«Nous ne pouvons pas cautionner la décision de reprendre les expulsions entre Mayotte et Anjouan» En effet, ce serait se positionner contre le princip
DECLARATION DU GOUVERNEUR DE L'ILE AUTONOME DE NDZUWANI
L'opération Wuambushu à Mayotte met les équilibres de cet archipel à mal. Menée par l'Etat français sur notre sol, elle procède d'un chantage inexplicable, si l'on en croit les réactions récentes de notre président. le Colonel Azali Assoumani dans les médias français.
Nous ne pouvons cautionner en tous cas la décision de reprendre les expulsions entre Mayotte et Anjouan, en ce qui nous concerne. En effet, ce serait se positionner contre le principe de souveraineté du pays, en donnant tort à ce que le droit international nous accorde.
Toute déportation massive de population sur ce territoire est condamnable. La cour pénale internationale le stipule dans ses lois. Nous pensons donc que d'autres alternatives sont à trouver pour résoudre le contentieux qui nous lie à la France, à commencer par l'abrogation du Visa Balladur.
Pour rappel, la situation actuelle remonte au Visa Balladur. Avant 1995, date de sa mise en place, nous connaissions les limites d'une occupation, condamnée par des résolutions de la communauté internationale. Après 1995, nous avons vu s'installer la plus grande tragédie que ce pays ait jamais connue : plus de 20.000 morts, une haine entretenue entre des familles jadis proches, un éclatement de plus en plus pesant de la communauté d'archipel.
Nous pensons que la France, à l'origine d'un certain nombre de manquements à ses principes. a également les moyens d'assumer sa grande responsabilité dans ce qui nous arrive. Elle parle de trouver les moyens d'une coopération active avec les Comores, alors que les moyens d'une politique d'insertion à l'égard des enfants qu'elle a elle-même exclu de son système scolaire, avant de les faire grandir dans les rues de Mayotte, lui en coûteraient relativement moins.
Pourquoi cette France continue-t-elle d'agir ainsi ?
Cherche-t-elle le salut de ce pays ou court-elle après ses propres enjeux, au point d'en oublier le respect et la quiétude des autres ? La population comorienne a besoin de se reconstruire une destinée. A quelques mois des prochaines échéances électorales, elle ne peut se permettre de s'enfoncer dans une crise permanente et inattendue, malgré ses aspects factuels et immédiats.
Nous exigeons une réponse. Nous demandons par ailleurs que cette question française dans l'archipel soit ramenée dans les instances internationales. Nous pensons que notre présence à la tête de l'Union africaine devrait être l'occasion de relancer le débat à l'international, sous peine d'avoir d'énormes comptes à rendre aux générations futures de ce pays. La question de l'intégrité territoriale de ce pays doit absolument trouver des réponses tangibles et définitives.
Ce qui revient à poser la question de la décolonisation inachevée de l'archipel.
Anissi Chamsidine
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