Les deux Boeing de la compagnie ne répondent plus aux normes de sécurité. Leur entretien est négligé faute de moyens financiers. Les Boeing...
Les deux Boeing de la compagnie ne répondent plus aux normes de sécurité. Leur entretien est négligé faute de moyens financiers.
Les Boeing 767 de la compagnie Air Madagascar ne répondent plus aux normes de sécurité. Photo d'illustration. © Sipa
À deux reprises en moins d'un mois, les Boeing 767 d'Air Madagascar ont été contrôlés sur des aéroports européens et présentaient des défaillances graves. Un des avions a même été immobilisé trois jours au sol et autorisé à regagner Antananarivo, mais sans passager.
Depuis le début de l'année, Bruxelles note plus d'une dizaine de problèmes techniques qualifiés de "majeurs" sur les avions. Ils doivent alors être réparés sur place. Une porte de soute, notamment, fermait mal et aurait pu s'ouvrir en vol en provoquant une dépressurisation brutale de la cabine. Lors du vol suivant, la réparation n'avait pas été correctement effectuée. Aussi la Conférence européenne pour l'aviation civile (CEAC), instance européenne qui réunit les directions générales de l'aviation civile, va-t-elle notifier demain à la compagnie malgache l'interdiction d'accès des aéroports des 27 pays européens et d'autres comme la Suisse.
Maintenance coûteuse
La compagnie elle-même n'est pas placée sur une liste noire, mais ce sont ses deux Boeing 767-300 qui ne sont pas souhaités dans les cieux européens. L'un, loué à Muzun Leasing One Ltd, date de 1991. L'autre, construit en 1992, appartient au loueur Airplanes. "Ces deux appareils sont de vrais boulets pour la compagnie, note un expert aéronautique. Ils consomment beaucoup d'un carburant très cher et, âgés, sont très coûteux en maintenance." Air Madagascar, qui dispose pourtant d'ateliers de maintenance réputés, n'a plus les moyens de les entretenir sérieusement. Avec le coût actuel du carburant, la trésorerie est très difficile à assurer et l'équipage doit payer comptant le plein de l'avion. Le contexte politique local, avec des élections toujours en attente, ne favorise pas une saine gestion de la compagnie. Les avions moyen-courriers d'Air Madagascar - des ATR et des Boeing 737 - peuvent toutefois continuer à voler et desservir le Kenya, la Réunion, Maurice, etc., et ne pas maintenir isolée l'île rouge.
La décision européenne sanctionne une défaillance qui pourrait n'être que conjoncturelle. En fait, c'est plus grave, car un audit de l'Organisation de l'aviation civile internationale montre que 70 % des actions de l'aviation civile malgache ne sont pas en conformité avec les normes internationales de sécurité. Si cette administration assurait correctement sa mission, les Boeing 767 n'auraient jamais dû voler vers l'Europe (ou ailleurs) dans un tel état. Les fonctionnaires malgaches savent, en revanche, prendre des mesures de rétorsion vis-à-vis des vols d'Air France et de Corsairfly qui desservent l'île.
Sécurité et corruption
On pointe ici le problème de la sécurité des compagnies, notamment africaines, qui ne sont pas encadrées par des administrations efficaces. Elles sont trop souvent dirigées par le fils du président, la famille régnante ou les généraux au pouvoir. Les classements des pays en termes de sécurité aérienne et de corruption se recouvrent complètement...
Cette mesure ne tombe pas brutalement. Air Madagascar s'y attendait et a préparé l'opinion publique en expliquant dans un communiqué "accepter et positiver ces remises en question qui n'ont comme objectif que l'amélioration continue de son exploitation". Une démarche a également été conduite dès le mois de mars vis-à-vis des clients haute contribution en signant un accord de code share avec Air France donnant accès à des sièges sur les vols de la compagnie française (mais pas l'inverse). De même, Air Austral, compagnie basée à la Réunion, a arrêté ses vols en commun vers Bangkok, mettant en ligne son propre avion, un Boeing 777 neuf.
Financer un avion à un million d'euros par mois
Cette crise va toucher aussi les Comores. Un accord a, en effet, été signé à l'automne dernier accordant des droits de trafic à Air Madagascar entre la France et les Comores. Ces vols, très attendus cet été par la communauté comorienne à Paris et à Marseille, pourront-ils avoir lieu ? En juillet 2009, le crash près de Moroni de l'Airbus A310 de la Yemenia avait fait 152 victimes et une rescapée miraculeuse. Ce drame avait montré les conditions dans lesquelles sont transportés les Comoriens qui tentent de revenir au pays.
Pour sortir de cette crise, Air Madagascar recherche des avions long-courriers à louer plus récents, donc plus économiques à exploiter. Avec la reprise du trafic, le marché est très tendu et les garanties financières - trois mois de loyer à un million d'euros chaque mois - demandées par les loueurs sont d'autant plus contraignantes. C'est également le drame de nombreux États africains qui tentent de lancer leur compagnie nationale, voire multinationale, pour proposer un minimum de concurrence face aux vols bien implantés d'Air France, de Lufthansa et de British Airways ou de leurs filiales. Les faillites d'Air Afrique, d'Air Sénégal International, d'Air Gabon, etc. n'incitent guère les investisseurs à s'engager faute d'une garantie réelle de saine gestion.source:le point
Les Boeing 767 de la compagnie Air Madagascar ne répondent plus aux normes de sécurité. Photo d'illustration. © Sipa
À deux reprises en moins d'un mois, les Boeing 767 d'Air Madagascar ont été contrôlés sur des aéroports européens et présentaient des défaillances graves. Un des avions a même été immobilisé trois jours au sol et autorisé à regagner Antananarivo, mais sans passager.
Depuis le début de l'année, Bruxelles note plus d'une dizaine de problèmes techniques qualifiés de "majeurs" sur les avions. Ils doivent alors être réparés sur place. Une porte de soute, notamment, fermait mal et aurait pu s'ouvrir en vol en provoquant une dépressurisation brutale de la cabine. Lors du vol suivant, la réparation n'avait pas été correctement effectuée. Aussi la Conférence européenne pour l'aviation civile (CEAC), instance européenne qui réunit les directions générales de l'aviation civile, va-t-elle notifier demain à la compagnie malgache l'interdiction d'accès des aéroports des 27 pays européens et d'autres comme la Suisse.
Maintenance coûteuse
La compagnie elle-même n'est pas placée sur une liste noire, mais ce sont ses deux Boeing 767-300 qui ne sont pas souhaités dans les cieux européens. L'un, loué à Muzun Leasing One Ltd, date de 1991. L'autre, construit en 1992, appartient au loueur Airplanes. "Ces deux appareils sont de vrais boulets pour la compagnie, note un expert aéronautique. Ils consomment beaucoup d'un carburant très cher et, âgés, sont très coûteux en maintenance." Air Madagascar, qui dispose pourtant d'ateliers de maintenance réputés, n'a plus les moyens de les entretenir sérieusement. Avec le coût actuel du carburant, la trésorerie est très difficile à assurer et l'équipage doit payer comptant le plein de l'avion. Le contexte politique local, avec des élections toujours en attente, ne favorise pas une saine gestion de la compagnie. Les avions moyen-courriers d'Air Madagascar - des ATR et des Boeing 737 - peuvent toutefois continuer à voler et desservir le Kenya, la Réunion, Maurice, etc., et ne pas maintenir isolée l'île rouge.
La décision européenne sanctionne une défaillance qui pourrait n'être que conjoncturelle. En fait, c'est plus grave, car un audit de l'Organisation de l'aviation civile internationale montre que 70 % des actions de l'aviation civile malgache ne sont pas en conformité avec les normes internationales de sécurité. Si cette administration assurait correctement sa mission, les Boeing 767 n'auraient jamais dû voler vers l'Europe (ou ailleurs) dans un tel état. Les fonctionnaires malgaches savent, en revanche, prendre des mesures de rétorsion vis-à-vis des vols d'Air France et de Corsairfly qui desservent l'île.
Sécurité et corruption
On pointe ici le problème de la sécurité des compagnies, notamment africaines, qui ne sont pas encadrées par des administrations efficaces. Elles sont trop souvent dirigées par le fils du président, la famille régnante ou les généraux au pouvoir. Les classements des pays en termes de sécurité aérienne et de corruption se recouvrent complètement...
Cette mesure ne tombe pas brutalement. Air Madagascar s'y attendait et a préparé l'opinion publique en expliquant dans un communiqué "accepter et positiver ces remises en question qui n'ont comme objectif que l'amélioration continue de son exploitation". Une démarche a également été conduite dès le mois de mars vis-à-vis des clients haute contribution en signant un accord de code share avec Air France donnant accès à des sièges sur les vols de la compagnie française (mais pas l'inverse). De même, Air Austral, compagnie basée à la Réunion, a arrêté ses vols en commun vers Bangkok, mettant en ligne son propre avion, un Boeing 777 neuf.
Financer un avion à un million d'euros par mois
Cette crise va toucher aussi les Comores. Un accord a, en effet, été signé à l'automne dernier accordant des droits de trafic à Air Madagascar entre la France et les Comores. Ces vols, très attendus cet été par la communauté comorienne à Paris et à Marseille, pourront-ils avoir lieu ? En juillet 2009, le crash près de Moroni de l'Airbus A310 de la Yemenia avait fait 152 victimes et une rescapée miraculeuse. Ce drame avait montré les conditions dans lesquelles sont transportés les Comoriens qui tentent de revenir au pays.
Pour sortir de cette crise, Air Madagascar recherche des avions long-courriers à louer plus récents, donc plus économiques à exploiter. Avec la reprise du trafic, le marché est très tendu et les garanties financières - trois mois de loyer à un million d'euros chaque mois - demandées par les loueurs sont d'autant plus contraignantes. C'est également le drame de nombreux États africains qui tentent de lancer leur compagnie nationale, voire multinationale, pour proposer un minimum de concurrence face aux vols bien implantés d'Air France, de Lufthansa et de British Airways ou de leurs filiales. Les faillites d'Air Afrique, d'Air Sénégal International, d'Air Gabon, etc. n'incitent guère les investisseurs à s'engager faute d'une garantie réelle de saine gestion.source:le point
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