Parlons santé avec le Dr. Monjoin. Commençons par l’urgence ressentie qui est.«Les urgences nécessitent une régulation par des professionnels avertis»
Parlons santé avec le Dr. Monjoin
Entre Urgence Vitale Et Urgence Ressentie
Entre les deux il y a tout un monde.
Commençons par l’urgence ressentie qui est la plus fréquente et qui revêt plusieurs cas de figure.
1er cas, le patient demande à voir un médecin de toute urgence pour un symptôme ou une gène qui perdure depuis plusieurs jours, semaines ou mois, et qui décide de sa prise en charge le plus rapidement possible. Sauf que pour le médecin, cela ne constitue pas nécessairement une urgence justifiant une consultation en pleine nuit, un jour férié ou devant être exécutée à la minute.
2ème cas, le patient ressent des symptômes inhabituels qui lui rappellent ceux d’un proche décédé avec ces symptômes-là. Dans ce cas, la consultation du médecin s’avère souvent miraculeuse. Celui qui se préparait à trépasser, ressort souriant du cabinet médical sans aucun traitement. Le médecin lui a expliqué qu’un symptôme n’est qu’un signe et qu’il faut un ensemble de signes pour définir une maladie.
Le 3ème cas est celui de bébé qui fait de la fièvre en pleine nuit, sans autre signe d’accompagnement. Dans ce cas la prise d’antipyrétique suffit à normaliser la situation dans l’attente du lendemain.
Passons maintenant aux urgences à caractère vital. Là, également plusieurs cas typiques. Auparavant je voudrais juste rappeler que chaque urgence se caractérise par son temps optimal d’intervention. Celui-ci varie entre quelques minutes et quelques jours. Quelques minutes pour certains troubles du rythme cardiaque qui peuvent empêcher un apport suffisant d’oxygène dans le cerveau. C’est le cas de certaines morts subites survenues sur les terrains de foot, le patient ne peut être sauvé que si le lieu public est équipé d’un défibrillateur dont l’usage est à la portée des secouristes.
Quelques heures pour certaines urgences chirurgicales ou infectieuses, par exemple les occlusions intestinales, les torsions du testicule ou les méningites à méningocoques, sans oublier les AVC et autres infarctus du myocarde.
Quelques jours pour certaines infections qui, pourtant, peuvent mettre en péril le pronostic vital comme les pneumopathies ou autres pyélonéphrites.
Pour revenir aux cas typiques nous allons distinguer :
1/ Les urgences à la portée du médecin. Toutes les conditions sont réunies pour une prise en charge optimale, tant pour le diagnostic que pour les conditions techniques et logistiques. Dans ce cas, le médecin a toutes les chances de sortir le patient de son mauvais pas.
2/ Les urgences « dépassées ». Il est déjà trop tard, le médecin peut s’acharner bien sûr, mais il se doit d’expliquer la situation sans heurter la famille. Souvent le médecin est appelé pour un patient en phase terminale ou en train de décéder ou même déjà décédé. Malheureusement c’est à ce moment que certaines familles décident de l’évacuation à l’étranger, et que les patients décèdent dès leur arrivée à destination ou même pendant leur transport.
3/ Un cas typiquement comorien, celui des ambulances qui roulent à tombeau ouvert toutes sirènes hurlantes : le plus souvent elles transportent des dépouilles mortelles. Peut-on parler d’urgence quand la personne est déjà décédée ?
En conclusion : les urgences nécessitent une régulation par des professionnels avertis, pour décider de l’intervention la plus appropriée. Et ce, en attendant la mise en place d’un service d’urgence ouvert 24h / 24 et accessible rapidement avec les moyens de transport appropriés. Je rappelle que la vocation première d’une ambulance est de transporter, dans les meilleures conditions, le patient vers le lieu de soins approprié.
Tout l’art de la médecine consiste à accorder l’urgence ressentie avec le diagnostic d’urgence du praticien, il n’appartient pas au seul patient de décider du caractère urgent de son état.
Dr. Mohamed Monjoin
Photo : Évacuation sanitaire de l’unique survivante du crash Yemenia en 2009 ©Paris Match
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