L'arme fatale des oppresseurs : INSTILLER LE DOUTE. Le pétrole va-t-il permettre l'émancipation de l'archipel, ou sera-t-il à l'origine d'un regain du
L’arme fatale des oppresseurs : INSTILLER LE DOUTE
«
Je parle de millions d’hommes à qui on a inculqué savamment la peur, le
complexe d’infériorité, le tremblement, l’agenouillement, le désespoir, le
larbinisme
»
Ces mots de l’écrivain et homme politique martiniquais Aimé Césaire tirés du «
Discours sur le colonialisme » publié le 7 juin 1950 sont toujours d’actualité
en ce qui concerne le peuple comorien malgré son indépendance le 6 juillet
1975.
L’oppresseur obtient de l’opprimé, qu’il soit colonisé ou citoyen « libre »
d’une dictature, ces sentiments (peur, complexe d’infériorité, désespoir), ces
postures (tremblement, agenouillement) et ces comportements (larbinisme)
avilissants par la violence physique et les menaces mais aussi et surtout par
le DOUTE qu’il instille dans son cerveau.
L’opprimé a PEUR parce qu’il DOUTE de sa capacité à faire preuve de bravoure
même lorsque son existence sur terre se réduit à une équation simple : agir ou
mourir. Mourir les bras croisés ou se battre avec la possibilité, infime
soit-elle, de vaincre et donc de survivre.
L’opprimé a UN COMPLEXE D’INFÉRIORITÉ parce qu’il DOUTE de ses aptitudes et de
son potentiel, parce qu’il DOUTE de sa capacité à les exploiter pour vivre
dans la dignité et la tête haute face à son oppresseur.
L’opprimé TREMBLE parce qu’il DOUTE de sa capacité à faire face à l’adversité.
L’opprimé S’AGENOUILLE parce qu’il DOUTE de sa capacité à tenir debout, parce
qu’il DOUTE de la résilience de ses jambes.
L’opprimé est anesthésié par le DÉSESPOIR parce qu’il DOUTE de la victoire
promise à tous ceux qui mènent un combat juste.
L’opprimé est un LARBIN car il DOUTE de sa capacité à s’assumer et à vivre
indépendamment d’une tierce personne.
Le doute dispose d’un pouvoir anesthésiant plus fort que la violence physique
et les menaces. Ses effets peuvent continuer de s’exercer alors que
l’oppression a pris fin formellement, alors que le danger est loin. Le peuple
hébreu refusa d’entrer à Canaan, cette terre qui lui a été promise par Dieu
parce qu’il DOUTAIT de sa capacité à vaincre les Philistins qui l’habitaient,
parce qu’il DOUTAIT de la promesse de victoire donnée par ce Dieu qui l’avait
pourtant déjà sauvé des griffes de Pharaon et l’avait fait triompher de la
première puissance militaire de l’époque. Le peuple hébreu erra 40 ans dans le
désert avant de fouler la Terre Promise. La noyade de Pharaon et de ses armées
mit fin à des siècles de servitude des Hébreux auprès des Egyptiens mais ne
rompit pas tout de suite les chaines de leur asservissement mental. Il a fallu
40 ans d’errance dans le désert avant qu’une nouvelle génération se lève,
prenne de l’assurance et brise ces chaines invisibles, néanmoins paralysantes.
Nous sommes indépendants depuis le 6 juillet 1975 mais nous sommes toujours
asservis mentalement. Nous DOUTONS de la possibilité de vivre mieux que nos
frères et sœurs qui se complaisent dans la servilité. Nous errons dans le
désert depuis près d’un demi-siècle dans l’attente de ce jour où nos DOUTES
s’effaceront et où nous aurons le courage d’entrer dans ce monde de liberté et
de prospérité promis par Allah à ceux qui aiment leur patrie et qui se
conforment ainsi à cet enseignement du Prophète Mohamed, Paix et Bénédiction
d’Allah sur Lui : « hubul watwan minal iman (l’amour de la patrie fait partie
de la foi) ». Notre Terre Promise sera un havre de paix où le travail sera
valorisé. Il ne peut pas être ce pays fracturé, miné par la haine, qui vit au
rythme des hayassas et où des gens aptes pour le travail passent plus de temps
à palabrer et à jouer aux cartes et au mraha sur les places publiques qu’à
travailler la terre.
Le DOUTE s’installe dans nos esprits à mesure que notre pays s’enfonce dans
les bas-fonds de la misère. Des Comoriens de la partie indépendante de notre
archipel doutent de l’opportunité de notre indépendance. Ils sont persuadés
qu’un Etat indépendant aux faibles ressources et aux dimensions réduites est
condamné à vivre dans la misère et ne peut jamais rivaliser avec un territoire
qui bénéficie des subventions d’une grande puissance économique. «
Les Mahorais vivront toujours mieux que nous pour avoir choisi de demeurer
sous la tutelle de la France
» concluent-ils.
Il s’agit là d’une preuve évidente d’un complexe d’infériorité. Nous pourrons
faire MIEUX à Anjouan, à Mohéli et à la Grande-Comore que la France à Mayotte.
Les transferts de fonds en provenance de Paris et le concours apporté par
l’Union européenne à travers les fonds structurels ne constituent pas des
atouts indépassables pour Mayotte. L’île de la Réunion en bénéficie dans des
proportions beaucoup plus importantes et pourtant elle est surpassée par son
voisin, l’Etat souverain de Maurice.
Ces amis qui ne nous veulent que du bien vont plus loin dans leur dessein de
nous faire DOUTER de notre capacité à exploiter nos ressources pour pouvoir
nous tenir debout, la tête haute, dans le concert des nations. Ils nous font
DOUTER de l’existence même de ces ressources. Au début des années 70, ils
juraient la main sur le cœur que la Grande-Comore ne disposait pas de nappes
phréatiques. Le Prince Saïd Ibrahim, qu’Allah lui ouvre les portes du
Firdaous, ne les a pas cru et fit appel à la République Fédérale d’Allemagne
qui construisit alors le principal réseau d’adduction d’eau des Comores, qui
est alimenté par la nappe phréatique de Vouvouni au centre de la région de
Bambao en Grande Comore. D’autres nappes phréatiques seront découvertes et
exploitées dans cette île plus tard.
Aujourd’hui, ON nous fait DOUTER de l’existence de pétrole et de gaz dans
notre Zone Economique Exclusive (ZEE). C’est ainsi que Réunion la 1ère, chaine
de télévision et de radio appartenant au groupe France Télévisions, a publié
ce 19 mai un article intitulé « Comores : la ressource pétrolière
existe-t-elle ? »
La1ere.francetvinfo
L’entrée en matière de cet article ne visait moins qu’à assommer le lecteur
comorien « Les pétrodollars espérés, ont-ils définitivement disparu ? » fait
mine de s’interroger le journaliste. Ce dernier enfonce le couteau dans la
plaie en écrivant plus loin « Ce pétrole et ce gaz existent-ils et les
quantités sont-elles suffisantes pour installer des plateformes d’extraction
dans l’océan indien ? »
Sa conclusion n’est plus ni moins qu’un appel à la démobilisation des jeunes
comoriens qui souhaitent se former à l’exploitation pétrolière. Jugez-en par
vous-mêmes « Ces nombreux points d’interrogation, et l’incertitude qui en
découle, n’encouragent pas les jeunes Comoriens à se former à l’exploitation
pétrolière ».
La tonalité de cet article aux relents défaitistes tranche avec celle de
l’article publié le 5 juin 2018 par le journal réunionnais en ligne
Zinfos974.com sous le titre « Les Comoriens bientôt rois du pétrole ?
» Zinfos974
Le journal réunionnais a écrit ceci « L'archipel des Comores dort sur un lit
d'or noir, pas moins de 7 milliards de barils de pétrole, selon le résultat de
recherches dans les sous-sols sous-marins de la Zone Economique Exclusive
comorienne. L'immense nappe de pétrole et de gaz se trouve dans la zone des 12
miles nautiques fixée par la convention de l'ONU, et son exploitation revient
donc aux Comores.
Une découverte qui va vite changer la donne, l'argent du pétrole va
considérablement augmenter le PIB du pays, actuellement parmi les plus pauvres
du globe. La France peut demander sa part du gâteau, grâce à la possession de
Mayotte, mais celle-ci sera minime, l'essentiel du pétrole se trouvant au
Nord/Ouest de La Grande Comore...Les pétroliers vont se battre pour exploiter
la réserve, qui serait supérieure à celle du Qatar. »
Pourquoi ON veut nous faire DOUTER aujourd’hui de l’existence de pétrole et de
gaz dans notre Zone Economique Exclusive ? La journaliste Bérénice Alaterre
répond à cette question par deux interrogations dont les réponses sont
évidentes « Le pétrole va-t-il permettre l'émancipation de l'archipel, ou
sera-t-il à l'origine d'un regain du néo-colonialisme qui gangrène la vie
politique des Comores depuis leur indépendance ? »
RIEN et PERSONNE ne nous fera DOUTER de l’existence d’abondantes ressources
dans notre pays et de notre capacité à les exploiter un jour au bénéfice de
tous ses citoyens. Je conclus cet article en rappelant la parole de Dieu «
Sois donc patient, car la promesse d’Allah est vérité. Et que ceux qui ne
croient pas fermement ne t’ébranlent pas
» (verset 60 de la sourate 30 Ar-Rum)
Abdourahamane Cheikh Ali
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