Opération Wuambushu à Mayotte : «On va détruire toute ma vie, on casse ma maison, mes biens, on casse tout». Fatima Youssouf, l’une des doyennes du qu
Opération Wuambushu à Mayotte : «On va détruire toute ma vie, on casse ma maison, mes biens, on casse tout»
La démolition de logements a commencé ce lundi 22 mai sur l’île comorienne de Mayotte. Si les autorités françaises promettent que des solutions d’hébergement sont sur la table‚ les associations parlent d’une opération «brutale» et «anti-pauvres».
Près d’un mois après le faux départ de l’opération Wuambushu, les pelleteuses et engins de démolition ont commencé leur travail ce lundi à Mayotte, île française située dans l’océan Indien. Au petit matin, ils ont fait leur entrée dans le quartier de Majicavo, sur le territoire de la commune de Koungou, pour mettre à terre les maisons de Talus 2, l’un des plus importants quartiers de la commune.
Son démantèlement était initialement prévu le 25 avril, mais avait été suspendu par le tribunal judiciaire de Mamoudzou, au motif que la démolition du quartier, où vit une centaine de familles, mettrait «en péril la sécurité» des autres habitants, dont les logements seraient fragilisés. Une décision finalement infirmée en appel le 17 mai. Depuis, les jours de Talus 2 étaient comptés.
Aux environs de 7 h 30 locales, des gendarmes équipés de pieds de biche et de masses sont entrés dans les habitations pour vérifier que personne ne s’y trouvait, comme ont pu le constater des journalistes de l’AFP. Puis les pelleteuses ont commencé à détruire, fracassant les murs en dur et écrasant la tôle dans un bruit métallique sourd. Les derniers habitants, eux, avaient évacué les lieux à l’aube, en emportant certains de leurs effets personnels, voire des matériaux de construction, tôle, planches de bois, etc.
«Pour l’instant, je n’ai pas de logement»
Fatima Youssouf, l’une des doyennes du quartier, a attendu le dernier moment pour quitter sa maison, dans laquelle elle a «investi toutes [ses] économies», raconte-t-elle à l’AFP. Dans la précipitation, elle n’a pas pu enlever toutes ses affaires. «Pour l’instant, je n’ai pas de logement, confie la femme de 55 ans. Je dors dans mon restaurant, avec ma famille.» La veille, cette femme cumulant deux jobs pour vivre, se montrait dépitée : «Là on va détruire toute ma vie. On casse ma maison, mes biens. On casse tout. Il vaut mieux que j’enlève tout.» Et de s’interroger : «Le préfet dit qu’il va nous donner des maisons pour trois mois, six mois. Et les enfants, après, ils font quoi ?»
Lundi, environ 200 personnes dont 150 gendarmes étaient mobilisées pour l’occasion, tandis que les opérations se déroulaient sans troubles. Plus de 500 policiers et gendarmes de France sont arrivés depuis courant avril pour mener à bien l’opération Wuambushu. La rédaction avec AFP
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