Palais de Beit-Salam, le 6 juillet 2011 - Comoriennes, Comoriens, - Chers compatriotes, - Honorables Invités, En ce jo...
Palais de Beit-Salam, le 6 juillet 2011
- Comoriennes, Comoriens,
- Chers compatriotes,
- Honorables Invités,
En ce jour mémorable du 6 juillet 2011, nous célébrons le trente-sixième anniversaire de l'accession des Comores à la souveraineté internationale.
En ce moment symbolique de la vie de notre Nation, je voudrais d'abord adresser à chacun de vous, mes Chers concitoyens de l'intérieur et de la Diaspora, mes plus chaleureuses félicitations.
J'y ajoute les vœux ardents que je formule pour vos familles et pour ceux d'entre vous qui, ne peuvent pas participer à cette cérémonie, parce qu'ils connaissent le deuil, le chagrin ou le poids de la maladie.
Je voudrais, également, en votre nom et au mien, associer aux vœux de ce jour, nos frères et nos sœurs de Mayotte, et prier pour qu'Allah nous guide sur le chemin de l'unité et de la concorde et vers l'idéal de notre destin partagé.
Je voudrais, enfin, remercier nos partenaires bilatéraux et multilatéraux ainsi que tous nos invités, qui ont bien voulu rehausser de leur présence cette fête nationale, témoignage de leur attachement à notre pays et de leur accompagnement au processus de développement socio-économique de nos îles.
Mes Chers Compatriotes,
Nous avons un devoir de respect de la mémoire de nos prédécesseurs et nous devons nous garder de l'oubli afin de ne pas effacer la vérité sur une partie de notre histoire.
Nous devons de la reconnaissance à ces héros de notre indépendance pour leur bravoure et pour les sacrifices consentis, en faveur de l'unité nationale.
Ce serait donc manquer à un devoir de ne pas en citer certains parmi tant d'autres, en ce jour de commémoration : je veux nommer Feu le Président AHMED ABDALLAH ABDEREMANE, les membres de son Conseil de Gouvernement, les élus de la Chambre des Députés, les leaders et les militants des partis politiques de l'époque.
Un pays ne peut tracer la voie de son futur s'il ne s'éclaire dans le présent par la lumière du passé. C'est pourquoi, il faut nous appuyer sur notre histoire pour pouvoir faire face à l'avenir.
Ainsi, le moins que nous puissions faire, est de marquer notre reconnaissance à ceux qui sont vivant et à prier, constamment, à la mémoire de ceux qui nous ont quitté.
Mes Chers Compatriotes,
Je suis heureux et fier de présider à cette fête, pour la première fois, un peu plus d'un mois seulement après mon investiture à la Magistrature Suprême de notre pays et l'alternance exemplaire qui a eu lieu à la tête de l'Etat à cette occasion, à l'issue d'un processus électoral, reconnu par nos compatriotes et la communauté internationale, pour son caractère libre, démocratique et transparent.
Je suis également heureux et fier de présider à cette fête à un moment où l'unité nationale s'est raffermie, à un moment où l'autorité de l'Etat s'exerce sur les trois îles indépendantes et que les institutions de l'Union des Comores ont fait la preuve de leur solidité.
Pour toutes ces raisons, cette fête revêt donc un caractère particulier qui donne toutes les raisons d'espérer.
Toutefois, nous ne devons pas oublier que nous célébrons également notre indépendance, aujourd'hui, alors qu'elle reste inachevée.
L'occupation de l'île comorienne de Mayotte reste un handicap à la marche normale de l'Etat et à la construction progressive de la Nation, depuis la proclamation de notre indépendance.
Toutefois, la spécificité de nos relations avec la France fondées sur l'histoire, la langue et certaines valeurs communes fondamentales, ajoutée à la présence de centaines de milliers de nos compatriotes sur le territoire français, nous conduit à aménager un espace de dialogue et à engager des pourparlers en vue de trouver une solution au problème de Mayotte à l'amiable.
J'y ajoute la nouvelle approche que je préconise pour contribuer à la résolution de cette épineuse question de l'île Comorienne de Mayotte, à savoir la réconciliation des cœurs et des esprits à travers le dialogue entre nous et nos parents, nos frères et nos sœurs mahorais.
En effet, tout en poursuivant, sans relâche, la revendication légitime de l'intégrité territoriale de notre pays, par toutes les voies du droit, nous devons aujourd'hui créer le cadre et le climat qui puissent nous permettre, nous tous enfants de l'Archipel des Comores de nous parler, sans restriction, dans notre langue commune, pour lever la chape de plomb de méfiance qui s'est abattue sur nous voici trente-six ans.
Nous devons nous rappeler que les enfants nés en 1975, des deux côtés du mur dressé entre les mahorais et leurs compatriotes des autres îles, ont aujourd'hui trente-six ans. Trente-six ans marqués par toujours plus de méfiance, de séparation et de deuils.
En effet, des milliers des nôtres sont morts, juste pour avoir tenté de joindre une partie de ce qu'ils considèrent, à juste raison, comme une partie intégrante de leur territoire.
Nos frères et sœurs mahorais et nous, qui sommes condamnés à nous retrouver un jour, avons la capacité de mettre fin à cette tragédie si la volonté y est, de part et d'autre.
De même, nos frères et sœurs mahorais et nous, avons le devoir de préparer un avenir serein à nos enfants et aux générations futures.
Eux et nous serons alors amenés, tôt ou tard, à ce dialogue qui a été éludé depuis si longtemps. Pourquoi donc attendre ?
C'est pourquoi, j'appelle solennellement nos frères mahorais à ce dialogue qui sera, j'en suis convaincu, fructueux car tout y contribue notamment la géographie, la langue, la culture la religion et nos liens de sang.
Que l'on me comprenne : ce dialogue entre frères, ne signifie nullement l'abandon de notre revendication légitime sur l'île comorienne de Mayotte.
Etant persuadés que la paix, la stabilité et le développement socio-économique durables des Comores et de cette partie de l'Océan Indien sont conditionnés par la résolution juste de ce conflit territorial, nous ne devons pas, nous ne pourrons jamais abandonner notre juste revendication sur Mayotte.
Toutefois, j'estime que nous devons privilégier le dialogue entre nous et l'ancienne puissance coloniale.
Mes Chers Compatriotes,
L'unité nationale restaurée, l'autorité de l'Etat rétablie, l'alternance pacifique réalisée et la recherche d'une solution à la question de l'île comorienne de Mayotte relancée, nous devons nous consacrer au développement de notre pays.
En effet l'œuvre d'indépendance politique, pour être durable et crédible, doit s'accompagner de son complément indispensable qu'est la souveraineté économique. L'une ne va pas sans l'autre.
En comparant notre pays à nos voisins immédiats de l'Océan Indien et à certains pays d'Afrique et d'Asie, qui étaient au même niveau que nous à leur indépendance, nous nous apercevons qu'ils sont allés beaucoup plus vite et beaucoup plus loin que nous.
Certes, nous avons connu des périodes difficiles, marquées par les perpétuelles déstabilisations et des crises politiques. Mais cela ne doit pas constituer un obstacle perpétuel à la relance de notre développement.
Ainsi, le combat pour la libération n'est pas fini. Il se pose aussi en termes économiques et doit se gagner sur le front du développement.
C'est pourquoi cette année, la fête nationale sera dédiée à un thème cher à mes yeux, « ensemble pour le développement du pays ».
Ainsi, je souhaite attirer l'attention de tous les citoyens, sur l'organisation du combat pour le développement du pays engagé ces dernières années et la création des conditions de sa réussite.
Ces conditions, j'en entrevois plusieurs, les unes plus importantes que les autres. Toutefois, à mes yeux, une condition reste déterminante, parce que, d'elle, dépend la crédibilité de notre pays et la confiance de nos partenaires multilatéraux, à savoir, la moralisation de la vie publique et une lutte effective contre la corruption.
Avec la promulgation de la Loi relative à la transparence des activités publique, économique, financière et sociale de l'Union des Comores, j'ai donné à l'Etat l'instrument de la politique que j'ai tracée dans mon discours programme, pour moraliser la vie publique et la gestion des deniers de l'Etat.
Pour mettre en œuvre cette politique nationale de lutte contre la corruption, la nouvelle Loi institue la Commission Nationale de Prévention et de Lutte contre la Corruption (CNPLC) dont la mission est d'assurer la surveillance et le suivi de la mise en œuvre de la politique et de la stratégie nationale de lutte contre la corruption.
La Loi donne une garantie d'indépendance à cette Commission. Ses membres qui prêtent serment avant d'entrer en fonction, sont protégés contre toute forme de pression, intimidation provenant d'entités politique, économique ou autres.
Je demanderais, alors, à chacun de vous, de prendre ses responsabilités car en ce qui me concerne, j'entends prendre les miennes pour que notre pays soit débarrassé d'un fléau qui entravera tout effort de développement tant qu'elle persistera.
Inutile, alors, de vous dire qu'il ne servira à rien de se tourner vers moi pour trouver une solution pour ceux qui auront enfreint la loi et qui seront poursuivis par la Justice.
Plus que jamais l'indépendance de la Justice sera mon leitmotiv.
Mes Chers Compatriotes,
En célébrant les trente-six ans de l'indépendance de notre pays, je souhaite que, dans un effort à la fois individuel et collectif, nous identifions nos insuffisances pour pouvoir apporter les améliorations appropriées, afin de mieux prendre en charge le destin de nos compatriotes.
La gestion du quotidien, ne doit pas nous empêcher de nous projeter sur le futur et poser, ainsi, les jalons des Comores de demain.
Le combat pour le développement est un combat de longue haleine, une marche difficile, parsemée d'embûches, mais si nous y mettons de la volonté, le succès sera au bout de l'effort. Les pays émergeants que nous connaissons aujourd'hui, ont consenti beaucoup d'efforts et ont accepté de travailler plus.
Et pour bâtir les Comores que nous voulons, nous n'avons d'autre choix que de mener le combat du développement, dans l'unité et au-delà de nos divergences politiques.
Chacun, par son engagement patriotique et citoyen, par son courage au travail et sa réussite personnelle, peut contribuer de façon décisive à la prospérité et au bien-être commun de la Nation.
Personne, en effet, ne fera à notre place ce que nous ne sommes pas disposés à faire pour nous-mêmes. Aussi, tous ensemble, devons-nous prendre conscience qu'une dépendance économique prolongée nous mènera, inexorablement, vers la faillite de notre indépendance politique.
Dans un monde en profonde mutation, des possibilités de partenariats novateurs, mutuellement gagnant, s'offrent à nous. Nous ne devons pas laisser passer ces nouvelles opportunités.
Ainsi, nous devons continuer à raffermir les amitiés traditionnelles de notre pays. Notre diplomatie doit continuer à explorer la diversification de notre coopération tout en renforçant nos liens traditionnels avec nos partenaires et notamment ceux du monde arabe.
Avec l'Union Européenne, nous poursuivrons la mise en œuvre du dixième FED et nous renforcerons les nouveaux Accords de Coopération, notamment sur la pêche.
En Afrique, l'Union Africaine qui a fait des Comores sa vitrine depuis la libération de l'île d'Anjouan, nous entendons jouer à notre tour notre rôle, en rendant aux pays frères le bien qu'ils ont fait et en prenant plus de responsabilités, comme nous le faisons au sein de l'EASBRIG et, bientôt, au sein de la MINUAD au Soudan.
De même, nous poursuivrons notre engagement au sein de la Ummah Islamique, pour la défense de ses idéaux et le raffermissement de nos relations privilégiées avec le monde musulman.
Mes Chers Compatriotes,
Si je souhaite que tous ensemble et que chaque comorien, donne le meilleur de lui-même comme si le solde du bilan ne dépendait que de lui tout seul, c'est que les défis à relever sont immenses et nécessitent toutes nos énergies.
Comoriennes, Comoriens, Mes Chers Compatriotes,
Ensemble, la main dans la main, mettons nos forces et notre intelligence au service de la cause nationale pour le développement économique.
Et en peuple croyant, prions Allah Le Tout-Puissant pour qu'Il guide nos pas, toujours vers le bien-être, aussi bien dans ce monde que dans l'au-delà.
Vive l'Union des Comores, Vive la coopération internationale, Je vous remercie.
Source : Beit-Salam
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