également reproché aux deux policiers d'avoir commis de faux procès-verbaux dans des procédures, sans doute pour maquiller les faits de violences.
Alors pourquoi tant de libertés ? Un journaliste contacté par téléphone analyse : "On est loin de la Métropole. Et Mayotte a un petit côté Afrique. Ils se croient peut-être tout permis…"source:clicanoo
COMMENTAIRES