Échec des politiques de la haine à Mayotte...La haine des Comoriens et des Anjouanais n’est qu’un tremplin utilisé par les opportunistes de tous poils
Échec des politiques de la haine à Mayotte...
Tout d’abord, nous voulons émettre une vive protestation à l’endroit de France 24 pour le débat organisé le jeudi 27 avril sur ses antennes concernant l’opération anti-comorienne et surtout anti-anjouanaise « Waumbushu » en cours à Mayotte, sans avoir invité aucun représentant de l’autre version.
Assurément, à part un dirigeant du Parti Socialiste, les 3 autres invités étaient à charge et leurs propos n’étaient pas de nature à contribuer à l’objectivité ni à la clarté d’un débat sur une question aussi passionnelle et dramatique impliquant la vie et la sécurité de milliers de gens.
France 24 voulait ainsi probablement ménager la susceptibilité du gouvernement qui par son action inconsidérée se met au ban du droit international, reconnaissant Mayotte comme partie intégrante des Comores.
La journaliste de France 24, a eu cependant la perspicacité de poser la vraie question qui vaille et à laquelle, nous allons essayer d’apporter notre éclairage. Il s’agit de savoir si « Waumbushu » va réussir et s’il s’agit de la bonne solution.
Si cette opération vise à éliminer la délinquance qui sévit actuellement à Mayotte, alors elle est vouée à l’échec ; car contrairement à ce que la député Estelle Youssoufa serine, il ne s’agit pas d’une délinquance importée des Comores où elle n’existe pas, mais d’une délinquance générée par les conditions économiques et sociales désastreuses qui sévissent à Mayotte, aggravées par une haine xénophobe et ségrégationniste à l’endroit des migrants en général. Et tant que ces conditions perdureront, ce phénomène de violence perdurera également.
Maintenant, si cette opération vise à arrêter et à faire disparaître l’immigration en provenance d’Anjouan et des autres îles vers Mayotte, alors c’est encore une vaine illusion pour ne pas dire une idiotie flagrante. Et il serait temps que nos frères Mahorais fassent preuve de lucidité et d’intelligence historiques.
Depuis l’indépendance des 3 îles et la sécession de Mayotte, la politique mahoraise était mue par deux axes : l’enracinement à tout prix à la France et la haine et le rejet des autres Comoriens, en particulier des Anjouanais.
Que s’est-il passé entre 1975 jusqu’aux années 80, à peu près ?
Mayotte était-elle assaillie d’immigrants des autres îles ?
Où allaient alors les Mahorais sinon à Anjouan ou à Ngazidja pour l’école ou se faire soigner ?
Il a fallu que la situation économique et sociale se détériore en particulier à Anjouan, causée entre autres par le centralisme d’État injuste, et les pouvoirs politiques hégémoniques antipopulaires successifs et que Mayotte commence à se développer bien plus tard pour que le sens des migrations se modifie.
Alors, il ne faut pas être dupes, le destin de cet archipel est lié, les îles peuvent être séparées politiquement mais l’appel de la vie est plus fort que tout : il ne peut y avoir de prospérité même de semblant qui n’attire la pauvreté et le désespoir.
La haine des Comoriens et des Anjouanais n’est qu’un tremplin utilisé par les opportunistes de tous poils pour accéder à des postes politiques et s’enrichir avant d’aller se la couler douce ailleurs, mais le problème « Mahorais » demeurera.
La vraie solution est ailleurs : il ne s’agit pas de crier et d’empêcher qu’un sou français ne profite à un Comorien et à un Anjouanais, il ne s’agit pas d’empêcher tout projet commun de la coopération régionale, comme c’est le cas souvent par cécité politique.
Au contraire, il faut faire en sorte que l’autre partie se développe sur le plan de l’économie, de l’éducation et de la santé etc. Afin que chacun puisse vivre chez-soi et ne se déplace chez l’autre que par choix et non par nécessité vitale.
Pourquoi empêcher l’importation à Mayotte de denrées en provenance d’Anjouan par exemple qui fixeraient des paysans et leurs familles dans leur île ?
Tout est fait en dépit du bon sens comme si Mayotte pouvait être tirée de l’autre côté de la Réunion ou vers la France, comme si Mayotte ne dépendait de son environnement géographique et politique et n’était affectée par le moindre soubresaut.
La France partira un jour et Mayotte restera toujours au même endroit.
Alors, il serait peut-être temps d’abandonner la politique de la haine qui a échoué et plutôt que de penser à tuer l’autre à tout prix, réfléchir enfin à des solutions à moyen et long terme en dehors des manigances idéologiques et politiques.
Car même au plus profond de la crise actuelle, qui oserait dire que l’économie de Mayotte ne repose pas en partie sur cette économie informelle invisible mais réelle entre les mains des migrants ?
« Waumbushu » en plus d’être une entreprise violente, xénophobe et inhumaine, n’est qu’un leurre qui masque les vrais problèmes de développement interne et régional.
Vive l’État souverain d’Anjouan !
Anli Yachourtu JAFFAR
28 avril 2023
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