Un évènement culturel de taille s’est déroulé à Mutsamudu, à la Bouquinerie dans le quartier de Habomo le samedi 30 avril dernier.
Un évènement culturel de taille s’est déroulé à Mutsamudu, à la Bouquinerie dans le quartier de Habomo le samedi 30 avril dernier. Il s’agit de la présentation dans le cadre de l’émission “Livres à palabre“ produit par l’Ortc, du premier roman publié en langue comorienne et écrit par Mohamed Nabhane, un agrégé d’Arabe, enseignant à Mayotte. Ce livre a bénéficié de la précieuse collaboration de Ahmed Chamanga, enseignant chercheur à l’Institut des Langues Orientales à Paris et éditeur (Komedit) qui fait un travail remarquable pour la promotion de la langue comorienne au niveau de la grammaire et de la graphie du comorien, en caractères latins.
Une première dans l’émission “Livres à palabre“, celle-ci s’est tenue en langue comorienne devant un parterre de Mutsamudiens et de Mutsamudienne, des proches ainsi que d’autres amoureux de la culture venus de Wani, Mirontsi, de Moya et d’autres coins de l’île. Mohamed Nabhane, l’auteur a répondu aux questions de l’animateur de l’émission. Il a expliqué qu’il a choisi d’écrire ce premier roman en langue comorienne non seulement parce que c’est sa langue affective qui a porté son histoire dans ses tripes pendant si longtemps mais aussi pour réhabiliter la langue du colonisé par rapport à celle du colonisateur. La langue du colonisé du fait même de la logique de domination et d’étouffement inscrite dans toute colonisation a toujours été considérée comme inapte à véhiculer quoi que ce soit : la beauté d’une image poétique et encore moins les concepts d’une pensée philosophique.
Dans le droit fil des positions de Ngugi Wationgo, cet écrivain Kenyan qui en réaction à la négritude et la francophonie continuatrice de la domination de la langue française, écrit désormais en kikuyu seulement, Mohamed Nabhane vient de se lancer dans la bataille linguistique contre l’hégémonie du français et sa position réputée inattaquable.
L’auteur de Mtsamdu Kashkazi Kusi Misri, vient de donner ainsi un exemple de possibilité d’expression et de création littéraires pour les multiples talents qui existent en langue comorienne mais qui n’osaient pas s’extérioriser à cause d’ un complexe d’infériorisation de leur langue savamment, distillé par le système colonial et reprise par les systèmes néocoloniaux dominants en Afrique lesquels font croire qu’en dehors de la langue française, point de salut. Mtsamdu Kashkazi kusi Misri est un roman autobiographique qui raconte les péripéties d’un voyage aventureux, de Mutsamudu au Caire en passant par la Tanzanie, le Kenya, l’Uganda, et le Soudan. L’auteur y était accompagné de son père, son frère et son cousin. Vues à travers les yeux d’un petit garçon de 11 ans et raconté par lui, ce voyage extraordinaire nous plonge dans l’univers de l’enfance avec son émerveillement et le grossissement des détails qui échappent souvent aux adultes.
Pour nous convaincre voici un passage du livre qui décrit la découverte de la faune du continent : “wakati ibisi yalawa, randrisa hulawa umuji wa Darsalama hungia mpaharoni, randrisa hona uzuri wa libara la Tanzani. Randrisa huvira mbeli vwa zinyama karaparozona maeshani hatru pia, nahika tsi de sinema. Vuka nyombe ndirbwavu amba ta karaparozona, na buzi za shinamna wala tsi buzi, na pundra tsi pundra, farasi tsi farasi zilio na mirari midu na mewu, be hasswa izo zaidi zika de zijirafu. Maumio yazo ika mindra ta basi tu,tsena zamoendra, zakoka mauri zisitria sifa , zisidjona, mauri zina kiburi, na hutowa udjamali amba kausi vwangina dunia-mafiha“.
Pour ceux qui peuvent lire et comprendre le shindzuwani, il est clair que ce passage est plein de beauté littéraire. La reprise d’expressions tirées des contes et légendes comoriens notamment lorsqu’un évènement extraordinaire se produit qui entraine le déchainement des éléments de la nature : “vua tsi vua, jua tsi jua, pevo tsi pevo“ donne un cachet d’authenticité culturelle à la langue littéraire de l’auteur, pour qui le spectacle qui se déroule devant ses yeux d’enfants relève du monde fantastique des contes et légendes du pays. Mtsamdu, Kashkazi, Kusi Misri est à lire absolument pour décoloniser nos esprits et retrouver un usage de notre langue différent de la simple communication interpersonnelle.
Aboubacar Ben Said Salim:alwatwan
Une première dans l’émission “Livres à palabre“, celle-ci s’est tenue en langue comorienne devant un parterre de Mutsamudiens et de Mutsamudienne, des proches ainsi que d’autres amoureux de la culture venus de Wani, Mirontsi, de Moya et d’autres coins de l’île. Mohamed Nabhane, l’auteur a répondu aux questions de l’animateur de l’émission. Il a expliqué qu’il a choisi d’écrire ce premier roman en langue comorienne non seulement parce que c’est sa langue affective qui a porté son histoire dans ses tripes pendant si longtemps mais aussi pour réhabiliter la langue du colonisé par rapport à celle du colonisateur. La langue du colonisé du fait même de la logique de domination et d’étouffement inscrite dans toute colonisation a toujours été considérée comme inapte à véhiculer quoi que ce soit : la beauté d’une image poétique et encore moins les concepts d’une pensée philosophique.
Dans le droit fil des positions de Ngugi Wationgo, cet écrivain Kenyan qui en réaction à la négritude et la francophonie continuatrice de la domination de la langue française, écrit désormais en kikuyu seulement, Mohamed Nabhane vient de se lancer dans la bataille linguistique contre l’hégémonie du français et sa position réputée inattaquable.
L’auteur de Mtsamdu Kashkazi Kusi Misri, vient de donner ainsi un exemple de possibilité d’expression et de création littéraires pour les multiples talents qui existent en langue comorienne mais qui n’osaient pas s’extérioriser à cause d’ un complexe d’infériorisation de leur langue savamment, distillé par le système colonial et reprise par les systèmes néocoloniaux dominants en Afrique lesquels font croire qu’en dehors de la langue française, point de salut. Mtsamdu Kashkazi kusi Misri est un roman autobiographique qui raconte les péripéties d’un voyage aventureux, de Mutsamudu au Caire en passant par la Tanzanie, le Kenya, l’Uganda, et le Soudan. L’auteur y était accompagné de son père, son frère et son cousin. Vues à travers les yeux d’un petit garçon de 11 ans et raconté par lui, ce voyage extraordinaire nous plonge dans l’univers de l’enfance avec son émerveillement et le grossissement des détails qui échappent souvent aux adultes.
Pour nous convaincre voici un passage du livre qui décrit la découverte de la faune du continent : “wakati ibisi yalawa, randrisa hulawa umuji wa Darsalama hungia mpaharoni, randrisa hona uzuri wa libara la Tanzani. Randrisa huvira mbeli vwa zinyama karaparozona maeshani hatru pia, nahika tsi de sinema. Vuka nyombe ndirbwavu amba ta karaparozona, na buzi za shinamna wala tsi buzi, na pundra tsi pundra, farasi tsi farasi zilio na mirari midu na mewu, be hasswa izo zaidi zika de zijirafu. Maumio yazo ika mindra ta basi tu,tsena zamoendra, zakoka mauri zisitria sifa , zisidjona, mauri zina kiburi, na hutowa udjamali amba kausi vwangina dunia-mafiha“.
Pour ceux qui peuvent lire et comprendre le shindzuwani, il est clair que ce passage est plein de beauté littéraire. La reprise d’expressions tirées des contes et légendes comoriens notamment lorsqu’un évènement extraordinaire se produit qui entraine le déchainement des éléments de la nature : “vua tsi vua, jua tsi jua, pevo tsi pevo“ donne un cachet d’authenticité culturelle à la langue littéraire de l’auteur, pour qui le spectacle qui se déroule devant ses yeux d’enfants relève du monde fantastique des contes et légendes du pays. Mtsamdu, Kashkazi, Kusi Misri est à lire absolument pour décoloniser nos esprits et retrouver un usage de notre langue différent de la simple communication interpersonnelle.
Aboubacar Ben Said Salim:alwatwan
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