Des membres d’un mouvement de la diaspora comorienne de France sont arrivés à Moroni aux Comores depuis samedi passé.
Des membres d’un mouvement de la diaspora comorienne de France sont arrivés à Moroni aux Comores depuis samedi passé.
Mabedja, du nom de cette organisation composée essentiellement de jeunes indignés, se définit comme un mouvement de libération nationale qui veut « lutter aux cotés de la population pour rétablir l’État de droit » et « faire améliorer les conditions de vie de la Comorienne et du Comorien ».
Nous avons interrogé le ministre de l’intérieur Mohamed Daoudou, célèbre sous le surnom de Kiki.
Question : Des Comoriens de la diaspora de France réunis autour du mouvement Mabedja qui se définit comme un mouvement de libération nationale se trouvent à Moroni depuis le week-end dernier pour « lutter aux côtés de la population... ». Quel accueil le gouvernement leur réserve-t-il ?
Mohamed Daoudou : Je pense que c’est à leurs familles respectives que vous devez poser la question concernant leur accueil mais pas au gouvernement. Car c’est des Comoriens comme tant d’autres qui vivent à l’étranger et tous sont libres de venir chez eux.
Question : Si l’on se fie aux réactions sur les espaces d’expression en ligne, Mabedja semble obtenir une large adhésion populaire. Cela n’inquiète-t-il pas le gouvernement ?
Mohamed Daoudou : Je vous pose la question : est-ce qu’on doit s’inquiéter parce que des Comoriens sont arrivés chez eux ? Comme tout le monde le sait, le gouvernement œuvre pour améliorer les conditions de vie de la population sous la clairvoyance du président Azali. C’est là que résident nos préoccupations.
Question : Vous conviendrez avec moi que des Comoriens de France qui décident de se rendre aux Comores pour mener une lutte citoyenne est un fait rare. Peut-on dire que ce régime a touché le fond au point de mettre la diaspora, généralement réservée, dans une colère noire ?
Mohamed Daoudou : On ne peut pas dire que le gouvernement a "touché le fond" parce que des Comoriens résidant à l’étranger ont décidé de venir aux Comores. Ce n’est pas la première fois que cela arrive. Vous savez combien des Comoriens de la diaspora sont venus aux Comores ces trois derniers mois ? Ils se comptent par milliers.
Question : L’ancien ministre des affaires étrangères El-Amine Soeuf, qui est votre ami d’ailleurs, a toujours revendiqué le droit de manifester, sans succès. Le peuple a toujours été bâillonné à coup d’arrêtés préfectoraux et d’arrestations systématiques. Est-ce que les Mabedja doivent s’attendre au même sort ?
Mohamed Daoudou : Il n’y a jamais eu d’arrestations systématiques, mais selon des faits qui sont avérés. Je rappelle que nous sommes en démocratie, que la liberté d’expression est le fondement même de la démocratie et que la liberté de manifester est garantie par des lois qui la régissent.
Par ailleurs, le peuple s’est toujours exprimé en respectant le droit et les lois de la République établis depuis des années. Je rappelle, à ce propos, que nous ne faisons qu’appliquer les mêmes règles et dispositifs que d’anciens ministres et autres responsables gouvernementaux et publics, parfois aujourd’hui à l’opposition, appliquaient lorsqu’ils étaient aux affaires.
Donc si ce mouvement est enregistré et que c’est une organisation qui se respecte, il doit pouvoir respecter les lois de la République. Evidemment, on ne peut pas tolérer des débordements ou des tentatives de déstabilisation qui risquent de porter préjudice à la marche régulière des affaires de l’Etat et d’empêcher la population de vaquer à ses occupations.
Je rappelle, enfin, qu’en cette période de crise sanitaire les rassemblements sont interdits et que pour ceux qui sont autorisés il y’a, comme partout, de nouvelles règles et des jauges auxquels tout le monde doit s’en tenir. Chacun se doit, donc, de prendre ses responsabilités. C’est une nécessité.
Propos recueillis par Toufé Maecha / La Gazette des Comores de ce lundi 23 août
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