Pas d'eau potable deux jours sur trois : que se passe-t-il à Mayotte ? À Mamoudzou, Koungou ainsi qu'en Petite-Terre, l'eau sera coupée toutes les nui
- Depuis des mois, les habitants de Mayotte sont rationnés en eau potable.
- Le préfet va imposer de nouvelles restrictions, alors que Mayotte est frappée par une grave sécheresse.
- Dès lundi, les Mahorais devront composer avec des coupures de 48 heures toutes les 24 heures.
Un homme remplissant des jerricans d'eau à Mayotte, le 23 mai 2023. AFP |
Victime d'une grave sécheresse, Mayotte n'a plus assez d'eau. Conséquence : depuis des mois, l'eau potable est rationnée. Les 30.000 habitants du département n'ont accès à l'eau potable qu'au compte-gouttes : le robinet d'une partie d'entre eux est coupé tous les jours de 16h à 8h du matin, celui des autres trois fois par semaine pendant vingt-quatre heures.
Et pour tenter de préserver les maigres réserves de l'île de l'Archipel des
Comores, jusqu'à la prochaine saison des pluies en fin d'année, le préfet de
Mayotte, Thierry Suquet, va imposer de nouvelles restrictions d'accès. Dès ce
lundi 28 août, il y aura "des coupures de quarante-huit heures toutes les
vingt-quatre heures" dans l'ensemble de l'île, a-t-il annoncé.
Pour réussir à passer le mois d'octobre, nous sommes obligés de prendre de nouvelles mesuresThierry Suquet, préfet de Mayotte
À Mamoudzou, Koungou ainsi qu'en Petite-Terre, l'eau sera coupée toutes les
nuits, de 16h à 8h avant une coupure de trente-six heures une fois par semaine
"afin de garantir la continuité de l'activité économique sur ces zones", a
détaillé Thierry Suquet. L'approvisionnement de Mayotte dépend essentiellement
des eaux pluviales : 80% de l'eau provient de deux retenues collinaires et des
cours d'eau, et le reste de l'approvisionnement est assuré par des forages en
eaux souterraines et une usine de dessalement, qui ne produit actuellement
qu'au tiers de ses capacités prévues.
"On s'aperçoit aujourd'hui que les prélèvements faits dans les retenus
collinaires sont trop importants", a expliqué le préfet, ajoutant que les travaux d'urgence lancés par le
syndicat des eaux, notamment pour augmenter la production de l'usine de
dessalement, ne seraient effectifs qu'au début du mois de novembre. "Donc pour réussir à passer le mois d'octobre, nous sommes obligés de
prendre de nouvelles mesures", a insisté le préfet. Les écoles et les établissements de santé ne seront
pas soumis aux coupures, a précisé le préfet.
En 2017, un plan d'urgence avait déjà été lancé à l'initiative du gouvernement
français à l'issue d'une sécheresse qui avait causé un rationnement drastique
de l'eau. Il prévoyait la réhabilitation de huit forages, la construction
d'une usine de désalinisation dans les dix-huit mois et une troisième retenue
collinaire, attendue depuis des années, devait voir le jour fin 2020. Mais "ce
plan a été réalisé beaucoup plus lentement que prévu", a expliqué sous couvert
d'anonymat à l'AFP un ingénieur, spécialisé en gestion de l'eau.
Il y a quelques semaines, l'Agence régionale de santé (ARS) avait averti que
l'eau courante était "impropre à la consommation" juste après les coupures.
Selon l'ingénieur, leur multiplication "favorise la prolifération de
bactéries".
F.R avec AFP
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