Crise présidentielle au Sénégal : un collectif de la société civile appelle à une « mobilisation massive ». « Nous invitons tous les citoyens concerné
Crise présidentielle au Sénégal : un collectif de la société civile appelle à une « mobilisation massive »
Affiche d'Azali et Macky Sall à Moroni |
Un collectif de groupes de la société civile a appelé jeudi les Sénégalais à se « mobiliser massivement » contre le report de la présidentielle. Pour rappel, elle devait se tenir le 25 février, mais a été reportée en raison d'une crise politique institutionnelle. Dans ce contexte, le collectif évoque même une série d'actions à venir, à l'imagine d'une manifestation et d'une grève.
Le report de l'élection présidentielle au Sénégal, voté par l'Assemblée nationale, provoque déjà des répercussions. Pour la première fois, les Sénégalais, qui devaient élire leur cinquième président le 25 février, le feront presque dix mois plus tard que prévu, au 15 décembre. Cette nouvelle échéance a engendré la colère d'un collectif de groupes de la société civile.
« Nous invitons tous les citoyens concernés par la préservation des acquis démocratiques à se mobiliser massivement partout dans le pays et dans la diaspora pour empêcher cette confiscation du pouvoir », peut-on lire dans une déclaration publiée sur la nouvelle plateforme Aar Sunu Election (Protégeons notre élection).
Le collectif revendique l'agrégation d'une quarantaine de groupes citoyens et religieux et d'organisations professionnelles, dont plusieurs syndicats de l'éducation. « Une grande manifestation est prévue mardi », a prévenu devant la presse à Dakar Malick Diop.
Ce dernier se présente comme l'un des coordinateurs de la plateforme. Les intervenants ont évoqué un appel à une grève générale à une date non-précisée, et un débrayage dès vendredi dans le secteur de l'éducation. Dans sa déclaration écrite, la plateforme appelle les fidèles à se rendre à la grande prière musulmane du vendredi vêtus de blanc et arborant les couleurs nationales.
Les candidats font toujours campagne
De leur côté, les candidats à l'élection présidentielle ont fait part de leur intention de poursuivre la campagne. Ils ont appelé les syndicats et les chefs religieux à « une convergence de toutes les forces vives de la nation ». L'opposition, elle, crie au « coup d'Etat constitutionnel ».
Elle soupçonne une manigance pour éviter la défaite du candidat du camp présidentiel, voire pour maintenir Macky Sall à la tête du pays encore plusieurs années. L'Assemblée nationale, en plus du report de l'élection, a aussi voté le maintien de l'actuel président au pouvoir jusqu'à la prise de fonctions de son successeur. Après avoir entretenu le doute pendant des mois, celui-ci a répété à différentes reprises l'engagement pris en 2023 de ne pas se représenter.
Le chef de l'Etat a ordonné à son gouvernement de prendre des mesures « d'apaisement » face au tollé. Macky Sall doit en effet faire face aux pressions internationales. La Communauté des Etats ouest-africains (Cedeao) a demandé mardi au Sénégal de rétablir « de toute urgence » le calendrier de la présidentielle. L'Union européenne, s'alignant sur la Cedeao, a à son tour appelé à revenir à l'échéance du 25 février.
Un autre allié, les Etats-Unis, a jugé illégitime le vote ajournant l'élection. Ces partenaires du Sénégal ont exprimé leur inquiétude devant le risque de troubles, mais aussi devant le coup porté à la pratique démocratique dont le Sénégal est volontiers cité comme un exemple dans une région où se succèdent les putschs et les faits accomplis.
« Nous entendons bien ce message », a dit mercredi soir depuis le Nigeria le ministre des Affaires étrangères Ismaïla Madior Fall à la télévision française France 24, « mais nous privilégions aujourd'hui la logique politique interne ».
(Avec AFP) - latribune.fr
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