De chez nous, aux Comores où je vis depuis 2016 j’observe et j’écoute les discours, disons tous les discours d.« Essayez la dictature et vous verrez »
« Essayez la dictature et vous verrez », avait dit, un jour, Emmanuel Macron, président de la République française, en répondant à ceux qui le critiquent sur sa politique sociale dans la lutte contre la pandémie du Covid-19.
De chez nous, aux Comores où je vis depuis 2016 j’observe et j’écoute les discours, disons tous les discours des uns et des autres dont seul un, assez catégorisé retienne le plus mon attention : c’est le discours des Opposants politiques actuels, celles et ceux scandant aujourd’hui les slogans de la dictature aux Comores, mettant en avant l’exil comme étant leur issue pour pouvoir exister...
Dans la peau du président
A cette catégorie-là, le président Macron leur a aussi parlé. Dans la peau du président Azali Assoumani, j’aurais tenu ces mêmes propos du Chef de l’Etat français, en m’adressant à l’Opposition comorienne aujourd’hui.
Je les aurais tenus, oui pour appeler celles et ceux qui, depuis bien avant le 30 juillet 2019 ont durci leurs discours politiques, les orientant vers l’obscurantisme. Oui, dans la peau de Monsieur le président, j’aurais repris ces mêmes termes pour éclairer les opinions comorienne et étrangère sur les vraies et fausses dictatures aux Comores. J’aurais paraphrasé cette expression assez réfléchie du président Macron pour vous confirmer, chers lecteurs que des exilés comoriens, il n’y en a pas. Il y a des Comoriens qui, soit, ont fait le choix de vivre à l’étranger (Insulaires, on est de nature voyageur), soit, ils ont quelque chose à se reprocher, dans ce cas, le voyage leur sert de moyen pour échapper à la justice. Celles et ceux qui pensent incarner ce statut de réfugié sont dans un pire et digne jeu d’un mimétisme trompeur ou d’une arnaque intellectuelle.
Moustoifa Said Cheikh, quel gâchis!
Moustoifa Saîd Cheikh, personne ne pourra jamais lui enlever ses grandes valeurs d’homme intègre, de personnage emblématique de l’Histoire politique postcoloniale nationale. Cependant, nombreux sont ceux qui s’étonnent, aujourd’hui de le voir à la tête d’un gouvernement que l’on sait fantoche qui n’est ni anecdotique, encore moins symbolique. Quel gâchis ! Comment est-ce qu’il a pu être enfariné dans cette histoire de gouvernement en exil qui, de jour en jour, nous expose ses limites et les forts caractères individualistes des uns et des autres ? L’évènement du jour mais qui n’en fait pas un, c’est le « limogeage » de Me Larifou désormais ancien « Chef de leur Diplomatie ». Mais qu’a-t-on fait au bon Dieu ?
Pourquoi un gouvernement en exil ?
Dans l’Histoire de l’Humanité, on a connu et on connaît jusqu’alors des gouvernements en exil. La plus ancienne est la Rada en Biélorussie. Elle date de 1919. Au fil du temps, elle devient une importante organisation politique influente pour la diaspora biélorusse dans le monde. On peut citer aussi le gouvernement en exil sahraoui dit « République arabe sahraouie démocratique ». Ses revendications reposent, depuis 1976 sur la souveraineté totale du Sahara occidental.
Avec ces deux exemples, on peut esquisser des éléments de définition sur ce qu’est un « gouvernement en exil » ; c’est une structure politique se prenant pour la seule légitime à exercer le pouvoir dans un pays mais qui, pour X raisons, est contrainte à vivre à l’étranger. En ce sens, ledit gouvernement, son seul objectif fondamental est de conquérir le pouvoir. Et comment ?
Une Opposition qui s’aventure sans boussole
– Conquérir le pouvoir, oui, mais comment ? En étant d’abord très sincères, les uns envers les autres pour une cause déjà rationnelle et légitime. Or l’on peine à voir dans ce cas de Comoriens dits exilés quelque chose de sincère relevant de légitimité ; qu’en dire lorsqu’on sait que la majorité de ceux qui constituent ce groupe d’exilés et d’opposants avaient approuvé le processus électoral de 2019, présenté des candidats et avaient pris part, bien avant aux Assises nationales ? Doit-on leur rappeler encore et encore que les réformes institutionnelles ayant suivi 2019 ont été recommandées par ces Assises Nationales ? Que notre Opposition s’est toujours malmenée par les égos des uns et des autres dont le seul leitmotiv rime avec l’élimination de l’autre ? Comment interpréter expliquer les causes et interpréter la décision sur le « limogeage » de SEM le Ministre Larifou et les leçons que tirent le Ridja avec sa sortie médiatique, conséquences dudit limogeage ? Au-delà du débat sur la forme (une note signée par le président ?), il y a là le fond qui n’honore personne. Et si vous sonniez enfin la fin de la récréation !
Abdoulatuf BACAR
COMMENTAIRES