75° AG de l’ONU : confinement dans l’abîme ou saut vers le salut Depuis la chute du mur de Berlin en 1989, la mondialisation libéral...
75° AG de l’ONU : confinement dans l’abîme ou saut vers le salut
Depuis la chute du mur de Berlin en 1989, la mondialisation libérale s’est étendue à la planète entière. Le capitalisme triomphait en grande pompe. Le marché, rien que le marché, tout pour le marché, marché régulateur et boussole. La généralisation de l’internet haut débit à la fin des années 1990 et les bonds technologiques autour de la numérisation, en particulier la maîtrise grandissante de l’intelligence artificielle ont accéléré le processus. Car désormais les transactions financières se déroulaient à des vitesses électroniques et couvraient pratiquement tous les points du globe. La panoplie des offres de services digitaux s’amplifie à une vitesse vertigineuse.
Malheureusement l’idylle fut de courte durée. La dynamique du profit maximum réduit l’homme à une simple ressource au service du capital, accroît le pillage et le gaspillage des ressources naturelles et accuse les inégalités entre pays pauvres du Sud et pays riches du Nord. La richesse se concentre de plus en plus et son corollaire la pauvreté s’aggrave tout autant. Apparaissent dans les pays du Nord des « travailleurs pauvres » à coté des millions de chômeurs. Des couches sociales jusqu’ici préservées, se retrouvent touchées, minées et plongent dans l’insécurité sociale.
Résultat, des voix commencent à s’élever au Nord contre le réchauffement climatique, la disparition des espèces, l’épuisement des ressources naturelles, etc. Des luttes radicales contre la misère quotidiennes émergent ébranlant les socles des « démocraties occidentales ».
Au Sud, particulièrement en Afrique, les nouvelles générations s’éveillent à la conscience de l’exploitation et de l’oppression de leurs pays et commencent à se révolter contre les dominations néocoloniales et leurs suppôts locaux. Les mécanismes de la domination impérialiste sont décortiqués et démontés : politique d’influence pour placer aux postes de direction des fantoches réduisant le leadership africain à du servilisme et à de la mendicité, accords militaires, franc CFA, assassinats politiques, instrumentalisation des institutions internationales, etc.
Cette mondialisation semblait devoir se poursuivre, couverte par les professions de foi des hauts dirigeants du monde et les innovations des experts internationaux à l’imagination débordante dont il est difficile de lister les « créations » PAS, DSRP, PPTE, GENRE, FRACTURE NUMÉRIQUE, etc.
Mais voilà que des éléments viennent bousculer la donne et pousser vers une remise en cause de cet ordre mondial gouverné par la loi du plus fort et les deux poids deux mesures.
L’hégémonisme américain qui régnait sans partage sur le monde depuis l’implosion de l’URSS voit émerger des concurrents sérieux. La Russie, malgré son recul, se refait peu à peu une place et aspire à jouer un rôle de superpuissance. Mais c’est l’immense Chine qui surgit et qui avec son taux de croissance frappe à la porte de la première place au détriment des USA. L’Union Européenne commence à s’interroger et il y a fort à parier sur son émergence en tant que superpuissance, au moins sur le plan économique. On peut aussi penser qu’il faudra aussi compter avec une Inde en pleine expansion, forte de son milliard et quelques d’habitants.
Reste l’Afrique, le continent le plus riche et le plus pauvre, le continent pillé sans vergogne, le continent humilié (« des pays de merde » selon Trump). Si des voix surgissent sur les scènes africaines, si le panafricanisme retrouve des couleurs, les classes dirigeantes coupée des peuples, uniquement préoccupées par l’enrichissement personnel s’accommoderont encore pour longtemps de leur situation de « nègres de maison » dans leurs pays dominés, soumis à des intérêts étrangers.
On est donc en droit de s’interroger sur les perspectives : un pas en arrière vers l’affrontement de superpuissances et la guerre froide ? Deux pas en arrière vers une guerre mondiale de rapine pour une redistribution-partage des ressources mondiales ou un grand pas en avant vers la fin des lois de la jungle dans les relations internationales ? L’Afrique encore terrain de jeux des prédateurs comme on le voit depuis plusieurs siècles ou prise en main de sa propre destinée par une nouvelle génération de dirigeants patriotes capables de s’imposer ?
La tendance la plus probable pousse vers un affrontement entre les superpuissances et cela mènera inévitablement vers l’abîme ! Existe-t-il néanmoins une autre alternative ? Un sursaut est-il possible ? Il faut l’espérer et y travailler.
Une lueur d’espoir vient des USA. Du président Trump. Ses grossièretés jettent une lumière crue sur l’iniquité de l’ordre mondial en cours. Chacun peut mesurer la nocivité des affrontements entre superpuissances. La guerre commerciale USA-Chine impacte la vie de tout le monde. Le diplomatique qui enrobe les crimes contre l’humanité a pris des coups avec les twits de Trump. Si jusqu’ici, les USA avaient réussi à préserver son bloc l’OTAN, avec Trump, la situation change. Les pays occidentaux subissent ouvertement l’arrogance américaine, sont traités en simple pays sous influence, ce que les pays dominés vivent depuis des lustres et cela leur est insupportable.
Illustration via quelques extraits du discours du président français à l’AG de l’ONU. ([elysee.fr]) « le monde tel qu'il est aujourd'hui ne peut pas se résumer à la rivalité entre la Chine et les États-Unis….. nous ne sommes pas collectivement condamnés à un pas de deux qui, en quelque sorte, nous réduirait à n'être que les spectateurs désolés d'une impuissance collective…. nous ne déléguerons pas notre sécurité collective à d'autres puissances qu’à l’Europe…. déstructuration de l'ordre contemporain …multilatéralisme...La grammaire de la paix et de la stabilité est à redéfinir parce que les lignes ont profondément bougé à la faveur de la crise, mais au fond bien avant elle….. le respect des droits souverains des peuples, la consolidation des États de droit et de leurs moyens d'action, l'exigence et la responsabilité pour assurer la mise en œuvre effective des décisions actées sous l'égide des Nations unies…un ordre international contemporain qui permettra de tenir les générations futures à l'écart du fléau de la guerre, d'affirmer les droits de l'homme et l'égalité entre les nations, de favoriser le progrès social dans une liberté plus grande. »
La prise de position est claire. Reste à savoir si on va agir comme DEGAULLE qui ferraillait pour l’indépendance de la France tout en manœuvrant sans scrupules pour torpiller les indépendances des pays sous la férule française. M.Macron respectera-t-il les nombreuses résolutions de l’ONU sur la question de l’île comorienne de Mayotte ? Engagera-t-il une négociation sur le fond de la question avec toutes les parties prenantes ?
L’Europe comprendra-t-elle la nécessité d’un front uni avec ce qu’on appelait le tiers monde, en particulier avec l’Afrique ou les puissances moyennes continueront de malmener les moins puissants et à renforcer l’emprise d’une extrême droite internationale qui est entrain de triompher.
Le multilatéralisme préconisée sera-t-elle limitée au groupe des superpuissances.
L’autre lueur nous vient de la pandémie du covid-19. Elle a mis en relief l’unité des Terriens. Elle a stigmatisé le système économique et social qui considère l’homme et la nature comme des ressources, qui met au rabais les fonctions les plus nécessaires à la vie et porte aux nues le superflu.
Lors du confinement des analystes espéraient que la pandémie allait servir d’électrochoc, de sonnette d’alarme et initierai une nouvelle dynamique. Des chefs d’État de certaines puissances nourrissaient cet espoir mais finalement on a l’impression d’un retour de bâton. Pour preuve les licenciements massifs pour sauver des entreprises, le retour vers l’obscurité des métiers de base salués hier, etc. Au contraire les tendances nationalistes progressent sous couvert d’assurer la sécurité stratégique de certains pays.
Comment comprendre cet absence de débat de fond sur l’avenir du monde ou est-ce notre « éloignement » qui nous le fait croire ?
Idriss (05/10/2020)
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