La compagnie aérienne Air Madagascar, dans laquelle l’Etat malgache est actionnaire majoritaire, traverse depuis plusieurs mois des zones d...
La compagnie aérienne Air Madagascar, dans laquelle l’Etat malgache est actionnaire majoritaire, traverse depuis plusieurs mois des zones de turbulence qui font craindre le pire pour la suite de son vol.
Quelques pilotes, dont nous tairons les noms sur leur demande, ont voulu tirer la sonnette d’alarme en dénonçant les graves anomalies qu’ils ont constatées depuis des décennies dans la gestion de cette compagnie.
D’emblée, ils ont tenu à retracer un court historique de la compagnie. Avant 1985, du temps où un certain Rasata Raineketamanga était DG, Air Mad était la première compagnie aérienne de l’Océan Indien, devant ses sœurs Air Mauritius, Comores Aviation, Air Seychelles et Air Austral, une compagnie réunionnaise qui n’existait même pas encore à l’époque. Puis, ce fut la descente aux enfers, et qui continue toujours. Air Mad a depuis toujours appartenu à l’Etat, à l’instar de Ethyopian Airlines, Kenyan Airways entre autres…qui affichent toutefois une santé financière enviable. De toutes les crises politiques et économiques que la nation a traversées, c’est la toute première fois que Air Madagascar est frappée d’interdiction de vol en Europe. C’est dire qu’elle est descendue bien bas cette fois-ci. C’est pourtant depuis toujours que la compagnie est faiblarde, non concurrentielle, « de façade ». En d’autres termes, alors que ses concurrentes prennent leur bel envol pour des voyages de plus en plus prometteurs, le fleuron de l’industrie aéronautique malgache volette au ras des montagnes et menace à tout moment de s’écraser au sol. La douleur de ces pilotes faisait peine à voir. Ils se sentaient presque humiliés d’appartenir à une entreprise gérée depuis toujours d’aussi médiocre façon, alors que le potentiel est grand. A titre d’exemple, si La Réunion ne dispose que d’un aéroport international à Saint Denis, et Maurice d’une seul également à Port Louis, Madagascar en possède plusieurs : Tana, Tamatave, Sainte-Marie, Diégo Suarez, Nosy-Be, Tuléar, Fort-Dauphin, lesquels peuvent très bien être développés. Ils pointent d’un doigt accusateur les Fanjakana (pouvoir, administration) successifs, qui n’ont jamais cherché à faire de Air Mad une compagnie aérienne performante et florissante. Les dirigeants de la compagnie sont également responsables, eux qui n’ont jamais pu la redresser, contexte de crise ou non. Autre exemple, Air Madagascar dispose actuellement de deux avions long courrier Boeing 767 interdits de vol en Europe, en raison de leur vétusté et du manque de maintenance. Air Austral, Maurice et Seychelles en possèdent chacune environ six. Concernant les vols intérieurs et régionaux, le parc d’Air Mad est « riche » de 2 Boeing 737, de 3 ATR et de 3 Twin Otter. Des antiquités qui n’inspirent plus confiance aux voyageurs…On déplore chez les employés –pas tous heureusement- une absence totale de culture d’entreprise. Ils ont postulé un poste pour s’adonner aux trafics de tous genres qui florissent depuis des années. Des magouilles qui n’honorent ni n’enrichissent le pays…
La question se pose : asphyxiée et menaçant incessamment d’être en cessation de paiement, Air Madagascar va-t-elle pouvoir se relever de cette crise sans précédent ? Ses dirigeants actuels sont-ils les plus aptes à affronter avec les honneurs ce difficile challenge ? Bien que l’espoir soit permis, le doute subsiste et le scepticisme se généralise.
Saraléa Bernard:afriquehebdo
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