Dans un rapport national sur le développement humain, du Programme des Nations Unies pour le Développement, paru en 2001, on peut lire ceci, concernant la gouvernance : « Il faut, en premier lieu définir ce qu’on entend par « gouvernance ». De manière générale, la « gouvernance » traduit la manière dont l’autorité et le contrôle s’exercent dans un pays. Elle concerne la façon de gérer les ressources disponibles et peut, pour cela, s’appuyer sur des traditions comme sur des institutions. Ceci montre son caractère ambivalent qui prend en compte autant les aspects culturels, support de la tradition, que les mécanismes de gestion moderne, pour construire un mode de gestion optimal.
Cette ambivalence présente aux Comores où cohabitent un système moderne de gestion par l’Etat et un système traditionnel réglementant fortement la vie des individus peut avoir des conséquences positives comme négatives.
Conséquences positives, car on peut rendre la gestion plus performante en tirant parti simultanément des deux systèmes pour imaginer les composantes d’une « bonne gouvernance » propre à la société comorienne.
Conséquences négatives, car elle peut être aussi, malheureusement, source de confrontation permanente entre les valeurs des deux systèmes, et enclencher des décisions inappropriées de « mauvaise gouvernance » et de comportements de corruption. Dans ce cas, il peut y avoir perversion du fonctionnement de l’Etat, et de la démocratie, par le système traditionnel. »
Il est connu que dans les îles de la lune, tous les régimes passés se sont cassés les dents en essayant de trouver le juste équilibre entre ces deux systèmes. En dernier ressort  c’est le système traditionnel qui s’en sort mais avec des mutations qui le rendent toujours plus sournois dans la façon dont il maintient la société sous son emprise. Ce système traditionnel qui est partout, casse toute velléité de sa remise en cause. C’est un  système qui s’auto reproduit  tel un monstre à plusieurs têtes.  Tout ce que le pays compte de cadres et d’intellectuels passe à la moulinette et croit ainsi trouver le salut en devenant un homme parfait « Mdru mdzima ».
Si personne n’a rien à redire à ce qu’une société donnée s’attache à ses traditions, on se doit dans une certaine mesure, à un certain moment, d’essayer de faire la part des choses. Dans un pays où les ressources tant humaines que naturelles sont loin d’être les  moindres mais où la bougie est de rigueur, où plus de la moitié de la population ne mange pas à sa faim et où l’on assiste à des débats sans fin sur la politique, on a l’impression étrange de vivre sur une autre planète.
Doit-on continuer à se fermer les yeux et croire que les choses finiront par s’arranger d’elles-mêmes dans le meilleur des mondes ? Ne doit-on pas en finir avec cette mauvaise foi qui nous a toujours caractérisés? Devons-nous continuer à croire que nos querelles byzantines sont la solution à nos problèmes ? Autant de questions qui doivent nous interpeller.
Pour paraphraser le président américain Barack Obama, ayons l’audace d’espérer qu’un jour, la jeune génération abattra ces murs pour ériger une société tournée vers le progrès et la transparence. Et faire ainsi barrage à l’obscurantisme, cette «  attitude d’opposition à l’instruction, à la raison et au progrès». Et sur ce chapitre, le président Ikililou a du pain sur la planche, car la lutte contre la corruption n’est qu’un volet parmi bien d’autres.source:holambecomores