"Une grande victoire" selon Oscar Temaru qui a réussi à réunir “au moins 30 élus” pour soumettre à l'assemblée une résolution...
"Une grande victoire" selon Oscar Temaru qui a réussi à réunir “au moins 30 élus” pour soumettre à l'assemblée une résolution demandant la réinscription de la Polynésie sur la liste de l'ONU des pays à décoloniser. Mercredi déjà, le président du Pays faisait adopter en conseil des ministres une résolution publiée en urgence hier dans un numéro spécial du JOPF. La commission des institutions de l’assemblée doit se réunir dès ce matin sur ce dossier avant l'examen en séance plénière le 23 juin. Levée de boucliers immédiate du camp autonomiste contre cette marche forcée sans consultation.
Selon l'UPLD, ils sont au minimum 30 élus à soutenir la résolution qui doit être examinée en commission des institutions ce matin
Le Fetia Api, To Tatou Ai'a et Ia Ora te Fenua la qualifient d'inopportune, "en total décalage avec les préoccupations de nos concitoyens"
L'UPLD de son côté minimise cette résolution en soulignant que si c'est un pas vers l'indépendance, celle-ci "ne se fera pas de suite"
Le Fetia Api, To Tatou Ai'a et Ia Ora te Fenua la qualifient d'inopportune, "en total décalage avec les préoccupations de nos concitoyens"
L'UPLD de son côté minimise cette résolution en soulignant que si c'est un pas vers l'indépendance, celle-ci "ne se fera pas de suite"
"Nous sommes aujourd'hui 30 à avoir signé la demande de réinscription. C'est pour nous une date historique.”
ARCHIVES LNT
Finalement ! L'UPLD d'Oscar Temaru, pour la première fois, serait parvenu à rassembler une majorité des voix de l'assemblée de la Polynésie française pour faire passer une proposition de résolution demandant la réinscription de la Polynésie sur la liste des pays à décoloniser. Hier, sourire aux lèvres, le président du Pays, Oscar Temaru, annonçait fièrement avoir au minimum 30 voix, dont celle de Chantal Galenon. “Pour nous en tout cas, c'est déjà une grande victoire de réunir autant de signataires. C'est un dossier que j'ai initié depuis 33 ans, depuis 1978. Pour moi, c'est une victoire. Une grande victoire suite à un soutien démocratique”, insistait le président du Pays. Et l'UPLD espère bien que les débats se tiendront lors de la séance du 23 juin.
Le groupe UPLD qui dépose cette proposition très critiquée, se félicite de la “volonté croissante des représentants de l'assemblée de la Polynésie française, pour que la Polynésie, à l'instar de la Nouvelle-Calédonie, soit réinscrite sur la liste des territoires à décoloniser. Cette réinscription entraînera un contrôle par les Nations unies de l'évolution de la Polynésie, non seulement sur le plan institutionnel, mais aussi sur le plan des conditions de développement économique et social. Et de poursuivre : “Concrètement, la France aura une obligation envers la communauté internationale : elle devra communiquer régulièrement des renseignements sur l'évolution de notre pays et coopérer sans réserves avec le comité spécial chargé du suivi à l'ONU”.
Le timing de l'annonce de l'UPLD n'est pas complètement tombé du ciel, et témoigne sans doute d'appuis au niveau national. Valentina Cross et Lanah Tama étaient récemment à Paris et ont réaffirmé aux cadres du Parti Socialiste qu’en Polynésie, ils pourront compter sur le Tavini pour mobiliser en vue du changement aux élections présidentielles de mai 2012. Les deux élues ont rappelé “que les Polynésiens dans leur grande majorité, souhaitent plus que jamais écrire eux-mêmes leur histoire, et que la page de la “république coloniale” doit être définitivement tournée.”
Le débat à l'assemblée promet un peu de sport. Vito Maamaatuaiahutapu expliquait que cette proposition serait d'abord étudiée devant la commission des institutions aujourd'hui même. Ia Ora te Fenua, le parti de Jean-Christophe Bouissou, rappelle le respect des règles de convocation des séances de commissions. “Les commissions doivent être convoquées au moins 72 heures avant leur réunion. Ce délai doit permettre aux représentants d'avoir le temps de s'informer des dossiers à l'ordre du jour et de faire les consultations nécessaires”, souligne le parti. Le Fetia Api de Philip Schyle s'interroge : “Le peuple polynésien a-t-il été consulté pour que la Polynésie française soit inscrite sur la liste des pays et territoires non autonomes de l’ONU ? Non. Est-ce la priorité du peuple polynésien ? Non”. Même son de cloche du côté de To Tatou Ai'a. “Ce texte est complètement hors de propos et en total décalage avec les préoccupations de nos concitoyens. Il nous apparaît plus utile de travailler sur des projets à vocation sociale, économique, pour donner de l’emploi à nos jeunes et leur offrir, enfin, des perspectives d’avenir”, explique le parti de Gaston Tong Sang. Et de conclure : “Dans cette épreuve de force qu’entament le Tavini et son allié socialiste avec l’État, dans le cadre de la réforme statutaire, encore une fois, c’est la population qui perdra !”
Inscription, et après ? Une fois un territoire inscrit (ou réinscrit, dans le cas de la Polynésie française) sur la liste des pays et territoires à décoloniser, l'ONU examine les “progrès” réalisés par ces territoires, non seulement dans leur capacité à s’administrer eux-mêmes, mais aussi dans leur développement et leur prospérité. Même si les territoires français qui ont obtenu leur indépendance poursuivent un processus d'autodétermination (Djibouti, Comores) ont tous figuré à un moment sur cette liste, l'inscription n'est ni une condition, ni une garantie d'accession à l'indépendance. “Ni la puissance administrante, ni l'organisation internationale ne peut retarder ni faire accélérer l'évolution du territoire dans un sens comme dans l'autre”, expliquait l'avocat Philippe Neuffer, spécialiste des relations statutaires, soulignant ainsi l'impuissance de l'ONU à faire appliquer ses recommandations. “L'inscription permet de faire le point avec un accompagnement international : est-ce qu'on est réellement colonisé dans tel ou tel domaine, économique, culturel, etc. Ça permet de séparer le fantasme du réel. Cette question qui est en réalité plus technique que politique.” La présence sur cette liste implique simplement l’exercice du droit à l’autodétermination. L'inscription ne change donc rien au fait que l’indépendance souhaitée par Oscar Temaru ne pourra passer que par le vote majoritaire de la population dans le cadre d’un processus d’autodétermination. Article 53, alinéa 3 de la constitution : “Nulle cession, nul échange, nulle adjonction de territoire n’est valable sans le consentement des populations intéressées”. Un référendum, donc. Mais avant d'en arriver là, encore faudrait-il que les indépendantistes présentent un véritable projet. Où sont les fameux “accords de Tahiti nui” ? En Polynésie, les populations intéressées restent encore dans l'attente d'un véritable projet de société.
Le texte paru hier au Journal officiel de la Polynésie française
RÉSOLUTION DU CONSEIL DES MINISTRES
"Objet : Soutien à la réinscription de la Polynésie française sur la liste ONU des pays et territoires non autonomes en vertu de l'article 73 de la Charte des Nations unies.
En 1947, la Polynésie était retirée unilatéralement et sans consultation aucune du peuple polynésien de la liste ONU des pays et territoires à décoloniser. Il s'agissait là d'une décision anti-démocratique, à l'opposé des principes et valeurs du pays des droits de l'homme.
Pendant de trop nombreuses années, ni l'assemblée de la Polynésie, ni son gouvernement ne sont parvenus à formuler de manière claire leur opposition à cet état de fait.
Aujourd'hui marque un tournant décisif dans l'histoire récente de notre pays.
En effet, le gouvernement de la Polynésie française au travers de son conseil des ministres prend acte de la volonté croissante des représentants de l'assemblée de Polynésie, et de notre peuple, de voir notre pays réinscrit sur la liste des pays et territoires à décoloniser de l'ONU.
Le gouvernement se félicite de cette évolution des consciences politiques et affirme son soutien total non équivoque à cette initiative. Il s'associe pleinement à ce qui constitue, à l'évidence, le sens même de l'histoire.
Les instances législatives et exécutives de notre pays sont à ce jour réunies et expriment d'une même voix leur volonté de voir réinscrire la Polynésie française sur la liste des pays et territoires non autonomes, en vertu de l'article 73 de la Charte des Nations unies.
Fait à Papeete, le 15 juin 2011
Le Président de la Polynésie française
Oscar Manutahi Temaru
"Objet : Soutien à la réinscription de la Polynésie française sur la liste ONU des pays et territoires non autonomes en vertu de l'article 73 de la Charte des Nations unies.
En 1947, la Polynésie était retirée unilatéralement et sans consultation aucune du peuple polynésien de la liste ONU des pays et territoires à décoloniser. Il s'agissait là d'une décision anti-démocratique, à l'opposé des principes et valeurs du pays des droits de l'homme.
Pendant de trop nombreuses années, ni l'assemblée de la Polynésie, ni son gouvernement ne sont parvenus à formuler de manière claire leur opposition à cet état de fait.
Aujourd'hui marque un tournant décisif dans l'histoire récente de notre pays.
En effet, le gouvernement de la Polynésie française au travers de son conseil des ministres prend acte de la volonté croissante des représentants de l'assemblée de Polynésie, et de notre peuple, de voir notre pays réinscrit sur la liste des pays et territoires à décoloniser de l'ONU.
Le gouvernement se félicite de cette évolution des consciences politiques et affirme son soutien total non équivoque à cette initiative. Il s'associe pleinement à ce qui constitue, à l'évidence, le sens même de l'histoire.
Les instances législatives et exécutives de notre pays sont à ce jour réunies et expriment d'une même voix leur volonté de voir réinscrire la Polynésie française sur la liste des pays et territoires non autonomes, en vertu de l'article 73 de la Charte des Nations unies.
Fait à Papeete, le 15 juin 2011
Le Président de la Polynésie française
Oscar Manutahi Temaru
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