Un timbre grave à la profondeur inouïe, une plastique de rêve, et des textes qui témoignent en anglais d'amours brisées ou du destin tr...
Un timbre grave à la profondeur inouïe, une plastique de rêve, et des textes qui témoignent en anglais d'amours brisées ou du destin tragique de l'Afrique... Ex-top model international, la chanteuse et songwriteuse Imany a eu plusieurs vies avant de se consacrer à la musique. Son premier album, le bouleversant The Shape of the Broken Heart, s'épanouit à la croisée du folk et de la soul avec une grâce et une élégance stupéfiantes. Le 20 juin, Imany livrera un concert exceptionnel sur la petite scène du Studio SFR. Rencontre.
Comment se déroulera votre live au Studio SFR ?
Nous serons en formation de choc : le guitariste Stefan Goldman, le bassiste Stéphane Castry, la violoncelliste Valentine Duteil et le batteur Rémi Joutard m'accompagneront au micro. Le reste du temps, je chante seule accompagnée à la guitare nylon par mon complice Taofik Farah. Et quand la scène est plus grande, nous nous produisons à deux violoncelles, deux guitares, acoustique et électrique, une basse et une batterie. Pour le coup, c'est ce que j'appelle la formation idéale d'Imany. Aujourd'hui, je rêve d'ajouter des percussions pour donner plus de couleur au live.
Nous serons en formation de choc : le guitariste Stefan Goldman, le bassiste Stéphane Castry, la violoncelliste Valentine Duteil et le batteur Rémi Joutard m'accompagneront au micro. Le reste du temps, je chante seule accompagnée à la guitare nylon par mon complice Taofik Farah. Et quand la scène est plus grande, nous nous produisons à deux violoncelles, deux guitares, acoustique et électrique, une basse et une batterie. Pour le coup, c'est ce que j'appelle la formation idéale d'Imany. Aujourd'hui, je rêve d'ajouter des percussions pour donner plus de couleur au live.
Vous ne jouez vous-même jamais d'instrument sur scène ?
Non, je n'ai pas encore l'assurance suffisante... En fait, je ne suis mise à la guitare il y a seulement quelques mois car ça m'aide à écrire mes chansons. L'été dernier, j'étais en vacances aux Comores dans ma famille et j'ai demandé à un petit mec de 24 ans de m'apprendre quelques accords. Tous les matins, pendant trois semaines, on jouait ensemble. Aujourd'hui, j'apprends à me perfectionner, car je ne viens pas de la musique à la base, mais de la mode. D'ailleurs jusqu'à l'année dernière, j'étais terrorisée à l'idée de monter sur scène et je n'y trouvais alors aucun plaisir. Mais depuis cette année, un déclic s'est produit et j'ai beaucoup plus confiance en moi. Aujourd'hui, quand je ne monte pas sur scène pendant quelques semaines, ça me manque.
Non, je n'ai pas encore l'assurance suffisante... En fait, je ne suis mise à la guitare il y a seulement quelques mois car ça m'aide à écrire mes chansons. L'été dernier, j'étais en vacances aux Comores dans ma famille et j'ai demandé à un petit mec de 24 ans de m'apprendre quelques accords. Tous les matins, pendant trois semaines, on jouait ensemble. Aujourd'hui, j'apprends à me perfectionner, car je ne viens pas de la musique à la base, mais de la mode. D'ailleurs jusqu'à l'année dernière, j'étais terrorisée à l'idée de monter sur scène et je n'y trouvais alors aucun plaisir. Mais depuis cette année, un déclic s'est produit et j'ai beaucoup plus confiance en moi. Aujourd'hui, quand je ne monte pas sur scène pendant quelques semaines, ça me manque.
Comment êtes-vous devenue top-model ?
A la fin des années 90, je venais de décrocher le bac je me suis dit que ce serait beaucoup mieux que de bosser au Mac Do. C'était juste un boulot d'appoint au départ. Quelques mois plus tard, on m'a sollicitée pour des défilés à Milan, puis proposé de m'installer à New York... C'était super excitant ! Mais très vite, j'ai vécu de longues périodes de désespoir durant lesquelles je n'avais aucun contrat de travail. Plus le temps avançait, plus je me rendais compte que la grande carrière du top-model qui gagne 60 000 euros par mois ne serait pas pour moi. Ce n'était pas mon destin et ça m'ennuyait profondément. J'ai donc repensé à un vieux rêve enfoui en moi depuis des années : faire de la musique. Je me suis inscrite à des cours de chant et de théâtre. Puis, j'ai rencontré Josh Altman, un jeune musicien qui jouait de la guitare. Nous avons écrit des chansons ensemble, dont Lost My Keys qui raconte comment je me suis retrouvée un soir larguée par ma bookeuse de l'époque devant un immeuble milanais. J'avais les clés, mais ce n'était pas la bonne porte. J'ai dû dormir dehors avec toutes mes valises. Ça a été très dur. En 2007, quand j'ai enfin quitté New York, il était hors de question pour moi de rentrer les mains vides.
A la fin des années 90, je venais de décrocher le bac je me suis dit que ce serait beaucoup mieux que de bosser au Mac Do. C'était juste un boulot d'appoint au départ. Quelques mois plus tard, on m'a sollicitée pour des défilés à Milan, puis proposé de m'installer à New York... C'était super excitant ! Mais très vite, j'ai vécu de longues périodes de désespoir durant lesquelles je n'avais aucun contrat de travail. Plus le temps avançait, plus je me rendais compte que la grande carrière du top-model qui gagne 60 000 euros par mois ne serait pas pour moi. Ce n'était pas mon destin et ça m'ennuyait profondément. J'ai donc repensé à un vieux rêve enfoui en moi depuis des années : faire de la musique. Je me suis inscrite à des cours de chant et de théâtre. Puis, j'ai rencontré Josh Altman, un jeune musicien qui jouait de la guitare. Nous avons écrit des chansons ensemble, dont Lost My Keys qui raconte comment je me suis retrouvée un soir larguée par ma bookeuse de l'époque devant un immeuble milanais. J'avais les clés, mais ce n'était pas la bonne porte. J'ai dû dormir dehors avec toutes mes valises. Ça a été très dur. En 2007, quand j'ai enfin quitté New York, il était hors de question pour moi de rentrer les mains vides.
Qu'avez-vous ramené dans vos valises ?
Une démo de cinq titres, une petite expérience scénique dans des clubs de Manhattan et surtout une grosse envie de prouver à ceux qui m'attendaient que je pouvais y arriver. J'ai grandi dans une famille comorienne musulmane de dix enfants dans une banlieue parisienne. Mon père était militaire de carrière et m'a dispensé une éducation très rigide où l'art n'était pas considéré comme un métier. Après m'avoir laissée partir à New York, mes parents n'ont cessé de me demander de rentrer en France pour reprendre des études. Voilà pourquoi, je me devais impérativement de les rendre fiers avec un vrai projet. Ca m'a donné la rage pour réussir dans la musique. Aujourd'hui, ils sont très fiers de moi. D'ailleurs, mon père a participé à Take Care, la dernière chanson de en m'aidant à trouver les bons mots en comorien.
Une démo de cinq titres, une petite expérience scénique dans des clubs de Manhattan et surtout une grosse envie de prouver à ceux qui m'attendaient que je pouvais y arriver. J'ai grandi dans une famille comorienne musulmane de dix enfants dans une banlieue parisienne. Mon père était militaire de carrière et m'a dispensé une éducation très rigide où l'art n'était pas considéré comme un métier. Après m'avoir laissée partir à New York, mes parents n'ont cessé de me demander de rentrer en France pour reprendre des études. Voilà pourquoi, je me devais impérativement de les rendre fiers avec un vrai projet. Ca m'a donné la rage pour réussir dans la musique. Aujourd'hui, ils sont très fiers de moi. D'ailleurs, mon père a participé à Take Care, la dernière chanson de en m'aidant à trouver les bons mots en comorien.
Que s'est-il passé entre votre retour en 2007 et la sortie de l'album ?
Ma soeur Fatou est devenue ma manageuse et j'ai croisé plein d'anges gardiens sur la route. Après un concert new-yorkais de Nawal M'Lanawo, une artiste world comorienne géniale, j'avais confié ma démo à son frère contrebassiste qui m'a proposé sa carte au cas où je chercherais des musiciens à mon retour en France. Je l'ai évidemment rappelé et grâce à son aide, j'ai fait quelques petites scènes parisiennes, jusqu'à ce le producteur N'Diaye me repère au Sentier des Halles en juin 2008... Tout s'est donc passé assez vite. Nous avons beaucoup travaillé sur le répertoire et le live, puis nous avons enregistré l'album en studio en juillet 2010.
Votre album s'intitule The Shape of the Broken Heart, c'est du vécu ?
Oui, mais pas que... En fait, un jour, j'ai dessiné l'Afrique les yeux fermés. Je me suis rendue compte ensuite qu'elle avait la forme d'un coeur brisé et l'inspiration a coulé de source. Les couleurs de cette chanson représentent bien l'ensemble de l'album. Il y a de la mélancolie et de l'espoir en même temps. Je n'ai pu m'empêcher de chanter le destin de cette terre brisée et des nombreuses femmes qui, chaque jour, y enterrent leurs enfants.
Oui, mais pas que... En fait, un jour, j'ai dessiné l'Afrique les yeux fermés. Je me suis rendue compte ensuite qu'elle avait la forme d'un coeur brisé et l'inspiration a coulé de source. Les couleurs de cette chanson représentent bien l'ensemble de l'album. Il y a de la mélancolie et de l'espoir en même temps. Je n'ai pu m'empêcher de chanter le destin de cette terre brisée et des nombreuses femmes qui, chaque jour, y enterrent leurs enfants.
Quelles sont vos plus grandes influences musicales ?
Tracy Chapman, Billie Holyday et Nina Simone. Ces femmes me touchent car elles sont à vif et posent leurs tripes sur la table. Leurs voix ne sont pas parfaites, souvent éraillées, et leurs petites imperfections m'arrachent le coeur. Adolescente, j'ai également eu ma grosse période hip-hop. J'écoutais le Wu Tang Clan ou 2Pac pour leur côté revendicateur et leurs arrangements. J'adore aussi Bob Dylan pour la sincérité et la poésie de ses textes.
Tracy Chapman, Billie Holyday et Nina Simone. Ces femmes me touchent car elles sont à vif et posent leurs tripes sur la table. Leurs voix ne sont pas parfaites, souvent éraillées, et leurs petites imperfections m'arrachent le coeur. Adolescente, j'ai également eu ma grosse période hip-hop. J'écoutais le Wu Tang Clan ou 2Pac pour leur côté revendicateur et leurs arrangements. J'adore aussi Bob Dylan pour la sincérité et la poésie de ses textes.
La gravité et la profondeur de votre voix est reconnaissable en mille. Comment la gérez-vous ?
A vrai dire, je l'ai très longtemps vécue comme un complexe. Enfant, on m'imitait souvent en prenant une voix d'ogre et j'ai fini par ne plus oser parler. C'est en écoutant Tracy Chapman que j'ai compris que ça pourrait devenir un atout. D'ailleurs, la première fois que je l'ai entendue à la radio, j'ai cru que c'était un garçon...
A vrai dire, je l'ai très longtemps vécue comme un complexe. Enfant, on m'imitait souvent en prenant une voix d'ogre et j'ai fini par ne plus oser parler. C'est en écoutant Tracy Chapman que j'ai compris que ça pourrait devenir un atout. D'ailleurs, la première fois que je l'ai entendue à la radio, j'ai cru que c'était un garçon...
Les podiums vous ont-il donné confiance pour la scène ?
Pas du tout. La mode est un milieu très dur où l'on passe son temps à critiquer les modèles en disant qu'ils sont trop minces ou trop gros, trop grands ou trop petits... On finit par se sentir comme un vulgaire objet. J'endossais un personnage en portant des vêtement qui ne m'appartenaient pas. Alors que dans la musique, j'estime être vraiment moi-même. D'ailleurs, je me sens complètement à poil sur scène. En tout cas, je ne regrette rien. Je me vois comme un chat qui a déjà sept vies. Ça a été parfois très dur, mais cette épreuve m'a permis de trouver la force nécessaire pour me reconvertir dans la musique.
Pas du tout. La mode est un milieu très dur où l'on passe son temps à critiquer les modèles en disant qu'ils sont trop minces ou trop gros, trop grands ou trop petits... On finit par se sentir comme un vulgaire objet. J'endossais un personnage en portant des vêtement qui ne m'appartenaient pas. Alors que dans la musique, j'estime être vraiment moi-même. D'ailleurs, je me sens complètement à poil sur scène. En tout cas, je ne regrette rien. Je me vois comme un chat qui a déjà sept vies. Ça a été parfois très dur, mais cette épreuve m'a permis de trouver la force nécessaire pour me reconvertir dans la musique.
Quels liens entretenez-vous aujourd'hui avec votre pays d'origine ?
Je n'étais pas allée aux Comores depuis dix ans. La vie passe décidément beaucoup trop vite... Mes parents s'y sont installés définitivement pour prendre leur retraite. Ils habitent une grande maison en pleine forêt. C'est un pays très pauvre et très peu touristique, mais ce n'est pas non plus la grande misère car il existe une grande solidarité sur place. Là-bas, je me sens complètement déconnectée du monde car il n'y a pas internet, ni le téléphone. Finalement, c'est peut-être naïf à dire, j'ai réalisé que je n'avais pas besoin de grand chose pour être heureuse et ce détachement matériel me procure une réelle sensation de liberté. Les journées sont simples. On se lève, on joue de la guitare entouré d'enfants, on écoute les histoires des anciens, on parle de tout et de rien ou on apprend à cuisiner un plat local avec une tante... Mon dernier séjour m'a tellement ressourcée que je veux désormais y aller chaque année.
Je n'étais pas allée aux Comores depuis dix ans. La vie passe décidément beaucoup trop vite... Mes parents s'y sont installés définitivement pour prendre leur retraite. Ils habitent une grande maison en pleine forêt. C'est un pays très pauvre et très peu touristique, mais ce n'est pas non plus la grande misère car il existe une grande solidarité sur place. Là-bas, je me sens complètement déconnectée du monde car il n'y a pas internet, ni le téléphone. Finalement, c'est peut-être naïf à dire, j'ai réalisé que je n'avais pas besoin de grand chose pour être heureuse et ce détachement matériel me procure une réelle sensation de liberté. Les journées sont simples. On se lève, on joue de la guitare entouré d'enfants, on écoute les histoires des anciens, on parle de tout et de rien ou on apprend à cuisiner un plat local avec une tante... Mon dernier séjour m'a tellement ressourcée que je veux désormais y aller chaque année.
Dans l'état-civil, vous vous appelez Nadia. Pourquoi Imany ?
Mon prénom étant très couru dans la mode, j'ai choisi celui d'Imany. Cela signifie la foi en swahili et en arabe... Le hasard fait bien les choses.
Mon prénom étant très couru dans la mode, j'ai choisi celui d'Imany. Cela signifie la foi en swahili et en arabe... Le hasard fait bien les choses.
TÉLÉCHARGEZ LE NOUVEL ALBUM D'IMANY, THE SHAPE OF A BROKEN HEART ! |
COMMENTAIRES