Marseille : Une femme d’origine comorienne condamnée à 7 ans de prison. Elle a accouché seule dans ses toilettes. L’histoire de Fatima est celle d’un.
Elle jette son nouveau-né par la fenêtre et écope de 7 ans de prison
Une femme qui avait jeté par la fenêtre son nouveau-né vient d’être lourdement condamnée par la Cour d’assises de Marseille. Une tragédie sur fond de misère sociale...
L’adage est bien connu : la justice est le reflet de la société. Le procès d’assises, qui s’est conclu le 30 juin à Marseille et raconté par La Provence, est un exemple parmi d’autres. À la barre, Fatima, une femme de 24 ans qui avait jeté par la fenêtre de son appartement son nouveau-né dans la nuit du lundi 7 septembre au mardi 8 septembre 2020. Le verdict des jurés a été à la hauteur de l’ignominie du geste : sept ans de prison ferme et trois ans de suivi sociojudiciaire.
Elle a accouché seule dans ses toilettes
L’histoire de Fatima est celle d’un drame sous fond de misère sociale, celle d’une jeune femme que la psychologue experte a décrite comme souffrant d’une « importante immaturité, d’une dépendance affective et d’une dévalorisation d’elle-même ». Habitant la cité des Rosiers, située dans le 14e arrondissement de la cité phocéenne, Fatima n’a cessé d’expliquer, durant l’enquête, qu’elle avait fait un déni de grossesse. Et c’est en accouchant, seule, dans ses toilettes, qu’elle n’aurait pas supporté la réalité. Un enfant à son âge ? Impossible à envisager. Seulement, lors de son procès, sa carapace a fini par se fendre lorsque l’avocate générale l’a confrontée à des textos qu’elle avait envoyés à l’un de ses ex-amants. Des messages dans lesquels elle lui décrivait les différentes étapes de sa grossesse. Face à ces preuves, Fatima, la voix chevrotante, finit donc par admettre la vérité.
Oui, elle se savait enceinte. Alors, pourquoi ce geste ? L’avocate générale tente d’analyser : « Je pense sincèrement qu’au vu de sa personnalité, du contexte familial, ses angoisses, sa peur panique de l’abandon ont émergé au moment de la grossesse et culminé au moment de l’accouchement. Mais en tout état de cause, cette mort n’a été ni accidentelle, ni naturelle. » Pour l’avocate de Fatima, il ne fait aucun doute que sa cliente n’était pas dans un état psychologique assez équilibré pour accueillir ce bébé. Et surtout qu’en pleine panique, baignant dans le sang, elle n’était pas en mesure de s’apercevoir que l’enfant était vivant (ce qui sera pourtant bien démontré par l’expertise médico-légale).
« Depuis sa naissance, j’y pense tous les jours »
Pour bien comprendre ce geste fou, il faut aussi remonter au début du procès, lorsque l’un des enquêteurs a pris la parole pour justifier l’inexplicable : « Dans cette affaire, on est clairement confronté à la misère sociale, à un terreau et à une culture particulière (Fatima est d’origine comorienne, ndlr) ». Le mot de la fin revient à Fatima, bouleversée et soulagée d’avoir enfin dit la vérité : « J’aurais voulu avoir un enfant, mais dans d’autres circonstances. Depuis sa naissance, j’y pense tous les jours. Je lui ai écrit des lettres en prison, de manière thérapeutique. Un moyen pour moi de le faire exister." Elle confie même lui avoir donné un prénom : Djibril.
La rédaction avec Parents.fr et La Provence
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