Le Âda, cette pratique coutumière est souvent associé, à tort ou à raison au grand mariage, bien que ce dernier n'en.Le Âda, l'inévitable contrainte !
LE ÂDA, L'INÉVITABLE CONTRAINTE !
Le Âda, cette pratique coutumière est souvent associé, à tort ou à raison au grand mariage, bien que ce dernier n'en serait qu'une composante parmi tant d'autres. Le débat sur sa raison d'être a toujours alimenté les palabres villageoises et continue de l'être aujourd'hui grâce à la démocratisation, par le Web des moyens de communication.
Pour ce débat si classic, à chacun de se positionner, soit pour, soit contre la pratique. Nous devons pourtant, je pense dépasser, aujourd'hui ces clivages et réorienter le débat vers de nouveaux champs de réflexions si profondes. Se poser, par exemple la question sur les valeurs que peut et doit nous transmettre le Âda. Cela permettrait, peut-être de percer encore plus le problème en profondeur, et en dégager des pistes plus lisibles sur les positions à prendre sur ce débat. Il serait alors important de, non pas définir le Âda, mais de se demander pourquoi le fait-on ? Pourquoi est-on contraint de le faire, même ceux qui l'ont le plus longuement critiqué ?
Parce qu'aucun peuple n'est sans culture
L'on se mettrait tous d'accord sur le principe que chaque peuple a sa propre culture, mais qu'avec l'évolution du temps et les révolutions techniques et technologiques successives, les cultures se sont, entre-temps et longuement entremêlées, s'elles ne se sont parfois pas piétinées.
Dans cette ambiance universelle, seules celles jugées plus puissantes en sortent haut-la-main, et expliquent le phénomène de monoculture. Le Âda ne ferait-il pas partie des spécificités comoriennes qui auraient résisté à ce phénomène mondial ?
Le Âda au secours du vivre-ensemble communautaire
On sait que la communauté agit en ton absence, par exemple lors d'un enterrement, qu'au village ou dans le quartier, les gens s'occupent naturellement des obsèques, les connaisseurs s'occupent du toilettage du défunt pendant que d'autres creusent la tombe... etc,.
On peut donc être à l'étranger, et voir ses tâches et devoirs assumés par les autres. Il y a là un besoin d'équilibre des dépenses et un soutien permanent pour maintenir cet ordre social. Dans ce sens, le Âda constitue alors une source de financement pour la coexistence et le vivre-ensemble communautaire.
Aussi, la communauté qui bitume les routes, construit, électrifie et qui entretient les espaces et voies publics, elle doit avoir les moyens moraux et logistiques pour continuer à agir dans ces nobles actions. Cette même société assume parfois même des rôles fondamentaux lorsqu'elle met en place des centres d'apprentissage, ou des endroits dédiés à la culture.
Le Âda, un dû fiscal ?
Pour raisonner en termes plus modernes, le Enda paraît ainsi comme une sorte d'impôt que tout le monde doit payer. Dans les sociétés modernes, payer son impôt est une obligation, une contrainte. Ne pas le faire c'est s'exposer à des recours juridiques (des amandes, de la prison), à des risques d'isolement et bannissement sociaux.
Dans une société comme la nôtre où les communautés s'organisent entre villageois et gens de quartiers, et où l'influence de l'Etat se fait moins ressentir, le Âda devient en quelque sorte ce prélèvement fiscal.
Le manque d'autorité centrale pour prélever cet impôt, le centraliser et en fixer les domaines, c'est-à-dire en définir les budgets, cela crée malheureusement l'anarchie que nous connaissons tous du Enda. Les conséquences sont terribles car ce qui aurait dû être prélevé comme impôt est consommé de suite. Cette épargne est très vite bouffée ou mal orientée. Or, en consommant l'épargne, les individus et la communauté reviennent à zéro. Ce qui est dangereux.
Le caractère contraignant du Âda s'explique alors par cette réalité fiscale idéalisée. Le fait de ne pas faire le Enda est considéré comme un défi aux logiques citoyennes vues de toutes ces raisons que nous venons d'évoquer. Dans ce sens, le banni le reste éternellement tant qu'il ne s'en acquittera pas...
Par Abdoulatuf Bacar
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