Quand le bureau de l'assemblée de l'Union piétine la Constitution. Tour député qui, en cours de mandat, démissionne de son parti ou change de formatio
QUAND LE BUREAU DE L’ASSEMBLEE DE L’UNION PIETINE LA CONSTITUTION
Nous avons pris connaissance du procès-verbal de la réunion tenue ce mardi 26 décembre par le bureau de l’Assemblée de l’Union. Ce bureau présidé par Moustadroine Abdou a évoqué l’exclusion de M. Abdallah Said Sarouma, alias Chabouhane, des rangs de la CRC pour avoir présenté et maintenu une candidature dissidente au poste de Gouverneur de l’île de Mohéli et invoqué l’article 69 de la Constitution pour le déchoir de son mandat de député et pour le remplacer par son suppléant Ali Chadhuili Saïd. Il s’agit là d’une interprétation fallacieuse de la Constitution comme la CRC nous a habitué.
Lisons l’article en question : « Tour député qui, en cours de mandat, démissionne de son parti ou change de formation politique perd automatiquement son siège à l’Assemblée de l’Union. Il est remplacé par son suppléant qui achève le mandat ». Vous constatez bien que cette disposition de la Constitution lie la déchéance de mandat UNIQUEMENT à la démission du député de son parti ou à son changement de formation politique. Il n’est écrit nulle part que le député perd automatiquement son siège en cas d’exclusion de son parti.
La démission ne se présume pas. Elle suppose l’existence d’une manifestation de volonté claire et non équivoque. Dans un cas d’une telle gravité, j’ajouterai que cette démission doit se matérialiser par un écrit. Que le Président de l’Assemblée de l’Union nous montre la lettre de démission adressée à la CRC et signée de la main du député Abdallah Saïd Sarouma ! Aurait-il changé de formation politique ? Que les dignitaires de la CRC nous apportent la preuve matérielle de l’adhésion de Chabouhane à un autre parti politique !
Je n’écris pas ces lignes pour inciter Abdallah Saïd Sarouma à contester cette décision farfelue auprès des tribunaux. Je ne suis pas du même bord politique que lui mais je tiens à ce qu’il soit en vie. Par ailleurs, il perd déjà son temps et son argent dans une parodie d’élection dont les résultats sont écrits d’avance. Je ne lui conseillerai pas d’en perdre davantage dans un procès dont les décisions sont dictées par Beit Salam. Parfois on est bien content d’avoir raté son avion. Ceux qui apprennent que l’avion à bord duquel ils devaient prendre place a crashé se considèrent à juste titre comme des miraculés. Et si Belou et Moustadroine rendaient service à Chabouhane à leur insu ?
Dans sa jeunesse le député Chabouhane exerçait ses talents de musicien dans l’orchestre Safinati Salama. Je lui propose de terminer les discours de ses meetings par cette chanson de Abdou Mhadji « Uhura wa mwamba ndrabo kohomo omoha BAYISHE MI NDE NA USHINGA »
En 2016, Chabouhane, connu pour sa verve, avait déclaré à la place Ajao à l’adresse du candidat Mamadou : « YE MZE NGE MHARA (le Vieux a peur) ». Il répliquait au « YE MZE NGENA MVUWU (le Vieux est puissant) » des partisans de l’ancien vice-président d’Ikililou. Aujourd’hui le « Vieux qui a peur c’est Azali » mais je lui déconseille de répéter cette formule car, je le répète, je tiens à ce qu’il soit en vie.
Le député Abdallah Saïd Sarouma fut un proche du dictateur. N’est-ce pas lui qui fut désigné par le colonel Azali dont Il fut l’un des vice-présidents de 2016 à 2019 pour dézinguer l’autre vice-Président Djaafar Ahmed Saïd, coupable aux yeux de la dictature d’avoir déclaré le samedi 16 juin 2018 que la processus de révision de la Constitution violait les dispositions constitutionnelles ? Abdallah Saïd Sarouma s’était acquitté de sa tâche avec zèle.
Djaafar Ahmed Saïd fut trainé dans la boue et mis dans un placard pour avoir rappelé le droit. Aujourd’hui, il doit sourire jusqu’aux oreilles en apprenant la chasse à l’homme engagée contre son ancien collègue du gouvernement. La leçon à retenir de ces 2 évènements est que lorsqu’un dictateur vous désigne pour abattre un membre de votre clan pour une trahison présumée, vous devez vous attendre à être le destinataire de la balle suivante au moindre incartade.
Abdourahamane Cheikh Ali, diplômé de l’Université Lumière Lyon 2 en droit constitutionnel comparé
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