Crise politique : Pourquoi en sommes-nous arrivés là ? Le gouverneur élu d’Anjouan, Dr Abdou Salami Abdou est déchu et emprisonné en octobre 2018. Lui
Azali Assoumani a été élu président de l'Union des Comores en 2016 par une coalition avec le parti JUWA de l'ancien President Ahmed Abdallah Mohamed Sambi et les premiers mois de son mandat se sont déroulés dans la stabilité. Cependant, une année après Azali rompt le pacte qui le liait avec le parti Juwa et entreprend des manoeuvres pour modifier la Constitution. La classe politique comorienne, ainsi qu'une grande partie de la société civile, se sont vivement opposées à ces changements.
Des manifestations publiques sont organisées. Les assises partisanes organisées ont été largement boudées par les acteurs politiques et la société civile. La situation s'est aggravée lorsque, par une simple décision unilatérale, Azali a supprimé la Cour constitutionnelle, une institution établie par la Constitution. Cette action a suscité une indignation généralisée et a été perçue comme une attaque directe contre l'État de droit. Face aux manifestations initiées par la classe politique, Azali a réagi en mettant en place une machine répressive pour éliminer tout obstacle à son projet. Ahmed Abdallah Mohamed Sambi, ancien président et figure numéro un de l'opposition, a été placé en résidence surveillée puis emprisonné sans aucune preuve de culpabilité. Cette arrestation est intervenue peu après un discours où Sambi avait exprimé son opposition à la réforme constitutionnelle de juillet 2018, dont le processus n’était pas conforme aux règles en vigueur.
Au lieu de recourir à la justice pour donner un semblant de légalité à la privation de liberté d’un citoyen et de surcroît d’un ancien chef de l’État, c’est par une note du secrétaire général du ministère de l’intérieur que Sambi a été mis aux arrêts. Depuis, la machine répressive est lancée à plein régime. Elle a broyé dans son passage de nombreux autres opposants. Le gouverneur élu d’Anjouan, Dr Abdou Salami Abdou est déchu et emprisonné en octobre 2018. Lui aussi, il s’opposait au changement de la Constitution. Il sera condamné 3 ans plus tard à 12 ans de prison tandis que Sambi en a pris la perpétuité.
Le référendum contesté de 2018, qui a conduit à la suppression de l'autonomie des îles et à la modification des règles de la tournante – deux fondements de l'Accord cadre de Fomboni – , a été un point de bascule. En 2019, une élection largement critiquée pour son manque de transparence a été organisée, déclenchant des contestations continues jusqu'à aujourd'hui. La diaspora comorienne, notamment celle établie en France, a organisé des manifestations régulières contre les résultats de cette élection pendant cinq ans. La forte mobilisation de la diaspora est la deuxième du genre après le celle du crash de Yemenia en 2019. C’est peu dire que la forfaiture d’Azali a choqué plus d’un. Azali a tenté d'organiser un dialogue inter-comorien en septembre 2021mais celui-ci a échoué.
Il a ensuite fait appel à l'opposition pour participer à des élections en garantissant leur transparence.Le 14 janvier 2024, il a récidivé en volant les élections, attirant même l'attention de la communauté nationale et internationale sur la crise profonde que traverse le pays. L'élection à été un fiasco. Comment nous en sortir ? Pour sortir de cette impasse, il est crucial de revisiter ce passé douloureux depuis 2017 en s'engageant dans un dialogue franc et inclusif. Tous les acteurs politiques et de la société civile doivent être impliqués.
Chaque île doit être représentée pour parvenir à un compromis comoro-comorien. Les anciens présidents, notamment Ahmed Abdallah Mohamed Sambi et Ikililou Dhoinine, doivent impérativement participer à ce processus, ce qui nécessite la libération de tous les prisonniers politiques. Les membres de la diaspora doivent également pouvoir y participer, sans aucune restriction. Il est essentiel qu'aucune partie ne soit à la fois juge et partie dans ce processus. La communauté internationale doit jouer le rôle de garant pour assurer un cadre juste et transparent, capable de produire des réponses acceptées par tous.
Par un observateur de la vie socio-politique
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