Stade de Maluzini : quelle vie dans son antre comme à ses alentours ?Le site doit être actif et ne peut pas être abandonné la plupart du temps (faute.
STADE DE MALUZINI : QUELLE VIE DANS SON ANTRE COMME À SES ALENTOURS ?
La question sur le traitement du gazon en particulier et de l’entretien du stade de Maluzini en général doit remuer nos consciences. Elle est préoccupante que j’ai décidé aujourd’hui d’en faire un sujet : quelle vie à l’intérieur comme à l’extérieur du stade de Maluzini ? Cette question, on devait se la poser bien avant 2016 et avant les 36 mois de travaux, et donc bien avant son inauguration en 2019.
On se la devait poser car cette question est censée faire partie intégrante du projet de construction. Investir 6 milliards de francs comoriens (soient plus de douze millions d’euros) pour un édifice aussi important comme ce stade, cela suppose que l’État avait déjà prévu comment il allait continuer à rentabiliser et avec quels partenariats pour la pérennité du site.
6 milliards de francs investis pour avoir le Grand stade de Maluzini
Certains diront, avec peut-être une sorte de « m’enfoutisme » que de toute façon, c’est une aide chinoise. D’accord mais depuis quand une puissance nation comme la Chine octroie de l’aide à une autre nation sans en attendre un retour, sans aucune contrepartie de la part du bénéficiaire ? C’est dire que l’État comorien a tout intérêt de veiller à ce que les six milliards investis pour le stade de Maluzini génèrent des revenus permanents pour entretenir quotidiennement l’édifice.
Le site doit être actif et ne peut pas être abandonné la plupart du temps (faute d’activités) ni être inactif parce que sa principale animation dépend nécessairement des calendriers internationaux de la CAF et de la FIFA. Quand on apprend à titre d’exemple par la bouche du personnel chargé de l’entretien du stade qu’il leur arrive quelquefois d’opérer de modifications sur le circuit d'arrosage afin d’être alimenté en eau au stade, on comprend très bien que jusqu’alors, on ne mesure toujours pas la valeur de ce stade qu’on prend pour n’importe quel site. Et c’est très inquiétant !
Je ne veux en aucun cas comparer le stade de Maluzini à des stades européens comme le Stade de France, l’Etihad en Angleterre ou le Bernabeu en Espagne. Mais, à chacun son Bernabeu car l’adage comorien prédit que YE MNA YINKADA WA MDRU NDO PAWA LA MFI (le petit Coradion qui m’appartient m’est une grosse tranche enlevée du géant poisson). Ce petit poison qu’est le nôtre est un géant. Il est, en ce sens notre « Bernabeu » comorien. Son bon fonctionnement est une condition pour sa pérennité. Or la bonne santé financière de ce stade Maluzini doit beaucoup aussi à une bonne santé économique de son environnement extérieur.
Des commerces à l’intérieur du stade ?
Il fallait alors prévoir des dispositifs commerciaux où l’on trouverait des activités génératrices de revenus à l’intérieur. Il fallait se poser la question sur quels riverains idéaux du stade pour générer des bénéfices dans les caisses de l’État. Pour l’intérieur, l’on pense par exemple aux boutiques permanentes de la sélection nationales où tout le vrai patrimoine des Cœlacanthes devrait être vendu notamment, les maillots, les chaussures, les chaussettes, des casquettes, le brassard du capitaine, les ballons floqués Cœlacanthes…etc. Cette mesure pas facile à mettre en place dans un pays gangrené par les copiages, est pourtant nécessaire.
Pourquoi pas y envisager même un musée du Gombessa qui à partir des recherches déjà connues sur ce mythique poisson on peut en avoir le descriptif suffisant pour les touristes ? Tel est le rôle de la Fédération comorienne de Football qui agit bien évidemment sous la tutelle du Ministère en charge du sport. Au-delà du football, l’on peut y rajouter toutes les pratiques sportives qui représentent le pays à l’intérieur comme à l’extérieur.
Aux côtés de ces boutiques dédiées au patrimoine de nos sélections, il peut y avoir d’autres couloirs loués à des initiatives privées qui, parce que le stade est animé proposeront autres choses aux visiteurs. Je sais que le stade n’est pas fermé mais à défaut de pouvoir le réaménager pour y installer des boutiques à l’intérieur, n’y aurait-il pas des endroits clos ou des espaces aménageables ou qu’on peut peut-être reconvertir à cet effet ? Qu’en est-il pour l’extérieur du stade ?
Quelle vie autour du stade ?
Enfin, quelle vie à l’extérieur du stade ? C’est une question difficile à répondre car elle en appelle à d’autres encore plus sensibles : mais qui est et pourrait être un riverain du stade national ? Dans la logique des choses, l’État propriétaire du Stade de Maluzini devrait avoir la main sur l’espace qui entoure l’édifice. D’abord pour des raisons de sécurité, d’image et de prestige mais aussi et surtout pour des raisons économiques et financières.
C’est là qu’intervient l’idée de riverain idéal car celui-ci devra remplir ce statut de quelqu’un qui tient compte de ces critères pour habiter dans les alentours du stade : avoir les moyens de payer des droits obligatoirement chers en fonction de la proximité avec le stade, mesurer l’aspect sécuritaire de la zone et les avantages qu’on a lorsqu’on habite à quelques pieds ou quelques mètres d’un stade de telle ampleur.
La vie autour d’un tel site ne peut être comparable à d’autres. Mais à qui profiterait cette aura ? Les espaces riverains d’un stade comme celui de Maluzini sont obligatoirement valorisés à des pourcentages au-dessus du prix du marché. De quoi faire penser que les riverains du stade Maluzini devraient être des personnes morales ou physiques choisies selon leurs qualités et dynamisme internes répondant à une philosophie du projet global du stade qui se devait être plus dynamique, vivant et autonome financièrement. Notre intérêt aujourd’hui est alors de veiller plutôt à la survie de ce site qui fait honneur à notre pays et qui nous lie en permanence à nos vaillants footballeurs et athlètes nationaux. Pensons plutôt à ces fondamentaux au lieu de se préoccuper des appartenances égocentriques de ces sites propriétés de l’État.
Abdoulatuf BACAR, Enseignant
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