« Wuambushu » à Mayotte : une opération au service des intérêts impérialistes de la France. Pour cette opération, l’État français a mobilisé des moyen
L’opération « Wuambushu » n’est pas seulement une intervention policière réactionnaire mais une véritable opération militaire. Son caractère colonial s'explique par la nécessité de « stabiliser » l'île de Mayotte, pièce maîtresse des intérêts de l'impérialisme français dans l'Océan Indien.
L’opération Wuambushu prévue pour le 22 avril par Gérald Darmanin à Mayotte se prépare. Cette opération de « décasage » consistera en la destruction de 10% de l’habitat informel de l’île ainsi que l’expulsion massive de populations comoriennes de l’île. Cette opération qui a tout d’une opération militaire et impérialiste a pour objectif le déplacement forcé de près de 24 000 personnes. Elle est notamment justifiée par le discours xénophobe et sécuritaire de l’État français et de ses relais réactionnaires comme la députée Estelle Youssouffa qui mettent sur le dos de l’immigration comorienne tous les maux de l’île.
Pour cette opération, l’État français a mobilisé des moyens policiers et militaires massifs en envoyant 1000 renforts policiers depuis la France et notamment des unités spéciales de police et de gendarmerie comme le GIGN, le RAID ou la CRS 8. Pourtant, plus qu’une opération policière exceptionnelle de chasse aux immigrés, l’opération « Wuambushu » doit être comprise dans le cadre des intérêts géostratégiques de la France dans la région. À partir de cette réinscription dans ce cadre plus global, « Wuambushu » peut être appréhendée et définie comme une véritable opération militaire de stabilisation de l’île de Mayotte visant le maintien des intérêts de l’impérialisme français.
Placé dans une région centrale de l’Océan Indien et au Nord du Canal du Mozambique, l'archipel des Comores a toujours été un enjeu militaire pour l’impérialisme français et un poste avancé de sa domination dans la région. Permettant à la fois faire valoir de ses intérêts dans le Canal du Mozambique et axe stratégique avec Djibouti et la Réunion, la domination de Mayotte assure à la France une position de « puissance de l’Océan Indien » face aux autres puissances internationales et aux États de la région. D’où l’enjeu pour l’État français non pas de « développer économiquement » Mayotte ou d’assurer la prospérité de la population mais plutôt de maintenir par la force et les armes une forme (précaire) de stabilité, alors que la population de l’île fait face à une situation extrêmement critique sur le plan social et économique.
Une base militaire essentielle pour la France dans la région
Mayotte est une clé géopolitique pour la France dans l’Océan Indien. Sa déstabilisation potentielle du fait de la crise sociale qui la traverse inquiète particulièrement l’impérialisme français et les élites mahoraises. Alors qu’elle se place comme « première puissance maritime » du sud-ouest de l’Océan Indien avec une place essentielle dans le Canal du Mozambique, son contrôle est un élément central de son approvisionnement en énergies fossiles et de contrats juteux pour l’entreprise Total.
En effet, côté pétrolier le canal voit passer 30 % des exportations mondiales de pétrole avec deux tiers du pétrole exporté du Moyen-Orient qui y transite. Côté gazier, des gisements importants intéressent la France et Total, qui sont déjà impliqués dans les projets (temporairement en suspens) de développement de projets d’exploitation au Mozambique ainsi que de potentiels projets entourant les Nosy Malagasy (Îles Éparses).
Comme le rappelle Pierre Caminade dans son ouvrage Comores-Mayotte : une histoire néocoloniale : « l’île de Mayotte se trouve ainsi au carrefour des problématiques de la politique africaine de la France et de sa politique...Lire la suite dans Révolution Permanente
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