Covid-19 : LA LEÇON MALGACHE Après le Sénégal, la Tanzanie et d’autres pays du continent, les Comores se préparent à réceptionner ce ...
Covid-19 : LA LEÇON MALGACHE
Après le Sénégal, la Tanzanie et d’autres pays du continent, les Comores se préparent à réceptionner ce mardi son lot de Covid-Organics, le remède malgache à base d’Artémisia contre le coronavirus. Face à la folle pandémie, qui bouderait toute potion traditionnelle ou pas qui sauverait des vies ?
En temps de « guerre » même si le terme est sorti de la bouche des politiques et non des scientifiques qui s’en tiennent à celui plus approprié de « crise sanitaire », l’instinct de survie prend le dessus sur tout le reste. Comme l’a martelé le président malgache lundi sur France 24, « pour le moment notre remède guérit les malades du coronavirus et nous n’avons pas de morts ».
Cela devrait suffire pour accepter de l’essayer. Le professeur Didier Raoult ne disait pas autre chose lorsqu’il défendait sa biothérapie à base de hydroxy chloroquine, même si l’expert de stature mondiale avait plus d’arguments scientifiques à faire prévaloir. Mais dans un cas comme dans l’autre, ayons l’humilité de laisser ce débat aux spécialistes mais gardons la lucidité d’admettre que derrière ce bras de fer, il y a des intérêts en jeu. Et ils ne sont pas seulement financiers mais bel et bien politiques, puisqu’il y va du jeu des puissances qui dominent le monde depuis des siècles. Une réalité qui ne changera pas avec le Covid-19.
Il faut donc dépasser ce terrain scientifique pour retenir au-delà du débat sur les effets de « la tisane », le sens politique de ce qu’on pourrait appeler la leçon malgache. Par son « remède », l’un des pays les plus pauvres du monde a réussi le défi inattendu de l’opportunité d’une crise mondiale pour montrer aux yeux du monde qu’il n’y a pas de fatalité. Que l’on peut inverser les grilles de lecture du discours de domination en remettant en cause ses critères de classification des pays.
En brandissant son Covid-Organics, Madagascar bouscule le concept de richesse tel qu’il est défini à partir des besoins des puissants de ce monde et fait prévaloir sa propre conception d’une richesse puisée dans le génie que chaque peuple tire de sa connaissance de son environnement naturel et de son histoire. Avec sa bouteille de Covid-Organics, le jeune président malgache veut prouver à sa manière le « Yes we can » de l’autre. Refusant ainsi cette culture de la dépossession qui a fait des pays dits du Sud, des nations assistées, subissant « l’Occidentalisation du monde » comme une fatalité.
Enfin avec son onction, le président malgache a réussi ce que ses nombreux homologues du continent ont échoué, à faire de la mobilisation contre le coronavirus, un moment historique de communion de peuple comptant sur ses propres moyens et d’exaltation d’une nation malgache portée par sa ferveur patriotique.
Par Eddine Mlivoidro - Titre ©La rédaction
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