L'armée est-elle encore un pilier de la république ?
L'armée est-elle encore un pilier de la république ?
La forme de gouvernement des Comores d'Assoumani Azali est-elle encore une république ? Non, dans la mesure où, à compter de 2018, le pouvoir de l'État et nos libertés sont confisqués par un seul homme à qui, plus est, on prête la folle intention d'ériger sa famille en dynastie présidentielle.
Les Comores seraient ainsi logées à la même enseigne que les Nord-coréens et le Gabon où la succession du pouvoir se fait sur une base héréditaire. Force est de mettre la puce à l'oreille à ceux qui jusqu'aujourd'hui n'ont pas compris les visées despotiques du colonel Azali à travers le nouveau dialogue antinational. Il s'agit non seulement de légitimer la prolongation abusive de son mandat jusqu'en 2024, mais aussi de poser les jalons de la transmission du pouvoir à son fils.
Dans cette situation, qu'attend l'AND pour rétablir l'ordre républicain et remettre les institutions à l'endroit ? Tant qu'à faire, entre Azali et le peuple, envers qui l'armée se doit de faire preuve de loyauté ? Rappelons que si dans le serment qu'elles ont prêté, les forces armées se sont engagées à respecter la hiérarchie militaire et politique, cette subordination ne peut être valable que dans le strict respect de la constitution, de la loi et des droits des citoyens comoriens.
Il est hors de question qu'elles se transforment en vassaux corrompus à la solde d'un dictateur. Plutôt que de céder à leur politisation et à l'obéissance aveugle d'Assoumani Azali et des membres de sa famille, nos forces armées seraient bien inspirées d'intervenir incessamment pour restaurer la légalité constitutionnelle et l'alternance démocratique. Face à un gouvernement dont les manquements graves constituent une menace existentielle pour la nation et ses intérêts supérieurs, l'armée ne peut, sauf haute trahison, que sauver son honneur.
Par Youssouf Boina, ancien SG du parti UPDC
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